de Sanary (Julien) — La mort du bourreau. Rieusset (fin)
Le jour (il m’en souvient) avait fait place à l’ombre
L’étoile se cachait sous un nuage sombre
Le grillon se taisait ; et seul l’oiseau de nuit
Passait et repassait au milieu des ténèbres.
Et ses sinistres cris, et ses ailes funèbres
Remplissaient l’air d’un vague et monotone bruit.
Soudain, je crus sentir comme une odeur de poudre
Et j’entendis gronder avec fureur la foudre
Tandis qu’un œil pleurait dans un coin du ciel bleu ;
Et je vis suinter, des pores d’un nuage,
Le sang qui, goutte à goutte, inondait son visage.
Et partout y laissait une empreinte de feu.
Longtemps, son corps hideux, livide, étique et sale,
Comme un reptile affreux, se tordit sur la dalle ;
Puis, dans un dernier râle, enfin, il se raidit ;
Et je vis, aussitôt, de son immonde bouche,
Sortir un oiseau noir, monstrueux et farouche.
C’était, n’en doutez pas, l’âme de ce maudit !