de Sanary (Julien) — Monstres du bagne (fin)
Ferme les yeux, pâlit, courbe le front et songe :
En suis-je bien le Créateur ?
Sont-ce vraiment mes mains et blanches et divines
Qui pétrirent ces corps infects et corrompus ?
Est-ce Moi qui leur fis ces langues vipérines
Ces cœurs noirs regorgeant le pus ?
Puis retournant, soudain, sa face de l’abîme
Qui vient de lui montrer tant de noires horreurs
Le dieu clément et bon, puissant et magnanime
Crache dessus versant des pleurs.
de Sanary (Julien) — Le bourreau
A l’heure où les oiseaux, blottis dans leur doux nid,
Jettent un dernier chant qui, vers le ciel, s’élève.
Seul avec ses remords, il erre, le maudit.
Comme un fantôme sur la grève.