La Région des Pays de la Loire dispose de la compétence d’Inventaire général du patrimoine culturel[1], qu’elle exerce par le biais du Service du patrimoine de sa Direction de la Culture et des Sports, avec la particularité, dans ce département-ci, d’être liée par convention avec le Service de l’inventaire du Département de Maine-et-Loire. C’est dans ce cadre qu’en 2010 est programmé un inventaire du patrimoine de la commune de Fontevraud-l’Abbaye. Depuis quelques années, la Région a, par ailleurs, souhaité étendre cette notion de patrimoine culturel par une démarche de recueil et de valorisation des patrimoines immatériels liés aux patrimoines matériels étudiés[2].
Dans un tel cadre, plus d’un demi-siècle après sa fermeture et plus d’un quart de siècle après le départ des derniers détenus et gardiens, alors même que nombre d’habitants de la commune vivent encore dans son souvenir, l’étude d’Inventaire fut l’occasion de soulever l’intérêt et l’urgence qu’il y avait à recueillir des témoignages relatifs à la maison centrale de détention de Fontevraud. En effet, il apparaissait qu’à l’exception des études suscitées autour de l’œuvre de Jean Genet ou de catégories spécifiques de détenus, le regard sur le XXe siècle était peu présent, notamment sur les dernières années du fonctionnement de la centrale. Par ailleurs, aucun travail n’avait permis de mettre en contexte l’établissement dans son environnement immédiat, le bourg de Fontevraud-l’Abbaye.
Cette collecte de témoignages était guidée par un faisceau de problématiques. Il s’agissait tout d’abord de pouvoir documenter ce qu’étaient les conditions de vie et de détention dans la maison centrale de Fontevraud. Il fallait parallèlement établir ce que furent les répercussions de la présence de la prison sur la vie du village, puis celles de sa fermeture. La question se posait ensuite de voir dans quelle mesure l’abbaye pouvait être vécue comme un lieu de mémoire de la maison centrale de détention. Enfin, l’enquête devait permettre de mieux cerner l’évolution de la prise en compte des bâtiments, espaces et traces de la période pénitentiaire dans les choix de restauration et dans la médiation dispensée sur le site.
Ce travail de collecte et la réalisation des enregistrements furent confiés en 2012 à une équipe de documentaristes nantaises, l’entreprise Figure-toi productions[3], fut retenue. Une première liste de témoins potentiels fut transmise par le service régional aux documentaristes qui l’amendèrent et l’enrichirent au gré de la progression de leur enquête pour, en fin de compte, disposer d’une petite trentaine de témoignages, choisis pour l’intérêt et la complémentarité des points de vue exprimés.
[1] Créé en 1964 par André Malraux et André Chastel sous une désignation initiale d’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, cette mission fut décentralisée au niveau régional par la loi du 13 août 2004. L’Inventaire analyse les éléments constitutifs d’un patrimoine entendu au sens large, « de la cathédrale à la petite cuillère » selon l’expression consacrée.
[2] Démarche initiée en commission d’élus régionaux et particulièrement portée par Mme Françoise Mousset-Pinard, cheffe du Service du patrimoine ; le projet fontevriste doit aussi beaucoup à M. François Corbineau. À ce jour, d’autres collectes de témoignages ont ainsi été menées, consultables sur une chaîne Youtube© : https://www.youtube.com/user/patpaysdelaloire/playlist
[3] Voir : http://www.figuretoi.fr, en la personne de Mmes Nelly Richardeau et Noémi Thepot ; qu’elles soient encore chaleureusement remerciées de leur beau travail et de leur grande disponibilité.