Au lendemain de la Grande Guerre, se faire photographier pour les besoins de l’administration ou l’obtention de papiers d’identité devient une habitude pour la plupart des Français et Françaises. Outre le nombre croissant de permis de conduire les véhicules mécaniques ou de cartes d’identité d’étrangers, obligatoires à partir de 1917, l’après-guerre voit naître une multitude de nouvelles catégories de personnes nécessitant des papiers spécifiques. Il faut en effet prendre en considération la kyrielle d’invalides et mutilés de guerre, ceux qui bénéficient de pensions, ou encore les veuves de guerre. Ces cartes d’identité, qui attestent de droit ou de priorité, notamment en matière de services publics, deviennent indispensables et contribuent à l’accroissement du phénomène d’encartement de la population française.
D’abord réservée aux prestigieux « trombinoscopes » de quelques établissements de l’enseignement supérieur, la photographie gagne progressivement les fichiers matricules du personnel des ministères, des autres services publics, des associations et des grandes entreprises. Le format de la photographie dite d’identité, inspiré du système Bertillon, s’impose crescendo puis finit par se banaliser, au point de figurer sur les documents administratifs les plus anodins. Les exigences de l’administration entraînent le développement d’un véritable marché de la photographie d’identité : studios professionnels et officines d’amateurs (souvent tenues par des étrangers) s’installent près des préfectures. La demande est telle que, dès 1926, les autorités tolèrent les photographies d’amateurs pour les différents papiers d’identité. Les premières cabines de prise de vue automatique apparaissent dès les années 1920, au sein des grandes villes, et le « portrait Photomaton », d’abord toléré par les autorités, devient un incontournable pour la photographie d’identité.