Visits / Au Tribunal / Grands procès / Pétain /

Procureur Mornet

L’appariteur annonce : “Monsieur le procureur de la République”. À chaque audience, il lance ces syllabes avec une rituelle solennité. Puis il traverse la salle entre les bancs de la presse. Le procureur, à vingt pas, le suit. Le grand collet d’hermine couvre sa robe rouge, et le cordon de la Légion d’honneur s’étale sur l’hermine comme du sang dans la neige. » Léon Werth, Impression d'audience, Paris, Viviane Hamy, 1995, p. 129.

L’accusation du procès Pétain est menée par le procureur général Mornet, « véritable spécialiste de la trahison » qui a déjà fait preuve de ses talents contre les espions de la Première Guerre mondiale comme Mata Hari.

Sa bonne réputation est rapportée dans son dossier administratif « Un magistrat de premier ordre, aussi complet comme administrateur que comme orateur et jurisconsulte, laborieux, vigilant, sagace et prudent ». Sa doctrine est claire « la trahison matérielle est moins grave que la trahison morale qui a pour but de porter atteinte à la résistance, à l’énergie, aux forces morales du pays » (B. Vergez-Chaignon)

Sa « mauvaise réputation », de « magistrat assermenté à Pétain », de volontaire pour siéger au procès de Riom fut mise en cause à de nombreuses reprises notamment par les avocats de la Défense. Son choix de se focaliser sur le complot (depuis les années 30) et la trahison (le 10 juillet 1940) firent de « Vichy » le grand absent du procès.