Jadis à Charonne, les gardes-messiers, encore actifs en 1828, étaient choisis parmi les habitants jusqu’à la fin des vendanges, avec un détachement supplémentaire pour surveiller les troupeaux et empêcher l’intrusion des bêtes parmi les vignes.
Les gardes-champêtres leur succèdent en 1832. La proximité des barrières - cinq communiquent avec le faubourg Saint-Antoine - étend leurs fonctions à la répression des rixes.
Avant de disparaître en 1860, lors de la constitution du 20e arrondissement, les gardes-champêtres épaulent les gendarmes répartis autour des établissements des marchands de vins, guinguettes et cabarets.
9. Les visages de la loi
Plan du chapitre
Gardes-messiers, gardes champêtres
Au poste !
Le poste de gendarmerie de Charonne est laborieusement créé en 1845.
Une première caserne est hébergée dans une propriété du jardinier fleuriste Louis Ragoneaux, qui met à disposition maison et dépendances rue de Fontarabie pour un bail reconductible de neuf ans. Dans l’intervalle, un poste de Commissaire de police est créé en 1836, doté d’un appointement annuel de 1000 francs.
Dans les rues, les sergents de ville, futurs gardiens de la paix, font régner l’ordre en uniforme. Leur tâche n’est pas facilitée par la législation. En 1907, aucun texte ne prohibe le port d’armes « ordinaires, apparentes et défensives », à l’exclusion des lieux publics.
Du couteau au revolver, la possession d’armes se répand jusque dans les ménages.
« Brebis galeuse »
Le crime le plus sordide se masque parfois derrière la respectabilité de la fonction. En septembre 1879, l’agent Prévost est surpris en train de camoufler les restes d’un corps. Seule la tête du malheureux, dissimulée dans un chaudron rue Riquet (19e arrondissement), permet l’identification d’un courtier en bijoux.
Face au tollé déclenché dans la presse, la justice met à peine quatre mois pour éliminer l’agent des rangs contestés de la police.
Par quelques mots de repentance, Prévost « demande pardon à la malheureuse administration » ainsi compromise.
L’affaire met en évidence les liens étroits de « l’encre et du sang », de la presse et de la police, bientôt rompue à l’art nécessaire des relations publiques.