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Sources iconographiques : - les gravures et les plans proviennent des Archives départementales du Nord (sauf mention contraire), - les cartes postales et les photographies de l’Association du Centre de mémoire de la prison abbaye de Loos et de la Direction de l’administration pénitentiaire. Reproduction interdite sans autorisation. Les commentaires de Christiane Lesage sont extraits de son article "L'abbaye cistercienne de Loos. L'histoire de ses bâtiments par l'image, dessins, lithographies, photos, plans", Histoire pénitentiaire, vol. 7, coll. "travaux et documents", Direction de l'administration pénitentiaire, 2008, p. 26-53.

"Abbaÿ de Loos". Gouache. 1603

Source : Album de Croÿ, Conseil régional du Nord - Pas-de-Calais, Lille et Crédit communal de Belgique, Bruxelles, 12e volume, planche 4. Cette peinture est la plus ancienne représentation de l'abbaye, fondée vers 1146.
Commentaire de Christiane Lesage (Comité flamand de France) : "Comme toutes les abbayes médiévales, Loos comprenait une église dont le choeur était orienté vers l'est. Les bâtiments conventuels étaient, ici, disposés au sud du lieu du culte; c'était le cas le plus fréquent. Cette disposition correspondait à une logique d'utilisation : la sacristie, la salle capitulaire et, à l'étage, le dortoir étaient assujettis à une utilisation fréquente du sanctuaire. Quant au cloître, hormis le rôle religieux qu'on lui connaît, il faisait office de lieu de circulation. C'est cette disposition que nous pouvons lire sur cette gouache. La vue est prise au sud. Au premier plan, la Deûle coule de gauche à droite"

Plan de la commune de Loos

Ce plan d'assemblage offre une vue complète de Loos et de l'emplacement de l'abbaye, excentrée, en haut à gauche. La Deûle marque la limite de commune avec Sequedin.

Vue de l'abbaye de Loos

Source : Bibliothèque municipale de Lille, portefeuille 121. Commentaire : Christiane Lesage Cette lithographie de L. Danel d'après un dessin de Brun-Lavaine montre, en arrière de la porte, une grande partie de l'abbaye, dont l'église. Le clocher de charpente est encore présent.

Porte de l'ancienne abbaye de Loos

Source : Bibliothèque municipale de Lille, Album Baron, p. 57. Commentaire : Christiane Lesage Dans un cadre ovale, la scène montre la porte précédée par le chemin qui, venant de la grand-route de Lille à Béthune, franchit la Deûle au moyen d'un pont à l'arche simple. L'environnement est champêtre.

La porte de l'ancienne abbaye

Représentée ici sur une carte postale, cette porte restait au début du vingtième siècle l'un des vestiges les plus remarquables (et les plus visibles de l'extérieur) de l'ancienne abbaye, liée depuis le XIXe siècle à l'histoire pénitentiaire.

L'église de l'abbaye

Source : Archives départementales du Nord (ADN ensuite). Fonds de la police, non classé. Commentaire : Christiane Lesage Cette vue a été prise au moment de la démolition de l'édifice (années 1950-1960). La belle façade, totalement en pierre, comporte deux étages, chacun divisé en trois parties diversement traitées. Les deux niveaux sont séparés par un entablement important dont la frise est légèrement bombée. Un fronton triangulaire couronne le second niveau; il est orné de sculptures. La partie centrale de la façade est plus large que les deux autres. Elle accueille l'entrée au rez-de-chaussée. Des encadrements en saillie occupent les parties latérales où ils devaient accueillir des plaques commémoratives protégées par des tablettes à consoles au tracé vigoureux et où ils devaient être surmontés de panneaux sculptés (l'état des lieux montré par la photo laisser planer quelques incertitudes).

Plan de l'église de l'abbaye

Source : ADN. Commentaire : Christiane Lesage Contrairement à ce qu'aurait pu indiquer la façade divisées en trois parties (cf. vue précédente), l'église n'avait qu'une seule et large nef composée de quatre travées. Le choeur en avait autant et c'était légitime puisque c'était là que se tenaient les religieux, tant pour la messe que pour les offices de nuit et de jour. Chaque bras de transept avait deux travées terminées par un hémicyle comme le choeur. Enfin, à l'est se trouvait une chapelle, aux trois-quarts hors de l'oeuvre. Sauf la façade évoquée précédemment, le reste de la construction a été faite en brique sur soubassement de grès, avec pierre aux encadrements des baies et aux plats des contreforts. Le terrain de football qui s'est installé sur son emplacement donne une idée de l'importance qu'elle avait au sol. Il y manquera toujours, cependant, le volume qui devait être impressionnant, notamment lorsqu'on arrivait du Nord.

De l'abbaye au dépôt de mendicité

Source : Bibliothèque municipale de Lille. Carton 7, n° 2. Dessin signé B.J. Dewarlez-Lepers Architecte Commentaire : Christiane Lesage Ce dessin, pris de l'ouest, montre l'église et les bâtiments conventuels. Il donne une bonne idée de l'importance des constructions. Elles s'étendaient sur environ 130 mètres de longueur. L'église dont le frontispice, large d'une quinzaine de mètres, s'élevait sur deux niveaux, domine l'ensemble, notamment par son clocher qui, jusqu'à sa pointe, double la hauteur. Vingt-cinq ouvertures éclairent le bâtiment principal sur une longueur de cent mètres. Cette représentation, qui était une forme d'abstraction, puisque n'y figurent pas les bâtiments annexes, volontairement absents, n'est plus possible aujourd'hui qu'un haut mur se dresse entre l'abbaye-prison et le spectateur. À noter que l'échelle est, ici, notée en mètres, mais que le tracé linéraire s'échelonne sur 12 mètres (et non 10): vieux réflexe d'un temps où les mesures étaient un multiple de 12.

La prison Saint-Pierre (1837)

En 1790-1791, Lille ne dispose plus que de deux grandes prisons civiles. La prison royale, ou Tour Saint-Pierre - à ne pas confondre avec la prison militaire (de) Saint-Pierre -, une vieille bâtisse isolée sise à l’ancienne Porte de Saint-Pierre, renferme « les déserteurs, les mendiants, les fraudeurs, les arrêtés pour dettes et les criminels ». La prison de ville, ou « Petit Hôtel », contiguë à l’hôtel de ville, contient « les détenus pour faits de police » et « les criminels poursuivis par-devant les échevins ». Ces deux prisons, formant chacune un seul corps de logis divisé par des cloisons de bois, sont solides mais peu sûres en cas d’incendie. Les étages sont assez aérés, les cachots souterrains n’ont d’autre ouverture que le guichet des portes. Elles accueillaient chacune entre dix et vingt prisonniers sous l’Ancien Régime, mais leur population s’envole en ce début des années 1790 : quatre à cinq lits s’entassent dans chaque chambre, deux prisonniers dorment le plus souvent dans le même lit. A la prison royale, les prisonniers ont du pain et de l’eau, les mendiants ont une soupe. à la prison de la ville, les prisonniers ont de surcroît du beurre et de la bière..

Vue (début 20e siècle) de l'ancienne prison des Bons Fils de Lille

A la fin du XVIIIe siècle, à côté des prisons ordinaires, existent des maisons (ou couvents) de force, des maisons de correction et des dépôts de mendicité. Ces établissements sont destinés à accueillir les prisonniers ayant fait l’objet d’une lettre de cachet (décernée par le roi), d’une mesure administrative (ordonnée par exemple par l’intendant) ou privée (une famille qui fait enfermer un fou, ou un mineur par voie de correction paternelle), ou encore jugés par une juridiction extraordinaire (tribunal de police ou de la maréchaussée). Le département du Nord dispose d’une dizaine d’établissements de cette nature, dont quatre au sein de la métropole lilloise. Les Bons Fils gèrent ainsi trois établissements : Armentières et Lille, mais aussi Saint-Venant, dans le Pas-de-Calais. Ce sont des maisons de force, mais qui se sont progressivement spécialisées même si, sous l’Ancien Régime, le mélange des catégories de prisonniers est une constante. Armentières accueille surtout des prisonniers par lettre de cachet criminels, mais au comportement stable ; Saint-Venant est plutôt une maison de correction pour jeunes délinquants ; Lille est principalement maison de santé réservée aux fous (54 en 1788, 82 en 1792 sur 109 prisonniers). La maison de Lille est très sûre, entourée de hauts murs. Les vingt frères partagent la nourriture des fous, « le bouilli et deux entrées pour le matin, et pour le soir deux plats et une salade avec de la forte bière ».

Plan de l'abbaye (1812)

Le domaine de l'abbaye, représenté ici dans l'année de son achat par l'État, aux fins d'appropriation en dépôt de mendicité.

Du dépôt de mendicité à la maison centrale (1817)

Extrait de l'Ordonnance royale du 6 août 1817 : "Article 1er. Le dépôt de mendicité fondé le 8 mars 1812 est supprimé Art. 2. Nous créons une maison centrale de détention dans les bâtiments de l’ancienne abbaye de Loos, près la ville de Lille […] Art. 3. Une partie des bâtiments sera néanmoins réservée et disposée pour servir de maison de correction, de manière que les individus condamnés à moins d’une année d’emprisonnement ne soient point confondus avec les individus condamnés à plus d’une année d’emprisonnement et à la réclusion. Art. 4. Il sera formé dans la maison de détention et dans la maison de correction des ateliers pour différents genres de travaux avec les séparations convenables".

Plan de la maison centrale (1819)

"Plan général de la maison centrale de détention et de correction du département du Nord, établi dans les bâtiments de la ci-devant abbaye de Loos, en exécution de l'ordonnance du Roi en date du 6 août 1817."

Plan du premier étage (1819)

Porte principale de la maison centrale

Principal ouvrage de Marquet-Vasselot, directeur de la maison centrale

Ce livre est paru alors que Marquet-Vasselot dirigeait la maison centrale d'Eysses (Lot-et-Garonne). Marquet-Vasselot fit ensuite un passage à Fontevrault, avant d'être nommé à Loos en 1829. Controversé, il dirige l'établissement d'une main de fer jusqu'en 1841...

Façade de la maison centrale

Bâtiments de la maison centrale. Vue d'une cour intérieure.

Le domaine pénitentiaire. Vue de la porte principale

Vue du chemin menant à la colonie agricole

Porte d'entrée de la colonie

Cette porte datant du début du XVIIIe siècle a été détruite. Les fentes verticales abritaient à l'origine les bras d'un pont-levis.

Plan du domaine de Loos (1852)

La maison centrale est dans les bâtiments principaux de l'abbaye. La colonie agricole a été établie à l'ouest de ce bâtiment, près de l'infirmerie, au dessus de la caserne. En vert, les jardins d'habitations et de culture.

Plan rapproché du domaine de Loos (1895)

On constate sur ce plan que la répartion fonctionnelle de l'espace n'a pas été modifiée. La colonie, devenue "maison de correction", est toujours à gauche de la maison centrale. On distingue nettement, sur ce plan (à droite), la maison du directeur.

Plan de l'îlot du Raspuck de Lille (années 1830)

C'est dans cet îlot qu'est implanté l'ancien dépôt de mendicité, transformé depuis l'ouverture de Loos en maison de santé, puis en maison d'arrêt. En 1826, le comte de Murat, préfet du Nord, décide de construire sur ce même site un palais de justice et une nouvelle prison. Le concours ouvert est remporté en 1927 par Victor Leplus, architecte départemental.

Plan du projet de Victor Leplus

Accepté en 1829, le projet de Victor Leplus fut révisé plusieurs fois avant qu'il soit définitivement approuvé, le 9 mars 1831. La nouvelle prison ne fut achevée qu'en 1839. On distingue bien sur ce plan le parti-pris de l'architecte : l'espace du jugement est placé au centre, tandis que les lieux de détention sont ventilés dans les parties périphériques de l'édifice. Est prévue une séparation des détenus par sexe et catégories (prévenus, enfants, dettiers, condamnés...)

Le projet Leplus vu de face

Cette vue en élévation confirme la répartition fonctionnelle et symbolique de l'espace, renforcée par le traitement visuel des bâtiments. Le corps central, lieu du jugement, est majestueux, de style antique. Les parties latérales destinées à la détention sont nettement plus banales.

Le projet Leplus : coupe longitudinale

Bâtiments de la maison d'arrêt des femmes. Chaque aile pénitentiaire est coupée en trois corps de bâtiments, reliés par les préaux. Cette séparation vise à faciliter la répartition des détenus par catégories.

Le palais de justice et les prisons de Lille

Le projet Leplus réalisé. Plan large des prisons et du palais de justice, au bord de la Deûle.

La nouvelle prison de Lille

La prison Leplus fut peu à peu victime de surpopulation. Voici un état des lieux, énoncé le 16 avril 1885 en séance du conseil général : "La situation est particulièrement catastrophique à la prison de Lille : l’encombrement y est plus grand que dans aucune autre prison. Les dortoirs sont insuffisants ; un certain nombre de détenus, 70 en moyenne depuis le 1er janvier 1885, n’ont pas de lit, faute de place ; ils couchent sur des paillasses qu’ils déposent dans les différents locaux de la maison. L’hygiène est fort mauvaise ; au lieu de 12 m3, chaque homme n’en a pas six. De là les épidémies de fièvre typhoïde qui ont déjà régné à la prison. La place manque aussi pour les enfants détenus par voie de correction paternelle. M. le Président du Tribunal est obligé de refuser les ordonnances de détention, et celles qu’il rend restent souvent sans exécution. Les diverses catégories de détenus sont confondues […] La surveillance est impossible dans cette maison ; sur tous les points, même dans les cours, les détenus forment des groupes si nombreux et si serrés que les gardiens ne peuvent y maintenir le bon ordre et la discipline […] Des rapports d’une honteuse immoralité s’établissent entre ces individus de tous âges et de toutes catégories ; nous ne pouvons insister." Il fallut toutefois attendre vingt années de plus pour voir aboutir la construction d'une nouvelle prison, réalisée sur un tout autre modèle.

Vue de la nouvelle prison (début 20e siècle)

La construction de prisons départementales sur le modèle cellulaire fut relancée sous l'impulsion de la loi du 5 juin 1875. Son application fut plus ou moins différée selon les départements. Dans le Nord, les maisons d'arrêt de Loos et de Douai furent construites en même temps. Celle de Loos accueillit ses premiers détenus le 1er septembre 1906.

Coupole centrale de la maison d'arrêt

Vue intérieure. Le verre et le bois occultent le béton et le fer.

Une architecture qui fait la part belle à la lumière

La coupole : vue rapprochée des arches en bois

Les loges

Si l'architecture de la maison d'arrêt tente de capter la lumière, elle applique le principe de l'enfermement individuel autant que possible, même dans le cas d'événement collectif. Ainsi, ces loges (ou logettes) sont destinés à recevoir un unique détenu, pour que tous puissent, ensuite, suivre la messe ou des conférences morales, sans qu'aucune communication ne soit possible. Illusion d'architecte...

La maison centrale bombardée

La maison centrale a été la cible de bombardements par l'armée allemande du 26 mai au 1er juin 1940.

L'établissement est devenu inutilisable

Le 13 août 1940, l’architecte départemental en chef établissait un rapport d’ensemble « sur l’état actuel de la maison centrale de Loos » dans lequel il notait que « la maison centrale de Loos, rendue inhabitable par suite des bombardements de mai 1940, a dû être évacuée et n’est plus utilisée dans sa majeure partie ». La prison cellulaire fut également touchée par une trentaine d'obus. Une seconde vague de bombardements eut lieu le 8 juillet 1941 à 15 heures. Le domaine pénitentiaire fut à nouveau bombardé le 10 avril 1944.

Plan de la prison cellulaire pendant l'occuation (1940-1945)

La prison cellulaire, que les Allemands avaient déjà investie pendant la première guerre mondiale pour y enfermer des otages, fut découpée, quoiqu’elle aussi très touchée par les bombardements, en un quartier allemand (inaccessible au personnel français) et un quartier français. Si l’aile A demeura française, les ailes C et D devinrent administrées par les Allemands. La cuisine seule était commune aux deux sections. Dans la section allemande, les femmes trouvèrent à se loger dans 50 cellules de l’aile C, cependant que les « terroristes » occupèrent une partie des 129 cellules de l’aile D. Dans la section française, les femmes furent logées dans le quartier F, l’aile ouest du bâtiment administratif. A partir de la fin mai 1941, l’étanchéité devint absolue entre les quartiers allemand et français : les Français conservèrent la porte principale cependant que les Allemands percèrent un accès muni d’une lourde porte de bois dans la face nord du mur d’enceinte. A partir de juin 1940, la prison cellulaire de Loos et ses annexes servent de plaque tournante vers la déportation. L’afflux massif de prisonniers en juillet et surtout en août 1944 fait passer la population de Loos à 1 300 détenus environ, qui s’entassent à 7 ou 8 dans des cellules de 9m2....

Le "grand drame de la déportation dans le Nord - Pas-de-Calais

Le 1er septembre 1944, la grève est générale dans le bassin minier, l’armée allemande quitte Lille, faisant sauter ses dépôts de munitions ; à midi, les Anglais sont à Carvin. Les accrochages entre résistants et soldats allemands sont violents et meurtriers. De nombreux civils sont fusillés à Bruay, à Seclin, à Englos. A la prison de Loos, des détenus sont amenés, entre 5 h 30 et 17 h 30, par camions, à la gare de Tourcoing. Ils seront entassés à 80 voire 90 par wagon. Les recherches d’Yves le Maner ont permis d’identifier avec précision les 816 déportés du train de Loos. 722 ont été déportés comme résistants, les autres sont des otages, des réfractaires au STO (service du travail obligatoire en Allemagne), plus quelques « droit commun ». En octobre 1944, commence la grande dispersion des déportés du train de Loos : vers Kokendorf et ses mines de sel, vers l’île d’Usedom sur la Baltique, centre d’essai des fusées, vers Karlslagen. Au printemps 1945, devant l’avance des alliés, les chefs SS des camps organisent l’évacuation vers la Baltique ; ce sont les abominables marches de la mort qui seront fatales à des centaines de déportés du train de Loos. Le terrible bilan fait état de 561 décès et de 275 survivants.

Détail du mémorial du train de Loos, établi en face de la prison

A leur retour, quelques rescapés ont créé « l’association des rescapés du train de Loos » en mémoire de leurs camarades disparus et de leur famille. Le premier lieu de mémoire fut matérialisé le 16 novembre 1947 par la pose d’une plaque sur un mur de la gare de Tourcoing. Depuis, les lieux se sont multipliés (places, squares, rues…). Un mémorial est entretenu en face de la prison.

Reconstruire la maison centrale

Au sortir de la guerre, Loos dispose toujours de ses trois prisons : la maison centrale, inutilisable, la prison cellulaire pour les hommes et son annexe de Saint-Bernard pour les femmes. Est venu s’y ajouter un « centre pénitentiaire », installé au fort de Seclin. Deux maisons centrales ont été détruites ou gravement endommagées pendant la guerre : Caen et Loos. Les travaux de reconstruction commencent à Loos dès 1946.

La restauration des bâtiments fut longue et coûteuse

Paul Amor, directeur de l'administration pénitentiaire (1944-1947)

La réforme Amor consiste, appliquée sur le terrain, principalement dans des opérations de tri. Elle est tournée en priorité vers les établissements pour peine, là où le traitement peut être mis en œuvre. Bien que la maison centrale de Loos soit en reconstruction (celle-ci ne sera achevée qu’en 1960), le domaine pénitentiaire de Loos n’échappe pas complètement à la réforme. Si une première annexe psychiatrique fut inaugurée à Toulouse le 16 juin 1947, celle de la maison d’arrêt de Loos la suivit de peu, le 2 juillet 1947. 3 000 prévenus furent ainsi détectés par 8 médecins de la région de Lille. Au début du mois d’avril 1950, y furent affectés 2 surveillants spécialisés par des stages dans un hôpital psychiatrique (Armentières). La maison centrale de Loos fut également l’un des « centres de triage » des relégués, avec les maisons d’arrêt de Rouen, Saint-Etienne et Besançon.

Des détenus sur les toits (21 juillet 1974)

En 1974, la maison centrale de Loos est une « prison-école » qui accueille de jeunes condamnés de moins de 30 ans. Elle est, comme nombre d’établissements pénitentiaires de l’époque, sous tension. À 14 heures, le jeudi 25 juillet, soixante détenus refusent de réintégrer leur cellule. Ils se répandent dans l’établissement car ils ont subtilisé des clés à des surveillants, sans cependant les retenir en otages. Ils ouvrent les portes des cellules à leurs camarades puis incendient la salle de cinéma, le cabinet médical et la lingerie. Une quinzaine d’entre eux gagnent le toit qu’ils saccagent, ce qui attise encore les brasiers notamment dans les différents ateliers (forge, mécanique automobile, électricité, cartonnages, etc.).

La mutinerie du 21 juillet 1974

Dès leur arrivée, une centaine de sapeurs-pompiers essuie des jets de projectiles et ne peut attaquer l’incendie qu’à partir de la cour d’honneur de l’établissement, protégée par de hautes grilles. à 16 heures, plus de quatre-vingts CRS donnent l’assaut, précédés d’un déluge de gaz lacrymogènes. Bilan : cinq agents de la force publique blessés, trois du côté des détenus. Un quart d’heure plus tard, les toits sont vidés de leurs occupants. A 16 h 30 les mutins décident de se rendre, laissant la place aux pompiers. Le malaise de la population pénale est le révélateur d’un malaise plus global qui concerne l’ensemble de l’institution pénitentiaire. Il se manifeste le 30 juillet par un communiqué des personnels, suivi dès le lendemain, par un mouvement de grève de 48 heures. Pour apaiser les tensions, le président de la république visite les prisons de Lyon le 10 août 1974 : il accorde une poignée de main à un détenu et déclare que « la prison doit être la privation de liberté et rien d’autre ». L’heure est donc à la réforme et à l’humanisation des détentions. Est créé un secrétariat d’état à la condition pénitentiaire, confié au docteur Hélène Dorlhac.

Le domaine pénitentiaire jusqu'à sa fermeture

Le centre de détention (ancienne maison centrale) est un établissement destiné à des hommes définitivement condamnés. Il accueillait en 2006 entre 350 et 370 détenus, âgés pour la plupart de 20 à 35 ans. Une soixantaine d’entre eux sont des étrangers (un quart venant du Bénélux), les autres sont originaires de la région Nord - Pas-de-Calais dont la moitié du territoire de la communauté urbaine de Lille. La plupart des détenus sont libérés dans les deux années suivant leur arrivée à l’établissement. Seul un dixième d’entre eux est libérable au-delà de l’année 2010. La maison d’arrêt recevait jusqu’en mars 2005 des hommes et des femmes, majeurs ou mineurs, qui étaient soit placés en détention provisoire (prévenus, en attente de jugement), soit condamnés (par une décision de justice) à une peine d’emprisonnement d’une durée inférieure ou égale à un an. Depuis le 2 avril 2005, elle a vocation à accueillir uniquement des hommes majeurs condamnés, dont la peine ou le reliquat de peine est inférieur ou égal à dix-neuf mois. Elle est la première des trois entités administratives qui composent la maison d’arrêt de Lille-Loos-Sequedin, avec l’UHSI (unité hospitalière sécurisée interrégionale, sise au centre hospitalier régional universitaire), ouverte en décembre 2004, et la maison d’arrêt de Lille-Sequedin, ouverte en avril 2005. En octobre 2011, le site a été fermé pour cause de vétusté. une démolition s'en est suivie en 2017. Seuls les bâtiments de l'ancienne abbaye ont été conservés.