En 1911, trois petites pièces et un hangar constituent l’ordinaire d’un jeune couple, installé rue Fessart dans le 19e arrondissement.
Victor Kibaltchich, un Russe de vingt ans, et sa compagne Rirette Maîtrejean hébergent le siège du journal propagandiste l’Anarchie.
Modestes, les lieux cumulent les fonctions de salle de rédaction, d’atelier de typographie et d’impression.
8. En marge de la bande à Bonnot
Plan du chapitre
Un galetas à Belleville
Visite impromptue
Un soir de décembre, le couple reçoit la visite inopinée de deux êtres harassés. Garnier et Callemin sont en fuite après l’attaque d’un employé-payeur de la Société Générale, porteur de fonds destinés aux opérations courantes d’une agence située rue Ordener (18e arrondissement).
Les deux comparses appartiennent à la redoutée « bande à Bonnot », agrégée autour d’un mécanicien reconverti dans le vol.
Le mode opératoire de la « bande à Bonnot » procède d’une technique nouvelle et encore inusitée, les complices de Bonnot s’emparant de luxueux véhicules à moteur, conduits par Bonnot lui-même, pour commettre leurs actes et s’enfuir.
Si Rirette et Victor désapprouvent la violence du réseau, ils ne dénoncent pas leurs visiteurs, lesquels sont priés de se mettre en quête d’un autre gîte.
Dissolution à la dynamite
C’est à l’hôtel de Lozère, rue de Ménilmontant, que le sous-chef de la Sûreté Jouin appréhende un troisième complice, Monier dit Simentoff. L’homme est commis à Ivry pour un soldeur de vêtements, meubles et ustensiles de cuisine, dénommé « La Halle populaire ». Cette prise assure le démantèlement progressif du réseau.
Les mailles du filet se resserrent autour de Jules Bonnot, cerné à Choisy-le-Roi par d’impressionnants détachements policiers, coordonnés par le préfet Lépine en personne.
Délogé à la dynamite de son abri, puis abattu, le chef de bande décède alors que le procès s’ouvre le 3 février 1913.
Procès expéditif
Les débats scellent le sort d’une dizaine d’inculpés, dont les visiteurs nocturnes du jeune couple de la rue Fessart, séparé à l’issue du verdict.
Victor, dont l’implication n’est pas clairement démontrée, écope de quatre années de prison, sa compagne est relaxée.
Leur journal est en effet présenté comme la source nourricière des actes violents de Bonnot et de ses complices.