2. L’avocat

Plan du chapitre

Terrasse de l'auberge du clou

1890

1890

22 janvier : Gaston Leroux prête le serment d’avocat devant la première Chambre de la cour d’appel de Paris. Évoquant cette époque, Séverine, journaliste à Paris-Soir, écrira dans le n°1948 du 4 février 1929 : « Je l’avais connu au Palais où, tout jeune avocat, il était mon collègue à la presse judiciaire. Sa timidité à la barre égalait sa myopie ; hors du banc de la défense, c’était le plus gai des boute-en-train. […] Aussi l'aimait-on unanimement, ce petit bonhomme rondelet, rougeaud, aux jolis yeux brillants derrière le lorgnon ; au nez renifleur, au geste court, à la barbe et aux cheveux frisés comme d'un antique et couleur de châtaigne mûre, justifiant l'ascendance de son patronyme à une ou deux générations près. »

A l’époque où il fait profession d’avocat, alors qu’il vient d’hériter d’un million or de ses parents, la légende rapporte que sa passion pour le poker et un investissement dans une cargaison de cuir et peaux venant de Norvège qui devait sombrer en mer l’aurait ruiné en moins de six mois…

 

Leroux délaissera définitivement la robe d’avocat en 1893.
Novembre : Voyage en Italie.

1891-1892
Rencontré à l’Auberge du Clou, repaire des écœurés du Chat Noir situé à L’Âne Rouge, au n°28 de l’avenue Trudaine à Montmartre, Robert Charvay, dramaturge et nouveau responsable des échos à… L’Écho de Paris, engage Leroux comme secrétaire et le fait entrer au quotidien. Il y débute en rédigeant des échos en forme de sonnets – payés quatre sous le petit vers – dont le premier est consacré à la comédienne Réjane qui joue Sapho au Vaudeville. Il dédiera à Charvay Le Mystère de la chambre jaune.

Un homme dans la nuit

1894-1899

1894

Janvier : Compte rendu pour le journal Paris du procès de l’anarchiste Auguste Vaillant (il avait lancé une bombe lors d’une séance de la Chambre des députés et sera condamné à mort). Son travail lui vaut une offre de collaboration du quotidien Le Matin. Le 28 avril, Leroux rendra compte dans Le Matin de la condamnation à mort de l’anarchiste Émile Henry pour un attentat similaire commis au Café Terminus le 13 février.
8 février : Admis au sein de l’Association de la presse judiciaire parisienne.
Août : Devant les assises du Rhône, compte rendu du procès de l’anarchiste Santo Caserio pour l’assassinat du président de la République Sadi Carnot le 24 juin.

 

1895
13 janvier : Décès d’Henri Édouard Leroux au domicile de Gaston Leroux, 38 rue de Maubeuge à Paris. Frère cadet de Gaston, il n’avait que 25 ans. Ses obsèques auront lieu le 16 janvier à l’église Notre-Dame-de-Lorette.
14 mars : Interview exclusive à Londres du duc Philippe d’Orléans, son ancien condisciple au collège d’Eu, désormais prétendant au trône de France en exil et actif chef de file des partisans d’une nouvelle Restauration. L’entretien est publié à la une du quotidien Le Matin.
Octobre-novembre : Procès à sensation à Bourges du marquis de Nayves, accusé d’avoir assassiné un fils illégitime. Se faisant passer pour un anthropologiste invité à visiter les prisons du Cher, Gaston Leroux parvient à s’entretenir avec lui dans sa cellule alors que le prisonnier est placé au secret absolu. Il sera acquitté. Ce procès est l’occasion pour lui d’exprimer ses doutes sur le fonctionnement de la justice : « Tels furent les jurés. C’est presque avec épouvante que l’on constate la diversité des opinions et, quelques fois, le manque d’opinions ; c’est avec terreur que l’on s’aperçoit, en face de l’urne d’où sortent les bons et les mauvais numéros, que la justice criminelle n’est rien d’autre qu’une loterie. » (Le Matin du 8 novembre 1895).

 

1897
17 avril : Écrit en collaboration avec son frère Joseph, sous les pseudonymes de « MM. Larive et Jo », Le Turc au Mans, pièce-revue en un acte chanté, est jouée au théâtre de la Gaîté-Montparnasse. Donnée comme un succès dans Le Matin du 18 avril, la pièce est en réalité un échec.
17 août : En compagnie de cinq autres journalistes, il accompagne le président Félix Faure lors d’un voyage officiel en Russie.
5 décembre : Signé Gaston-Georges Larive, son premier roman-feuilleton, Un Homme dans la nuit, commence à paraître dans Le Matin. Il s’agit d’une histoire de vengeance qui débute en Amérique et se poursuit à Paris pour un final dramatique inspiré de l’incendie survenu au Bazar de la Charité le 4 mai de la même année. Une version remaniée de ce roman paraîtra sous son nom en édition in-12 chez Arthème Fayard le 15 juillet 1911.

 

1898
7 au 23 février : Gaston Leroux suit l’intégralité du procès d’Émile Zola pour diffamation à l’issue duquel l’auteur de « J’accuse ...! » est condamné à un an de prison et 3 000 francs d’amende.

 

1899
10 mai : Mariage avec Marie Lefranc, de cinq ans son aînée, à la mairie du 9e arrondissement de Paris. Le couple habite à deux pas, au n°9 de la rue Say. Cette union est un échec et ils se séparent après seulement quelques mois.
Août : Compte rendu du procès en révision à Rennes du capitaine Alfred Dreyfus. En désaccord avec la direction du Matin, Leroux est écarté et s’exile à Villiers-sur-Morin pour y retrouver ses amis artistes montmartrois et se livrer à l’un de ses passe-temps préférés : la pêche à la ligne. À propos de cette passion plus bucolique que productive, son vieil ami Gaston Stiegler écrira dans L’Illustration du 26 septembre 1908 : « Une de ses distractions favorites est la pêche à la ligne. Les bons endroits lui sont familiers, les cachettes où se retire le poisson. […] Contrairement aux pêcheurs ordinaires qui se targuent de leurs kilogrammes de perches, de carpes et de brochets à casser tous les fils, il avoue avec ingénuité qu’il n’a jamais rien pris, mais que la rêverie est douce sous les saules, parmi les hautes herbes vertes, près des petites marguerites blanches, au milieu des insectes bourdonnant dans les rais de la lumière filtrée par le feuillage, sur les bords du Grand-Morin. »

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