8. Les fictions policières européennes, entre le global et le local

Plan du chapitre

David Lagercrantz, Millenium 4. Ce qui ne me tue pas

Au début des années 2000, avec la démocratisation du Web et le passage à la télévision numérique, le panorama audiovisuel se modifie : on peut recevoir dans toute l’Europe des milliers de programmes selon différents modes de réception (TNT, câble, satellite ou ADSL). Face à l’hégémonie culturelle et médiatique américaine, l’Europe s’organise et produit ses propres fictions policières : les scandinaves sont le moteur de ce renouveau. La série romanesque Millenium de Stieg Larsson et ses adaptations cinématographiques danoise et américaine, lancent la tendance du Nordic noir.

Lilyhammer. Still cold ice

Les canaux de diffusion se multiplient avec l’arrivée de la VOD en Europe par le biais de plateformes telles que Netflix qui proposent des vidéos destinées à des publics-cibles. Ces plateformes produisent aussi parfois leurs propres contenus selon une logique postfordiste : produire localement des fictions destinées à la fois à un public de niche et à un public international attiré par un folklore dépaysant.

Nele Neuhaus, Muttertag

Si la fiction policière devient un phénomène médiatique et commercial global, on observe néanmoins la permanence de certaines pratiques culturelles qui valorisent les imaginaires locaux : c’est notamment le cas de la veine du Country noir en France qui, après la crise économique de 2008, s’intéresse aux marges rurales et aux oubliés de la mondialisation. On trouve aussi un regain des phénomènes d’édition de romans régionaux comme le polar breton, le polar italien et son régionalisme truculent ou encore le regionalkrimi allemand qui s’appuie sur les identités de ses Länder.

Dark

Polar européen et régionalisme
Le polar redéfinit les aires culturelles régionales européennes : on parle de Nordic noir mais aussi de noir Méditerranéen, qui regroupe des auteurs français (Jean-Claude Izzo), italiens (Massimo Carlotto), espagnols (Víctor Del Árbol) ou grecs (Pétros Márkaris) et qui a son propre prix littéraire, décerné depuis 2018 par le Centre Méditerranéen de Littérature. Certaines étiquettes régionalistes valorisent un polar encore plus pittoresque et touristique, comme le polar breton, porté par les éditions quimpéroises Bargain ou le Regionalkrimi allemand.