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Histoire des prisons de Paris - De la Bastille à Fresnes

Les anciennes prisons de Paris au XIXe siècle

Christian Carlier, Catherine Prade, Marc Renneville

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Cette exposition virtuelle a été conçue en lien avec l'exposition "L'impossible photographie-Prisons parisiennes. 1851-2010" Elle a été réalisée par Criminocorpus en partenariat avec le Musée Carnavalet-Histoire de Paris, la Direction de l'administration pénitentiaire, le Musée de l'Histoire vivante de Montreuil et la bibliothèque privée Philippe Zoummeroff. Voir l'article lié à l'exposition

La Bastille, prison d'État

Source : Élévation de la Bastille. Gravure de Biosse (sdnl). © Musée de l'Histoire vivante de Montreuil. Château fort et arsenal construit au XIVe siècle, la Bastille fut transformée en prison d'État par Richelieu. Sa prise le 14 juillet 1789 devint le symbole de la Révolution. Le 14 juillet 1790, la "fête de la Fédération" célèbra en grande pompe le premier anniversaire de l'insurrection. Depuis la loi du 6 juillet 1880, la fête nationale de la République française est fixée au 14 juillet, en référence à la fête de la Fédération, jugée plus consensuelle que celle de la prise de la Bastille.

Vue de la Bastille

Source : "Vue derrière les fossés du faubourg Saint Antoine à l’instant où l’on se disposait à en former une attaque de ce côté". Aquatinte imprimée en couleur, par Pernet. © Musée de l'Histoire vivante de Montreuil. L'assaut de la Bastille ne permit de libérer que quelques prisonniers de droit commun et des détenus sur lettre de cachet. Envisagée par Louis XVI et réclamée dans plusieurs cahiers de doléances, la démolition de ce symbole de l’absolutisme commence dès le 14 juillet, à l'initiative de l'entrepreneur en maçonnerie Pierre-François Palloy, qui en est officiellement chargé le 16 juillet 1789. Les pierres furent reprises comme matériau de construction ou transformées en objets souvenirs. Déplacés au XIXe siècle, quelques vestiges restent visibles à l'extrémité du boulevard Henri IV (4e arrondissement).

Le donjon du Temple

Source : Anonyme. Médaillon d'environ 6 cm de diamètre. © Musée de l'Histoire vivante de Montreuil. Ce donjon fut construit au XIIIe siècle par les Grands Maîtres de l'Ordre des Templiers. La tour principale carrée de 15 m de côté était surmontée d'une toiture conique en ardoise. La façade nord comprenait une construction moins élevée dite "La Petite-Tour". Elle comprenait un rez-de-chaussée et trois étages faisant chacun une pièce unique avec, en son centre, un pilier de soutènement. L'ensemble était situé à l'emplacement actuel de la rue Eugène Spuller, entre la mairie du IIIe arrondissement et le square du Temple. À la fin de l'Ancien Régime, la Petite-Tour était habitée par l'archiviste de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et de Malte. Lieu de détention de la famille royale du 13 août 1792 au 17 décembre 1795, lieu probable de la mort du dauphin, le Temple devint une prison d'État sous le Directoire. Elle fut notamment le lieu de détention de l'amiral Sydney Smith (qui s'en évada en mai 1798), de Toussaint-Louverture (en 1800), du général Pichegru (il y meurt étranglé en 1804), du capitaine Wright (qui s'y suicide, en 1805). Si le donjon n'a pas fait longtemps office de prison, son histoire est lourdement chargée, liée à celle de la Révolution. Napoléon décide de s'en débarrasser pour éviter qu'il ne devienne un lieu de mémoire pour les royalistes. En 1808, la prison est vendue par adjudication. Elle est démolie en 1810.

La prison du Temple

Source : Salle 106. Exposition permanente. © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. En 1792, la fuite du roi, repris à Varennes, entraîne le 10 août la chute de la monarchie. Berthélémy, l'archiviste occupant la Petite-Tour, est évacué ; son appartement et son mobilier réquisitionnés. Louis XVI et sa suite sont installés dans le grand donjon dans la nuit du 13 août 1792. Les commissaires du roi occupent le rez-de-chaussée. Le premier étage est réservé au corps de garde. Le deuxième étage est occupé par le roi, le dauphin et son valet de chambre. Au troisième étage sont installés la reine, Madame Royale, Madame Élisabeth et le couple Tison faisant office de domestiques. Le musée Carnavalet a rassemblé dans cette pièce des meubles et des objets témoins de la captivité de la famille royale au Temple : le lit et la petite table à pelotes de Madame Élisabeth, un morceau du couvre-lit de la reine, une table de chevet, une coiffeuse, un jeu de parquet, un miroir, un rouet de table, une paire de fauteuils cabriolet, deux chaises à la lyre...

Plan du Grand Châtelet

Source : Copie réduite d'un grand plan manuscrit sans date, dessiné sur parchemin (vers 1680). © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. L'édifice du Grand Châtelet faisait face au Pont-au-Change, à l'emplacement actuel du Théâtre du Châtelet. L'ancienne "vallée de misère" marque sur ce plan le début de l'actuel quai de la Mégisserie. La façade du Grand Châtelet donnait sur la rue Saint-Denis. Forteresse sous Louis VI le Gros, il devint sous Philippe Auguste le siège de la prévôté de Paris. On compte, parmi les détenus célèbres du Grand-Châtelet, le poète Clément Marot (qui y composa en 1526 son Enfer), le bandit Cartouche (en 1721), l'empoisonneur Desrues (en 1777). La prison voisine du Petit-Châtelet (située à l'actuelle place du Petit Pont) fut évacuée puis détruite en 1782, par ordre du roi (ordonnance du 30 août 1780). Les détenus furent transférés à la nouvelle prison de la Grande Force (voir plus loin).

Le Grand Châtelet

Source : Dessin de Thomas-Charles Naudet (Réserve). © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. Cette composition est l'oeuvre du peintre paysagiste Thomas-Charles Naudet (1773-1810), élève d'Hubert Robert. Prise au nord-ouest, elle met en scène le petit marché de plein vent qui se tenait sur la place Apport-Paris à laquelle aboutissait la rue Saint-Denis. L'ambiance de cette scène de vie populaire contraste avec la réputation des prisons, visibles à l'arrière-plan gauche. En voici une description, faite en 1776 par un magistrat : « Le grand et le petit Châtelet, que leur solidité semble mettre à l'abri des outrages du temps, sont encore plus horribles et plus malsains [que For L'Évêque]. Leurs bâtiments n'ayant pas d'ouverture extérieure, ne reçoivent d'air que par en haut; ce qui n'établit pas un courant, mais seulement une colonne d'air à peine suffisante pour ne pas étouffer. Ils ont, au reste, les mêmes inconvénients que le For-L'Évêque, c'est à dire que l'enceinte est trop petite, ainsi que le préau, les murs trop élevés et les cachots souterrains, pour le moins aussi horribles » ("Projet concernant l'établissement des nouvelles prisons dans la capitale" par un magistrat, 1776. Cité par C.A. Dauban, Les prisons de Paris sous la Révolution..., Paris, Plon, 1870, p. 4-5).

Le Grand Châtelet

Source : Point de vue de la rue Saint-Germain l'Auxerrois mettant en valeur la façade principale orientée au nord. Lithographie Henri Morin - Barousse. © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. Cette représentation est plus proche de la réputation de l'édifice. Dans la partie droite se trouvaient les tribunaux et la morgue. Disposées sur le flanc gauche, les salles de détention pouvaient détenir jusqu'à 370 prisonniers. Le Grand Châtelet abritait ainsi à la veille de la Révolution la plus importante prison intra-muros. Ses geôles avaient une sinistre réputation, entretenue par la sévérité de la justice prévôtale et l'insalubrité des lieux. Les pièces basses étaient constamment infiltrées par les eaux de la Seine. À la différence des détenus indigents astreints au régime des "pailleux", les prisonniers ayant les moyens de payer une détention "à la pistole" bénéficiaient d'un traitement lié à leur rang social et surtout à l'état de leur fortune. Ils étaient placés dans des chambres communes aux étages, avec un lit et une nourriture améliorée.

Massacre des prisonniers au Châtelet, le 3 septembre 1792

Source : Dessin à l'encre noire, lavis gris. © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. La détention de la famille royale au Temple, les défaites de Longwy (23 août) et de Verdun (29 août) alimentent à Paris la rumeur d'un « complot des prisons ». Les détenus contre-révolutionnaires chercheraient à s'évader, à libérer le roi et à égorger les patriotes pour offrir Paris à l'armée prussienne. En réaction, les sans-culottes forcent les portes des prisons pour juger de manière expéditive les « traîtres » à la nation. 1 300 détenus furent exécutés du 2 au 6 septembre 1792. Les prisons du Châtelet comptaient encore 269 prisonniers. Près de 220 d'entre-eux furent tués.

Destruction du Châtelet

Source : Vue de la démolition du Grand Châtelet an X (1802). © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. La démolition du Grand Châtelet a débuté en 1802. Elle s'est achevée en 1810. La place qui lui a succédé fut agrandie de 1855 à 1858. La fontaine centrale dite "du palmier" est une oeuvre de François-Jean Bralle commandée par Napoléon. Elle fut édifiée dès 1808. Le théâtre du Châtelet date de la période de la grande transformation de Paris entreprise sous l'égide du préfet Haussmann. Il a été construit par Gabriel Davioud (1824-1881). Il fut inauguré le 19 août 1862. Le théâtre de la Ville qui lui faisait face, construit par le même architecte, fut détruit le 25 mai 1871 lors de la semaine sanglante de la Commune. Il fut reconstruit avec une façade identique en 1874.

Plan des prisons de la Grande Force (1782-1850) et de la Petite Force (1785-1850)

Source : © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. L’hôtel de La Force avait son entrée 2 rue du Roi de Sicile et bordait toute la rue Pavée actuelle. Embelli pendant tout les XVIIe et XVIIIe siècles par le duc de Caumont La Force et les financiers Pâris, il fut transformé en 1780 par l’architecte Giraud en une maison de détention destinée à remplacer le For l’Evêque. Cette prison prit le nom de "Grande Force". Trois ans plus tard, Louis XVI ordonna la fermeture de la prison Saint-Martin et prescrivit qu’ « elle soit remplacée par un établissement dépendant de l’hôtel Lamoignon et attenant à l’hôtel de la Force auquel cet établissement serait réuni. » On affecta la partie de l’hôtel Lamoignon touchant à la Force à une prison dont l’entrée était 22 rue Pavée. Ce fut la "Petite Force". Cette prison réservée aux femmes, distincte de la Grande Force, avait son concierge propre et ne communiquait avec sa voisine que par le chemin de ronde commun et par les égouts.

La Petite Force : façade

Source : gravure, imprimeur Beillet et Forestier, quai de la Tournelle 35. © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. L'entrée de la Petite Force était située 22 rue Pavée. Le portail du bâtiment d’entrée à un niveau était dû à Pierre Desmaisons (1711-1795), architecte du roi.

La Petite Force : cour intérieure

Source : gravure, imprimeur Beillet et Forestier, quai de la Tournelle 35. © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. Ouvert en 1782, l'Hôtel de la Force garde dettiers, vagabonds et déserteurs, ainsi que des petits délinquants. Son organisation suit les principes théoriques de la « bonne prison » : elle possède plusieurs cours de promenade et des quartiers de détention permettant de séparer les détenus selon leur sexe et leur catégorie pénale. Elle abrite en outre une chapelle et une infirmerie. La Petite Force se conforme aux mêmes principes mais dans un espace bien plus réduit, destiné à la seule réclusion des femmes.

Prison de la Grande Force : entrée (1841)

Source : Rue saint-Antoine et rue des Ballets. Imprimeur Beillet et Forestier, quai de la Tournelle 35. © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. Vue de la prison de la Grande Force, de la rue saint-Antoine. On distingue sur ce dessin le premier bâtiment de l'entrée de la prison et les étages supérieurs du bâtiment de détention, séparé de l'entrée par un chemin de ronde ici invisible. La rue des Ballets (parfois orthographiée "des ballays") desservait l'entrée de la prison de la Grande Force. Elle débutait à angle droit de la rue Saint-Antoine et ouvrait à gauche sur la rue perpendiculaire "du roi de Sicile". Elle fut prolongée et renommée rue "du sous-lieutenant Malher" (actuelle rue Malher) en mémoire du militaire tué sur les barricades le 24 juin 1848, "pour la défense des lois et de la République" (extrait de l'arrêté présidentiel du 27 mai 1849).

La Grande Force et la borne sur laquelle fut décapitée la princesse de Lamballe

Source : Dessin de M. Polémon père, greffier de la Force en 1808. Imprimeur Beillet et Forestier, quai de la Tournelle 35. © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. La distinction entre la Grande et la Petite Force cessa d’être observée à partir de 1792. On distingue sur ce dessin des gardes dans la rue du roi de Sicile qui longe l'entrée et la façade sud de la Grande Force. Cette voie étroite portera le nom, de 1792 à 1799, de "rue des droits de l'Homme". Pendant les « massacres de septembre », la prison renfermait Mme de Tourzel et sa fille, trois femmes de chambre de la reine Marie-Antoinette, et la princesse de Lamballe qui avait été transférée du donjon du Temple à la Force le 19 août. Elle fut sauvagement assassinée le 3 septembre après un simulacre de procès au sein de la prison, son corps inhumé dans le cimetière de l’hospice des Enfants trouvés faubourg Saint-Antoine, et sa tête promenée au bout d’une pique jusqu’au donjon du Temple puis au Palais Royal. La prison de la Force continua à recevoir des détenus politiques relativement bien traités mais le régime de la Terreur s’instaura en mai 1794 et des dizaines de prisonniers furent guillotinés par ordre de Fouquier Tinville.

Grande Force. Cour intérieure (1827)

Source : Rue du roi de Sicile. Imprimeur Beillet et Forestier, quai de la Tournelle 35. © Musée Carnavalet - Histoire de Paris. De 1817 à 1821, l’architecte des prisons du département L. P. Baltard reprit la distribution des bâtiments des deux prisons : il aménagea des petites chapelles, des bains, des égouts et des fosses d’aisances. Des devis de travaux furent signés en 1839 par le préfet Rambuteau mais la décision de destruction fut votée le 10 septembre 1840, en même temps que le principe de la construction d'une nouvelle prison, boulevard Mazas. La fermeture de la prison de la Grande Force fut effective le 26 mai 1850. La démolition se poursuivit pendant l’année 1851. Des pans de murailles sont toujours visibles à l’arrière des bâtiments de la caserne de pompiers, rue de Sévigné et rue Pavée. L’actuelle rue Mahler traverse l’emplacement des deux prisons.

La prison des Madelonnettes

Source : Tableau de Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Salle 116. Exposition permanente. © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Fondé au XVIIe siècle pour accueillir les "pécheresses repenties", le couvent des Filles de la Madeleine retenait aussi les filles et les femmes par voie de lettre de cachet et accueillait les filles ayant prononcée des voeux. Les conditions d'hébergement tenaient compte de ces différentes catégories de pensionnaires. Le couvent était bordé au nord par la rue Neuve-Saint-Laurent (actuelle rue du Vertbois), à l'est par la rue Sainte-Élizabeth, à l'ouest par la rue de la Croix (actuelle rue Volta). L'entrée était au sud, 6-12 rue des Fontaines (actuelle rue des Fontaines-du-Temple). Fermé en 1790, le couvent fut transformé en prison pour hommes (1793) puis pour femmes (1795). En 1831, toutes les détenues furent transférées à Saint-Lazare. En août de la même année, ce lieu qui avait été pendant la Restauration une maison de refuge pour enfants accueillit de nouveau 400 enfants regroupés dans des quartiers « d’épreuve », de « réforme » et de « punition ». Les mineurs furent ensuite transférés en 1836 à la Petite Roquette, et la prison des Madelonnettes redevint une prison pour hommes, succursale de la Grande Force. Le premier décret d’expropriation date du 23 août 1858, mais le transfert des derniers prisonniers pour la nouvelle maison d’arrêt de la Santé ne se fit qu’en 1867, un an avant sa démolition. Il subsiste un pan de mur en saillie 6 rue des Fontaines du Temple. Le lycée Turgot occupe l'emplacement de l'ancienne prison.

La prison de Sainte-Pélagie

Source : Vue de l'entrée à l'angle de la rue du Puits-de-l'Ermite et de la rue de la Clef. Tirage sur papier albuminé. Hippolyte Auguste Collard (1878). © Collection privée Philippe Zoummeroff. À la fin du XVIIe siècle, des dames charitables de la noblesse de robe avaient ouvert derrière l’hôpital général de la Pitié un refuge ou Maison de bonne volonté pour prostituées repenties et femmes veuves désireuses de se retirer du monde, et une maison de force pour femmes enfermées par lettre de cachet sur ordre du roi, comme elles l’étaient à la Salpêtrière toute proche. Le nom de Sainte-Pélagie donné à cette fondation faisait référence à celui d’une prostituée d’Antioche qui avait été touchée par la grâce divine et terminé ses jours dans la pénitence et l’austérité la plus stricte. La Révolution conservera le nom de Sainte–Pélagie sur la façade de la maison. Le couvent était situé derrière le Jardin des Plantes. Il occupait le quadrilatère formé actuellement par la rue de la Clef, la rue Lacépède, la rue Quatrefage et allait jusqu’à l’actuelle place du Puits de l’Ermite.

Prison de Sainte-Pélagie : dortoir

Source : Dortoir à 7 lits. Photographie de Pierre Emonts (juillet 1889) n° 981-B.71. Tirage sur papier albuminé. © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. En 1792, la Convention s’appropria les bâtiments du couvent des religieuses de Sainte-Pélagie pour les transformer en une maison de correction destinée à recevoir des condamnés correctionnels à moins d’une année, des dettiers et des jeunes de moins de 16 ans, condamnés, vagabonds ou placés en détention par mesure de correction paternelle. La prison était divisée en plusieurs quartiers disposés autour de quatre cours. En 1823, l’architecte Baltard fut chargé de reconstruire un corps de bâtiment pour accueillir le greffe, une infirmerie à l’étage, une chapelle et un mur d’enceinte du côté de la rue de la Clef. Le 15 février 1831, un arrêté publié érigea Sainte-Pélagie en prison politique divisée en trois quartiers : au nord, le quartier de la dette, dont l’entrée était rue de la Clef ; au centre, le quartier de la détention pour les condamnés de droit commun à de courtes peines, et au sud, le quartier neuf des politiques et des jeunes avec une entrée distincte rue du Puits-de-l’Ermite. Entre ces bâtiments, deux cours plantées d’arbres et pavées, dont l’une, située entre la Dette et la Détention était séparée en deux par l’ancienne chapelle. Il y avait deux guichets séparés, deux concierges et deux greffes. En 1834, les 200 dettiers enfermés dans le corridor de la Dette (bâtiment de trois étages) furent transférés à la prison de Clichy.

Sainte-Pélagie : chambre à la pistole (vers 1835)

Source : "Chambre du détenu philosophe". Dessin de Victor Adam. Album de Sainte-Pélagie (dette). © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Le quartier politique, dit le « Corridor rouge », situé au premier étage du bâtiment qui faisait face à la « cour du milieu », se composait de 23 chambres de petite superficie, au premier étage. Les détenus y vivaient - en théorie - seuls, le mobilier était celui d’une chambre de pistole. Et la fête battait parfois son plein, comme l'illustre ce dessin tiré d'un album rare du dessinateur Victor Adam (1801-1866) comprenant douze lithographies (L'écrou, chambre du détenu malheureux, chambre du détenu philosophe, les élections, le cabinet de lecture, le cabaret, le café, le repas dans la cour, les jeux dans la cour, le bain du créancier, la paie, la sortie du détenu).

Sainte-Pélagie : visite aux jeunes détenus dans la chapelle

Source : Le duc de *** [Mathieu Montmorency] lavant les pieds et distribuant les aumônes aux jeunes prisonniers, le Jeudi Saint. Cette vue tirée d'une série illustrant des "modèles de vertu" a pour épigraphe "J'étais en prison et vous êtes venu me consoler (Saint-Mathieu, 25.36)". Lithographie (vers 1820). © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dans le bâtiment neuf, une aile était réservée aux prévenus de délits de presse, de complots contre la sûreté de l’État et aux prévenus de délits politiques de toutes sortes. La seconde partie du bâtiment neuf devait héberger « les mômes », prévenus et condamnés en vertu de l’article 66 du code pénal de 1810. À la fin du second Empire, on y enfermait aussi des prévenus pour affaires de commerce, des adultères, et des condamnés à une année de prison ou moins. Après la fermeture de la prison pour dettes de Clichy en 1867, une partie de l’établissement fut réaffectée aux dettiers envers l’État et les particuliers. Depuis le 1er janvier 1894, Sainte-Pélagie recevait aussi au 2e étage les condamnés de simple police : cochers, hôteliers, chanteurs ambulants, marchands de contremarques sur qui pleuvaient les contraventions pour deux ou trois jours. Sainte-Pélagie fut désaffectée par une délibération du conseil municipal du 25 décembre 1894. Les détenus furent transférés à la maison d’arrêt de Fresnes ouverte le 2 août 1898. La démolition débuta dans le courant de l'année 1899.

Saint-Lazare : le ravitaillement des prisonniers (1794)

Source : Tableau d'Hubert Robert (1733-1808). Salle 107. Exposition permanente. © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Érigé en lieu et place d'une ancienne léproserie, le couvent fondé par saint Vincent de Paul et où il mourut en 1660, fut transformé en prison au XVIIIe siècle. Elle ne contenait pas plus d'un cinquantaine de détenus à la veille de la Révolution. Elle fut mise à sac le 13 juillet 1789. Elle fut réouverte en 1791 puis accueillit spécifiquement les femmes en 1794. La prison Saint-Lazare était à la fois maison d’arrêt, de justice, de correction et d’éducation correctionnelle pour les jeunes filles détenues par voie de correction paternelle. Elle accueillait des prévenues et des accusées de délits et de crimes, des condamnées à l’emprisonnement de moins d’une année, des détenues pour dette envers l’État, des prostituées privées de liberté par jugement ou décision administrative qui étaient confinées dans l’infirmerie ou dans la prison. Elle servait aussi de maison de détention municipale pour les mineures arrêtées en flagrant délit de prostitution sur la voie publique, d’hospice pour syphilitiques et de maison hospitalière. En 1836, on y hébergea les filles publiques jusqu’alors internées aux Madelonnettes.

Saint-Lazare : vue d'ensemble

Source : Carte postale. © Collection privée Philippe Zoummeroff. Vue de la façade est mettant en valeur l'entrée de la prison, 107 rue du faubourg Saint-Denis. La prison s'étendait à l'ouest jusqu'à la rue d’Hauteville. Elle était délimitée au sud, par la rue de Paradis, et au nord, par la rue de Chabrol et le passage de la Ferme Saint-Lazare (ici visible à droite de la photo).

Saint-Lazare : première cour d'entrée

Source : Carte postale. "Vue des voitures cellulaires au départ et conduisant des détenues au Palais de Justice" © Collection privée Philippe Zoummeroff. « On y pénètre par une massive porte cochère, devant laquelle on s'arrête volontiers pour voir entrer ou sortir les voitures cellulaires conduisant les prisonnières, sur lesquelles cette porte se referme aussitôt. Pénible spectacle qui se produit plusieurs fois par jour ! Ce sont, le matin, les prévenues qui vont être jugées dans la journée et que l'on transporte au Palais de Justice ; les filles soumises ou insoumises publiques, ramenées, pour divers motifs, au dispensaire ou au bureau des mœurs, quai de l'Horloge. Ce sont, le soir, les mêmes filles ou de nouvelles qui vont à Saint-Lazare, les condamnées pour y subir des peines judiciaires ou administratives, les malades pour se faire soigner à l'infirmerie spéciale.[…] Ces voitures, une fois entrées dans la cour de l'administration, vont se ranger devant la porte du guichet central, au fond à droite. » (Eugène Pottet, Histoire de Saint-Lazare (1122-1912), Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1912, p. 32-33).

Saint-Lazare : la deuxième cour et la chapelle

Source : Carte postale. © Collection privée Philippe Zoummeroff. La prison était divisée en trois quartiers : le quartier judiciaire ou première section réservée aux détenues de droit commun, le quartier administratif ou deuxième section pour les filles publiques, l’infirmerie pour les malades, notamment les personnes atteintes de maladies vénériennes. Dans la première section, une centaine de cellules étaient réservées aux jeunes détenues et à un certain nombre de condamnées. Ces cellules, dans le quartier dit de « la ménagerie », étaient munies de barreaux et de grilles qui n’empêchaient ni le froid ni les odeurs. Les cloîtres servaient de dortoirs. Dans la seconde section, le rez-de-chaussée comportait les cuisines, les salles de préparations pharmaceutiques, les bains, surmontés de deux étages d’infirmerie. Les mêmes salles servaient de dortoir, de réfectoire et d’ateliers. Sous les combles, un dortoir d’une centaine de lits était réservé aux « filles soumises ». En 1868, on compta 992 femmes détenues. Par ailleurs, étaient installés à Saint-Lazare la lingerie, la boulangerie des prisons de la Seine et le magasin général pour l’approvisionnement en vêtements et chaussures de l’administration pénitentiaire.

À la prison Saint-Lazare : une lettre

Source : L'Illustration, n° 3076, 8 février 1902, première page. © Collection privée Philippe Zoummeroff. Les images insérées dans l'article publié en 1902 sur Saint-Lazare par le journal L'Illustration sont des dessins « clichés » : la première page du journal met en scène la morale incarnée par la surveillante soeur de Marie-Joseph porteuse d'une bonne nouvelle tout en consacrant la femme détenue dans son rôle de mère aimante, en posture de repentance, sinon de Madone, heureuse avec son enfant dans les bras. Cette vue illustre le quartier des nourrices. Il en va tout autrement de la mise en scène - en page intérieure - de la cour de promenade, qui met en premier plan des détenues qui ne portent d'autre costume pénal qu'un bonnet noir, autrement dit : les prostituées de la deuxième section.

Saint-Lazare : la promenade

Source : L'Illustration, n° 3076, 8 février 1902, p. 85. © Collection privée Philippe Zoummeroff. « Les jugées [femmes de la première section] sont les femmes inculpées de crimes ou de délits qui sont passées devant les tribunaux : de retour à Saint-Lazare, elles sont vêtues d'une robe bleue ; elles ont un fichu à petits carreaux bleus et blancs, sont coiffées d'un bonnet marron et portent une ceinture en gros treillis bleu avec boucle de cuivre. Quelques-unes sont gardées à Saint-Lazare comme auxiliaires. Dans ce cas, elles ont le même costume, mais elles mettent une ruche à leur bonnet. » (E. Pottet, Histoire de Saint-Lazare..., op. cit., 1912, p. 41). Les détenus de la deuxième section n'ont pas de costume et portent un simple bonnet noir. C'est dans cette section que se trouve les prostituées et les « vénériennes » : « Que de physionomies différentes présentent ces filles ! Certains en cheveux, raccrocheuses des boulevards extérieurs, d'autres coiffées de chapeaux à plumes, couvertes de pelisses l'hiver, de vêtements élégants l'été : ce sont les habituées des grands cafés et des restaurants de nuit ; il y a aussi les pauvres filles des maisons dites de tolérance et celles des maisons de rendez-vous; des filles à cheveux blancs, de jolies ou d'affreuses vendeuses d'amour. » (ibid., p. 42-43)

Saint-Lazare : arrivée d'une détenue au greffe

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. Le studio Henri Manuel (1847-1947) a réalisé un grand nombre de photographies dans les prisons de France entre la fin des années 20 et le début des années 30. Ces photographies ont été réalisées dans le cadre d'une commande de l'administration pénitentiaire jusqu'ici mal élucidée. Un grand nombre de ces clichés ont été reproduit dans la presse de l'époque, particulièrement dans Détective et Police magazine, qui publie en 1931-32 une série d'articles de Jeanne Humbert (1890-1986) consacrés au "pourrissoir Saint-Lazare". Si de nombreuses photographies sont à l'évidence des scènes "posées", l'ensemble constitue un témoignage de premier plan sur des établissements par nature fermés aux regards extérieurs.

Saint-Lazare : visite médicale à l'infirmerie

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire.

Saint-Lazare : détenues à l'infirmerie avec le personnel médical

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. Paru dans Police magazine, n° 50, 8 novembre 1931 avec la légende : "La salle de pansement à l'infirmerie de la prison de Saint-Lazare (H.M.)", et dans un journal non identifié "On démolit enfin Saint-Lazare, la Maison Maudite"

Saint-Lazare : Détenues au réfectoire sous la surveillance des religieuses

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. Il existe plusieurs prises de cette scène montrant qu'il y avait au moins deux opérateurs travaillant avec un appareil monté sur pied et un à main.

Saint-Lazare : l'atelier de couture

Source : Tirage sur papier albuminé. Hippolyte Auguste Collard (1875). © Collection privée Philippe Zoummeroff. « Les condamnées de seize à vingt et un ans sont réparties un peu au hasard dans tous les ateliers, mais employées de préférence dans l'atelier de couture à la mécanique, occupation qui exige de bons yeux et une certaine vigueur. Dans cet atelier l'activité du travail, auquel on a le droit de contraindre les détenues et le bruit incessant des machines opposent peut être un certain obstacle aux communications constantes. » (Othenin d'Haussonville, « L'enfance à Paris », Revue des Deux Mondes, 15 avril 1879).

Saint-Lazare : portrait de soeur Léonide

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Sœur Léonide de l'ordre des sœurs de St Joseph est née à Coupia (Aveyron) en 1853. C'est en 1871, pendant la Commune, qu'elle devint surveillante à la prison de Saint-Lazare. Elle est promue Officier de la légion d'honneur en 1931, dans l'exercice de ses fonctions (d'après Vu, 15 avril 1931). Henriette Maîtrejean, dite "Rirette", militante anarchiste, a été incarcérée à Saint-Lazare en mars 1912 lors de l'instruction de braquage de la rue Ordener (21 décembre 1911), menée dans le cadre de ce que l'on appellera bientôt l'affaire de "la bande à Bonnot". Elle livra dans ses souvenirs un portrait de soeur Léonide : "Sœur Léonide paraissait terrible. Elle avait le verbe haut, le geste cassant. C'était toujours elle que l'on appelait dans les cas où l'ordre était sérieusement troublé. Cela advenait quelquefois. Elle arrivait, la cornette en bataille, l'œil fulgurant, et je vous prie de croire qu'elle ne mâchait pas ses mots. A sa venue, l'effroi entrait dans le cœur des plus audacieuses. Personne ne songeait à lui tenir tête. Et le calme revenu, elle se retirait à reculons, telle un dompteur sortant de la cage aux fauves. Mais un jour qu'elle n'avait pas refermé la porte assez vite, je vis son visage s'éclairer d'un bon et clair sourire ; bonne sœur Léonide !" Rirette Maîtrejean, Souvenir d'anarchie, Quimperlé, 2005 (1913), Ed. La Digitale, p. 53-54.

Saint-Lazare : atelier des matelassières

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. Paru dans Détective, n° 54, 7 novembre 1929 avec la légende « La cave où se confectionne les paillasses et les matelas », dans Police magazine, n° 53, 29 novembre 1931 avec la légende « Détenues occupées à la réfection des matelas (H.M.) et Jeanne Humbert, Le pourrissoir Saint-Lazare, 1932. « L'atelier des matelas […] le plus dur des ateliers de Saint-Lazare, mais aussi celui où l'on gagne le plus » (Géo Bonneron, Les prisons de Paris, 1898) Le 21 décembre 1912, le conseil général de la Seine adopta le principe de la reconstruction de Saint-Lazare et de la Petite Roquette à Pantin. La guerre survint avant que cette question fût résolue. En 1927 et 1928, on décida la destruction des bâtiments compris entre la chapelle et le faubourg Saint-Denis. La prison fut fermée en juillet 1932 et la démolition effective entre 1935 et 1940. Les bâtiments subsistants (dont la chapelle, visible au fond du square Alban-Satragne) appartiennent aujourd’hui à l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris.

Le palais de justice et la conciergerie

Source: Cliché Neurdein (1911) © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Le palais de justice de l'île de la Cité abrite encore au XXIe siècle, les plus anciens lieux de détention de Paris. Première résidence des rois de France, le palais de justice est intimement lié à l'histoire de l'enfermement. Aménagée initialement dans le donjon du Palais, la prison n'enfermait que les justiciables du ressort du bailliage du Palais. Elle devient, à partir du XVe siècle, une prison du Parlement, faisant office d'annexe du Grand-Châtelet lorsque ce dernier était suremcombré. La charge de "concierge" (directeur de la prison) fut longtemps une fonction à la fois honorifique et rémunératrice.

Conciergerie : escalier d'entrée

Source : Vue de l'escalier de l'ancienne salle des Gardes. Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. Image publiée dans Police magazine, n° 88, 31 juillet 1931, p. 8. Le nom de Conciergerie désigne à la fois l’ensemble des salles gothiques et une partie du quartier de détention. La Conciergerie, à la fin du XVIIIe siècle, servait de prison à la fois aux détenus politiques et aux prisonniers de droit commun. Elle communiquait avec le Dépôt et la Souricière au moyen d’un corridor souterrain ouvrant au fond de la détention par une grille de fer.

Conciergerie : ancienne salle des Gardes (XIIIe siècle)

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. L'ancienne salle des Gardes a servi, de 1825 à 1914, de vestibule d'entrée à la prison. Le greffe était dans le quart sud-est de cette pièce. C'est au-dessus de cette pièce que siégeait sous l'Ancien régime la Grand Chambre du Parlement et, à partir du 6 avril 1793, le Tribunal révolutionnaire.

Conciergerie : entrée de la détention

Source : À droite, de la porte de la détention se trouve la porte du bureau du directeur. H. Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. Les travaux d’aménagement pour l’emprisonnement cellulaire furent terminés par l’architecte Louis-Joseph Duc (1802-1879) en novembre 1864. Il y avait 76 cellules sur deux étages, dont 74 occupées par les détenus et deux par les gardiens célibataires. Trois cellules doubles recevaient quatre à cinq détenus. La cellule 37, capitonnée, servait de cachot ou de cellule de punition. Elle accueillait aussi les détenus agités ou suicidaires. La première cellule double accueillait les condamnés à mort après le prononcé de leur condamnation, avant leur transfert à la Grande Roquette. Le promenoir comprenait dix préaux, fermés par des portes munies de jours vitrés, et séparés en deux rangées par un couloir couvert où circulaient les gardiens. Le parloir des avocats, au rez-de-chaussée de la « Tour d’argent », se composait de trois petites pièces au parquet ciré, équipées d’une table, d’une chaise et d’un tabouret de paille. Les parloirs ordinaires comprenaient deux rangées de 16 cases placées en face l’une de l’autre et séparées par un couloir grillagé de 90 centimètres de large, dans lequel déambulait un gardien. Chaque détenu était placé dans une case en face de son visiteur, sans possibilité de le toucher ou de communiquer.

Conciergerie : cour intérieure dite "cour des femmes"

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. Cette cour était l'ancien jardin du logis du roi. Une variante de cette photo a servi d'illustration de carte postale sur laquelle on pouvait lire, en légende : "Les fenêtres du fond sont celles des cachots où furent enfermés Mme Récamier, Charlotte Corday, Mme Roland, Mlle de Sombreuil, Mme du Barry. Sous Louis-Philippe, le prince Louis-Napoléon (Napoléon III) fut incarcéré dans un de ces cachots avant sa condamnation à mort par la chambre des Pairs."

La conciergerie : couloir et coursive

Source : Henri Manuel (1929-1931). © Direction de l'administration pénitentiaire. En septembre 1897, des travaux étaient en cours pour aménager un nouveau quartier cellulaire. Quelques cellules étaient réservées aux femmes accusées traduites en cour d’assises. Fin 1898, un nouveau quartier cellulaire fut inauguré, ce qui porta à 140 le nombre total de cellules. Image publiée dans Police magazine, n° 88, 31 juillet 1932 avec cette légende : "Quelques jours avant son procès, Gorguloff a quitté sa cellule de la Santé pour être transféré à la Conciergerie. L'assassin du président Doumer a semblé plutôt affecté de ce changement. Il préférait certainement son ancienne cellule à celle qu'il dût occuper pendant toute la durée du procès et qui se trouve dans la galerie représentée par notre photo (H.M.)" Le monument de la Conciergerie perdit son statut de prison en avril 1934.

Plan de la prison de l'Abbaye

Source : Plan (1800-1850) © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. La prison de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés occupait un emplacement couvrant les n°135-137 et 166 de l'actuel boulevard Saint-Germain. Son entrée sur la façade est donnait sur la place du Petit-Marché (dénommé ensuite place de l'Abbaye). Le chemin de ronde large de 2 mètres au nord et à l'ouest séparait la prison de l'enclos de l'abbaye. Par arrêté du 21 janvier 1765, la prison devint propriété du roi, qui en fit une prison militaire. Elle conserva cette affectation jusqu'à la Révolution durant laquelle elle devint une prison politique, théâtre de la sanglante justice de septembre 1792. Elle redevint une prison militaire à partir de 1796 jusqu'à l'ouverture en décembre 1851 d'une nouvelle maison militaire d’arrêt et de correction, rue du Cherche-Midi.

La prison de l'Abbaye

Source : Dessin. © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. « Chaque chambre était encadrée ou plutôt doublée d'une cloison faite de lattes et de plâtre détachée du mur ; dans l'intervalle de la cloison au mur le sol était à jour; de sorte que si le prisonnier faisait un trou, quelque petit qu'il pût être, le mortier, les petits éclats de bois, la sciure ou poussière de la latte tombaient entre la cloison comme la poudre d'un sablier, et le geôlier, tranquille dans son logis, comprenait que l'heure de la surveillance était arrivée. » (Maurice Alhoy, Les prisons de Paris, Paris, G. Havard, 1846, p. 340-341). La prison de l'Abbaye survécut au transfèrement de ses derniers détenus jusqu'en 1854, date du début de destruction.

La prison de la garde nationale

Source : Dessin (1864). Imprimeur Beillet et Forestier, quai de la Tournelle 35. © Musée Carnavalet – Histoire de Paris. La prison de la garde nationale, dite aussi « Hôtel des Haricots », est une prison militaire (1837-1871) qui a changé quatre fois de lieu sans changer de nom. Son origine remonte à la prison de Montaigu. Après la Révolution, la prison de la garde nationale est transférée de Montaigu à l'hôtel de Bazancourt, rue des Fossés-Saint-Bernard. L'hôtel fut démoli en 1837 pour laisser place à l'entrepôt aux vins. De 1837 à 1864, cette prison fut située au 92, quai de la Gare (actuel 55 quai d’Austerlitz). C'est cet établissement qui est représenté ci-dessus. En 1864, lors de l’extension de la gare d’Austerlitz, la prison fut transférée une dernière fois au 15 rue de Boulainvilliers, en face du pont de Grenelle, jusqu’à sa suppression en 1870. En 1870-1871, l' « Hôtel des Haricots » servit de prison pour officiers avant de devenir une institution de jeunes filles.

La prison militaire et le Conseil de guerre

Source : Carte postale. © Collection privée Philippe Zoummeroff. Les prisons militaires ont été très peu photographiées ou représentées. Sur cette carte postale, le 37 et le 38 rue du Cherche-Midi en direction du carrefour de la Croix-Rouge, avant le percement du boulevard Raspail. À droite, l'hôtel des conseils de guerre, à gauche, la maison militaire d’arrêt et de correction, avant 1907.

Maison militaire d’arrêt et de correction : 38 rue du Cherche-Midi

Source : Carte postale. © Collection privée Philippe Zoummeroff. "De 1847 à 1851, une maison militaire d’arrêt et de correction est construite juste en face [du 37], au 38 rue du Cherche-Midi. Elle est édifiée sur l’emplacement d’un ancien couvent ayant appartenu à la communauté des Filles du Bon Pasteur. Après la Révolution, les bâtiments sont réquisitionnés par l’autorité militaire et servent tour à tour de magasin aux effets de campement de la garnison de Paris, d’atelier de réparation de l’habillement des troupes et de dépôt pour la manutention des vivres de l’armée. Leur démolition permet la construction d’une prison cellulaire d’une capacité de 200 places qui ouvre le 30 décembre 1851. Des militaires condamnés à des peines supérieures à un an y sont internés. En 1907, après la suppression de l’hôtel des conseils de guerre consécutive au percement du boulevard Raspail, les tribunaux traversent la rue et s’installent au numéro 38, dans l’un des quartiers de la prison militaire." (Jacky Tronel, "Les prisons militaires du Cherche-Midi", L'Impossible prison. Photographies parisiennes 1851-2010, Paris-Musée, 2010, p. 226). Désertée le 12 juin 1940, la prison est réquisitionnée par l’occupant dès son entrée dans Paris. En février 1961 commencent les travaux de démolition d’une partie du site, le reste des bâtiments continuant à être exploité par le ministère de la Justice. La prison est entièrement rasée en 1966 au profit de l'édification de la Maison des sciences de l'Homme.