1. La révolution Bertillon

Plan du chapitre

Identifier avant la photographie

Avant la photographie, l’identification des réprouvés, recherchés ou condamnés ne se fonde pas seulement sur la mémoire visuelle. Depuis la Renaissance, il existe une tradition d’iconographie judiciaire, qui s’attache à représenter la figure des criminels. Dès le xvie siècle, avec le développement de l’imprimerie, fleurissent les portraits gravés de grands meurtriers selon un usage qui perdure à travers les « canards » sanglants et autres illustrés à bon marché. En parallèle, il existe un autre mode de description de l’apparence, fondé sur la seule écriture, privilégié par la justice puis la police : c’est le « signalement », d’origine carcérale et militaire, apparu à la fin du Moyen Âge. D’ailleurs, longtemps après l’invention de la photographie, magistrats et policiers ont continué à considérer l’image comme un moyen d’identification moins fiable que le signalement écrit.

En effet, à des fins d’identification, la justice puis la police préfèrent à l’image, jugée imprécise, un mode de représentation de l’apparence, fondé sur le « signalement » par écrit des caractéristiques physiques. Il enrichit les avis de recherche dès la fin du Moyen Âge, puis se développe pour aboutir sur des « feuilles de signalement » préimprimées. Leur usage, à partir du xviiie siècle, témoigne de la coopération croissante entre les instances judiciaires et la maîtrise par l’État de son territoire.

C’est à la tradition d’imagerie judiciaire inaugurée à la Renaissance qu’appartient ce portrait d’Orsini, révolutionnaire italien, auteur en 1858 d’un attentat contre Napoléon III. Très vite arrêté, il est condamné à mort et aussitôt exécuté. Ici donc, l’identification du délinquant n’est pas un problème. Il s’agit de signifier l’appréhension symbolique du corps du criminel par la justice et son triomphe définitif. Ce thème a été remarquablement évoqué dans l’exposition Crime et châtiment, présentée au musée d’Orsay en 2010.

Premiers usages de la photographie

La photographie au service de la préfecture de police

Sous le Second Empire, la préfecture de police collecte des portraits-cartes, dont le procédé est inventé en 1854 par Eugène Disdéri (1819-1889), pour assurer une forme de repérage visuel des individus. Les archives de la préfecture de police ayant été détruites en 1871, il est difficile de connaître l’ampleur de ce procédé, et il ne reste de cette époque que quelques témoignages d’un détournement de portraits, à l’origine d’albums consacrés à des catégories qui relèvent notamment de la police des mœurs : femmes galantes, homosexuels – la question de l’homosexualité masculine semble bien plus préoccuper les pouvoirs publics que l’homosexualité féminine –, ou encore personnes se livrant au trafic de leur propre image pornographique. Strictement contemporains de ces procédés, notons les progrès de la diffusion, par la presse illustrée, des portraits des grands criminels, réalisés après leur arrestation, qui servent autant de « trophées » à la police qu’à satisfaire la curiosité du public.

Constitué juste après la Commune de Paris et l’incendie qui a ravagé les archives de la préfecture de police, cet imposant registre témoigne de la nécessité de reconstituer une mémoire policière et, ainsi,de rétablir le passé d’une masse d’individus qui se croyaient alors à l’abri des vérifications rétrospectives ; ce n’était de nouveau plus le cas grâce à cet outil.

Dans ces registres, on voit comment les portraits-cartes inventés par Eugène Disdéri en 1854 ont très tôt rempli des albums consacrés à des catégories surveillées, notamment, par la police des mœurs ; il s’agit des mêmes individus que ceux précédemment cités. Diffusés en grand nombre par celles et ceux qui appartiennent souvent au monde du théâtre, ces portraits-cartes tombent facilement entre les mains de la police. Ce détournement de l’image génère ainsi de curieux répertoires, suffisants pour compiler des informations sur un petit nombre de personnes, où les portraits sont associés à de brèves notices biographiques rappelant les parcours, le milieu et la nature des déviances ou spécialités.

Initialement, seuls quelques criminels parmi les plus remarquables étaient photographiés par le service de la préfecture pour enregistrer et conserver leur visage, mais aussi pour permettre la diffusion des portraits de criminels célèbres condamnés à la guillotine.

Au rang des freins, l’utilisation de la photographie pour identifier des criminels se heurte d’abord aux réticences de l’administration. Lorsque le directeur de la prison de Clairvaux propose d’équiper chaque maison centrale d’un appareil photographique, le Conseil de l’inspection générale des prisons refuse, jugeant le procédé peu fiable et inutilement attentatoire à certains droits. Le conseil avance par exemple des raisons morales : la photographie constituerait « une aggravation de peine non prévue par la loi et un moyen de plus d’empêcher tout retour au bien », d’autant plus que les portraits pourraient circuler, « abandonnés dans un greffe à la discrétion d’agents non responsables ».

Naissance de l'identité judiciaire

En 1879, Alphonse Bertillon (1853-1914), simple commis auxiliaire aux écritures à la préfecture de police, met au point un nouveau système de classement des fiches signalétiques des prévenus, qui repose sur une série de mesures osseuses. Combinés à l’usage du portrait photographique et à un vocabulaire normalisé pour décrire les individus, l’élaboration et le classement des fiches anthropométriques ont donné naissance au « système Bertillon ». Officiellement adoptée par la préfecture de police en 1888, l’anthropométrie se répand largement dans la police. S’agissant de l’emploi de la photographie, Alphonse Bertillon est conforté par un contexte technique et scientifique favorable : médecins et anthropologues révèlent toutes les possibilités qu’offre la révolution de l’instantané et, notamment, l’invention des plaques au gélatino-bromure d’argent. Les policiers peuvent désormais se passer des services des photographes professionnels.


Dès la fin du xixe siècle, alors que les empreintes dactylaires apparaissent comme la seule méthode d’identification fiable, des voix s’élèvent pour dénoncer les impasses scientifiques auxquelles mène la recherche obsessionnelle du « criminel-né », tout comme les tentatives de classification des types d’aliénés ou les innombrables catalogues de « types et races ». Il restera néanmoins de ce foisonnement tout un ensemble de protocoles normatifs, dont celui de la photographie judiciaire.

Le bibliothécaire Léon Cahun (1841-1900) est l’un de ces « érudits de terrain » subventionné par l’Instruction publique. Sa première mission en Syrie en 1878-1879 est consacrée à l’étude de la population des Ansariés. À son retour, des photographies méthodiques accompagnées de mensurations sont remises au musée ethnographique et des clichés déposés chez Alphonse Davanne (1824-1912), président de la Société française de photographie. Cahun obtient alors une nouvelle mission anthropologique en Asie, depuis la Syrie jusqu’à la frontière turco-persane. Il s’adjoint un dessinateur et se fait accompagner de sa femme. Or, pensant avoir fait d’importantes découvertes archéologiques en Syrie, il prend du retard. Confronté à des problèmes financiers, il doit demander son rapatriement ; à son retour, il s’emploie à fournir au ministère les résultats de ses travaux pour répondre aux critiques dont il fait l’objet dans les milieux scientifiques.

Alphonse Bertillon, quant à lui, est issu d’une famille de scientifiques. Il intègre en 1879 la préfecture de police de Paris en tant que « commis aux écritures », chargé de la copie et du classement des fiches signalétiques et photographiques. Soucieux de remédier aux nombreuses approximations qui caractérisent l’accomplissement de ce travail, il propose un nouveau système de classement qui s’appuie sur les mesures du corps. Si dans un premier mouvement l’anthropométrie suscite l’hostilité de sa hiérarchie, en 1882, on l’autorise à expérimenter sa méthode pendant trois mois. Le contexte est certainement là encore favorable, dans une période où la toute jeune IIIe République cherche à combattre le récidivisme coûte que coûte. Sa démarche est couronnée de succès puisqu’il réussit à identifier un récidiviste.

La chambre illustrée ci-contre n’est pas du type de celles utilisées à la préfecture de police à l’époque de Bertillon. Il s’agit ici d’un modèle postérieur, conservé à la section criminalistique de l’École nationale supérieure de police, à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Cependant, c’est bel et bien grâce à ce type d’imposants appareils que Bertillon entreprend de rationaliser le domaine de la photographie judiciaire, à laquelle de nombreux perfectionnements seront apportés jusqu’au début des années 1910. Concernant les portraits, il opte pour une double pose, de face et de profil, afin de favoriser la reconnaissance de caractères tels que le nez ou l’oreille. Un mode spécifique de prise de vue et la position de l’objectif permettent en particulier d’assurer l’horizontalité du regard pendant la pose de face. Pour ce faire, des réglages adaptés à chaque sujet peuvent être réalisés par l’opérateur, grâce à un appareil photographique spécialement conçu, qui repose sur un bâti en fonte. L’individu photographié est ainsi placé mécaniquement de profil. Par ailleurs, la distance entre l’appareil et le sujet, permettant d’aboutir à un rapport d’échelle fixé tout d’abord à 1/7, structure l’ensemble du procédé qui rend possible l’équivalence des formes et assure un moyen théoriquement mathématique de comparaison entre la photographie et le sujet.

La confection des clichés signalétiques face/profil tend à faire du prévenu un automate qui ne peut que subir la froideur fonctionnelle des contraintes qu’on lui impose. La conception et l’usage des appareils, de même que la normalisation des procédures, ne lui laissent presque aucune autonomieau prévenu ou au photographe : la procédure est « standardisée ». La chaise anthropométrique a été conçue par Bertillon de façon à écarter « toute cause d’affaissement du modèle pendant la pause », la tête du prévenu étant maintenue à l’aide d’une réglette en fer ou par un aide-opérateur qui, toutes proportions gardées, apparaît, au même titre que le bourreau, comme « l’agent d’une violence qui s’applique, pour la maîtriser, à la violence du crime » (Pierre Piazza).

La nouvelle méthode d’identification repose d’abord sur la mesure de certaines parties du corps (longueur de la tête, du médius, de l’auriculaire, de la coudée, du pied, etc.). Lors du relevé des mensurations, les fonctionnaires de la préfecture de police observent une batterie d’instructions dont le seul but est d’obliger chaque individu à se conformer à toute une série de mouvements et de postures strictement définis. Placé contre un mur,les bras en croix, assis sur un tabouret de quarante centimètres de hauteur, debout sur un seul pied… le sujet fait l’objet d’une multitude d’attouchements auxquels il doit impérativement se soumettre.

En 1879, les fiches de recherche et mandats d’arrêt présentés ici à gauche, associés à des portraits ont, semble-t-il, été utilisés au cours de l’enquête sur l’assassinat d’un pharmacien par un certain Walder. Nous sommes alors encore loin de la normalisation que Bertillon s’efforcera d’imposer, au cours des deux décennies suivantes, à la préfecture de police. L’usage du portrait photographique dans les feuilles signalétiques et les mandats d’arrêt sont encore balbutiants. Surtout, les portraits des criminels obéissent toujours à des considérations « artistiques » voire, font l’objet de retouches, les rendant parfaitement inutilisables aux yeux de Bertillon.

La photographie judiciaire a deux usages principaux : confondre un récidiviste en le confrontant au portrait déjà dressé dans le cadre d’une première affaire ; permettre aux policiers ou témoins, lors d’une enquête, de reconnaître un individu recherché. À la fin du xixe siècle, à la préfecture de police, ces usages induisent deux types de fiches : la fiche anthropométrique (voir infra) comportant le portrait face/profil et la fiche de recherche au format carte-de-visite, avec le seul portrait de face au recto, accompagné de quelques indications au verso.

Sous l’impulsion de Bertillon, le Service de l’identité judiciaire de la préfecture de police devient ce laboratoire de l’identité qui donne peu à peu naissance au « système Bertillon ». Son auteur, qui n’hésite pas à transformer ses enfants en cobaye en les photographiant, ne va cesser de l’enrichir, certainement influencé par les travaux de Lombroso : description des signes particuliers (cicatrices, grains de beauté, tatouages), colorimétrie de l’iris, description méticuleuse par le « signalement descriptif » du visage et du corps, empreintes dactylaires. D’un format carré, de 15 cm de côté environ, la « fiche parisienne » va connaître une très longue postérité.

Cette fiche et celles qui la précèdent montrent l’évolution de la « fiche parisienne » avec, entre autres, l’adjonction des empreintes dactylaires. En effet, la dactyloscopie apporte une garantie nouvelle et absolue en matière d’identité. Elle rend obsolète l’anthropométrie, clef de voûte du système Bertillon, mais qui ne permettait de différencier que deux individus dissemblables. Cette technique n’était pas la garantie intangible, certaine, de l’identité. C’est donc à contrecœur que Bertillon fait évoluer sa « fiche parisienne » en y adjoignant une, puis quatre, puis cinq empreintes dactylaires, et ce n’est qu’en 1904 qu’il adopte la fiche décadactylaire, en usage dans la plupart des pays.

Dès 1862, les malades mentaux ont été les premiers à servir de cobayes pour les travaux du Docteur Guillaume Duchenne de Boulogne (1806-1875). Le mouvement continue dans les années 1860-1870 avec des expériences menées à l’hôpital Saint‑Louis (1868), et en 1876 à la Salpêtrière, sous la houlette d’Albert Londe (1858-1917), Jean-Martin Charcot (1825-1893) et Désiré-Magloire Bourneville (1840-1909). Les photographies de ces trois enfants handicapés, sans doute réalisées par Bertillon, sont révélatrices de la proximité de ce dernier avec le monde médical.

Succès et limites du système Bertillon

L’anthropométrie, qui a connu un succès international fulgurant à l’issue du congrès d’anthropologie criminelle de 1889, est peu à peu critiquée : on dénonce ses limites, les « attouchements vexatoires », surtout vis-à-vis des femmes, qu’impliquent les mensurations du corps ; on conteste son efficacité ; on craint les abus de la police et l’application de ce dispositif humiliant aux honnêtes citoyens…

La fiche signalétique dite parisienne, combinant photographie de face/profil, marques particulières (cicatrices, tatouages, etc.), mesures anthropométriques, « portrait signalétique » et, progressivement, empreintes digitales, sert désormais de modèle. Il existe toutefois de nombreuses variantes locales.

Dans la police spéciale des chemins de fer (ancêtre des Renseignements généraux), le contrôle des étrangers ou le contre-espionnage, les photographies font leur apparition dans les dossiers nominatifs, les registres et les listes de suspects. Les anarchistes sont alors les cibles privilégiées des petits appareils portatifs mis sur le marché qui permettent à des opérateurs de prendre des photographies sur le vif, en pleine rue, sans que le « client » n’en sache rien. Dans bien des cas, il ne s’agit pas de photographies aux normes définies par Bertillon, mais de simples portraits détournés de leur usage premier. Dans le domaine des sciences, en revanche, le face/profil et la photographie métrique préconisés par Bertillon continuent d’être appliquée jusqu’au xxe siècle.

Fiche anthropométrique d’Alfred Dreyfus. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, 2Fi 2503 (fiche d’Alfred Dreyfus)

Fiche anthropométrique d’Alfred Dreyfus. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, 2Fi 2503 (fiche d’Alfred Dreyfus)

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

Fiches anthropométriques de bagnards. Fichier du ministère des Colonies pour les patronymes commençant par les lettres D et E, de 1884 aux années 1930

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Source : Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, Col H 5097

À l’exception de la fiche d’Alfred Dreyfus, ces fiches anthropométriques ont été réalisées, pour la plupart, dans différentes maisons d’arrêt en métropole et en Algérie, ce qui explique leur manque d’homogénéité : certaines portent le nom et la photographie sur le recto ; sur d’autres, le nom est au recto, la photographie au verso. On observe l’évolution du support et de la qualité des photographies. Dans les années 1890, le prévenu est photographié torse nu. De nombreuses indications portent sur les tatouages et marques physiques.

Au ministère de l’Intérieur, les premières grandes séries de dossiers nominatifs sont constituées à partir des années 1880. Pour les seuls interdits de séjour, 50 000 dossiers sont ouverts de 1889 jusqu’à 1906, année de clôture d’une première série. La majorité de ces dossiers ne comportent pas de photographies ; nous pouvons cependant noter l’apparition de portraits photographiques épinglés sur certaines notices individuelles ou fiches anthropométriques cartonnées.

Dossier du ministère de l’Intérieur sur l’espionnage allemand en France. Répertoire des photographies des attachés militaires en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, portraits d’officiers, 1886-1905

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Source : Paris, Archives nationales, F7 12645

Dossier du ministère de l’Intérieur sur l’espionnage allemand en France. Répertoire des photographies des attachés militaires en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, portraits d’officiers, 1886-1905

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Source : Paris, Archives nationales, F7 12645

Dossier du ministère de l’Intérieur sur l’espionnage allemand en France. Répertoire des photographies des attachés militaires en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, portraits d’officiers, 1886-1905

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Source : Paris, Archives nationales, F7 12645

Dossier du ministère de l’Intérieur sur l’espionnage allemand en France. Répertoire des photographies des attachés militaires en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, portraits d’officiers, 1886-1905

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Dossier du ministère de l’Intérieur sur l’espionnage allemand en France. Répertoire des photographies des attachés militaires en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, portraits d’officiers, 1886-1905

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Dossier du ministère de l’Intérieur sur l’espionnage allemand en France. Répertoire des photographies des attachés militaires en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, portraits d’officiers, 1886-1905

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Source : Paris, Archives nationales, F7 12645

Dossier du ministère de l’Intérieur sur l’espionnage allemand en France. Répertoire des photographies des attachés militaires en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, portraits d’officiers, 1886-1905

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Source : Paris, Archives nationales, F7 12645

Fiches de recherches d’anarchistes espagnols amnistiés, transmises à la Sûreté générale par la police espagnole, 1900

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Source : Paris, Archives nationales, F7 12725

Fiches de recherches d’anarchistes espagnols amnistiés, transmises à la Sûreté générale par la police espagnole, 1900

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Fiches de recherches d’anarchistes espagnols amnistiés, transmises à la Sûreté générale par la police espagnole, 1900

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Fiches de recherches d’anarchistes espagnols amnistiés, transmises à la Sûreté générale par la police espagnole, 1900

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Fiches de recherches d’anarchistes espagnols amnistiés, transmises à la Sûreté générale par la police espagnole, 1900

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Source : Paris, Archives nationales, F7 12725

Dans le domaine de la surveillance des suspects et du renseignement, les méthodes élaborées à cette époque apparaissent maladroites quand il s’agit de traiter des images. Il est vrai que les photographies réalisées en atelier, collées sur de beaux cartons de montage, se prêtent mal à une mise en fiche. Des listes ou des répertoires alphabétiques de noms renvoient ainsi aux portraits collectés, bien entendu, à l’insu des individus. C’est notablement le cas de ces listes dressées par la Sûreté générale concernant les attachés militaires de l’ambassade d’Allemagne, tous soupçonnés d’espionnage.

Sous le coup d’un mandat policier lors de l’affaire Dreyfus, Émile Zola parvient à fuir la France en dépit des avis de recherche lancés contre lui. Des portraits de l’écrivain sont transmis par la préfecture de police à la Sûreté générale (ministère de l’Intérieur), qui en assure la diffusion dans les départements. Le commissariat spécial de police des chemins de fer, du port et de l’émigration de Bordeaux (ancêtre des Renseignements généraux) accuse réception de la photographie. Ces échanges de courriers illustrent la façon dont, en matière de sûreté de l’État, travaille alors la police : seule la préfecture de police est équipée pour reproduire des photographies, mais c’est à la Sûreté générale que revient le soin de les diffuser sur le territoire.

Dans les années 1900, le développement de la presse illustrée entraîne un recours généralisé à l’image pour nourrir les dossiers. Dès lors, dans les bureaux et brigades des renseignements généraux, créés à la préfecture de police, mais aussi au ministère de l’Intérieur, le travail quotidien se fait à partir de journaux, maniant alors ciseaux et colle. Les effigies d’anarchistes, de communistes, de syndicalistes, de bonapartistes, de royalistes, etc., commencent à agrémenter les enveloppes prévues à cet effet dans les dossiers des personnalités. Pour les individus moins connus, les policiers usent de photographies de groupes, réalisées lors de réunions, de meetings, à l’occasion des Premier mai ou de congrès, parfois diffusées sous forme de cartes postales : le policier numérote sur la photographie tous les personnages identifiés et en dresse la liste au verso.

Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Source : Nantes, Centre des Archives diplomatiques, 1MA/100/135 (Fonds Maroc, direction des Affaires indigènes, n° 135)

Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Recueil de notices individuelles sur les caïds, cadis, chefs religieux et personnages influents du cercle de Fès-banlieue, vers 1913

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Source : Nantes, Centre des Archives diplomatiques, 1MA/100/135 (Fonds Maroc, direction des Affaires indigènes, n° 135)

Longtemps fermé à l’Occident, le Maroc est le champ clos des rivalités européennes au début du xxe siècle. La France sort gagnante de cette lutte et obtient un protectorat en 1912. Le général Lyautey (1854-1934), premier résident général, conscient de l’importance de l’image, fait réaliser quantité de reportages photographiques, tant pour promouvoir son action, que pour vanter la beauté du pays. Il est fort possible que ce soit à l’instigation de Lyautey que ces très beaux portraits furent réalisés pour agrémenter des notices vraisemblablement rédigées à l’état-major de l’armée ou dans les services civils du protectorat.

À la fin du xixe siècle, la police britannique n’a pas suivi les préconisations de Bertillon en matière de photographie judiciaire. Grâce à un miroir disposé près du prévenu photographié, leur procédé offre une double image réalisée à partir d’une pose unique. Bertillon trouve un inconvénient majeur à cette pratique : le public est en mesure de reconnaître immédiatement l’origine judiciaire d’un portrait. En effet, en France, seul le portrait de face est utilisé lors des enquêtes.

Sur cet album vraisemblablement réalisé à des fins didactiques, on note une caractéristique originale de la photographie judiciaire allemande : le portrait de ¾ face. Les origines de ce troisième portrait dans les fiches de la police allemande demeurent obscures. Sous le IIIe Reich, on le retrouvera, de manière systématique, dans l’abondante production des services d’identification des camps de concentration.

Ces reproductions sur plaques de verre de fiches de polices étrangères montrent le succès international de la « fiche parisienne », à cette nuance près que Bertillon n’avait que très tardivement reconnu les mérites de la dactyloscopie (1904, comme vu supra). Dès 1914, à Monaco, le premier congrès de police judiciaire internationale émet le vœu que la « fiche parisienne » soit prise comme modèle pour l’élaboration d’une « fiche signalétique internationale ». En 1923, Vienne devient le siège de la Commission internationale de police criminelle, ancêtre d’Interpol, et commence à centraliser les fiches des individus signalés et recherchés au-delà des frontières des États.

Dès la fin du xixe siècle, des voix s’élèvent pour dénoncer les impasses scientifiques auxquelles a mené la recherche obsessionnelle du « criminel-né », comme le démontrent les débats houleux tenus lors des Congrès d’anthropologie criminelle. De manière identique sont contestés les innombrables catalogues de « types et races ». Toutefois, étant donné les vertus de précision qu’on leur prêtait et, à la suite de leur adoption comme normes quasi internationales, les techniques de la photographie judiciaire resteront longtemps en usage dans les milieux scientifiques.

Datés de 1889, année du Congrès international d’anthropologie criminelle de Paris qui voit le triomphe de l’anthropométrie, ces documents montrent à quel point la police scientifique, la médecine et les sciences humaines se sont mutuellement nourries de leurs travaux. Le docteur Fernand Delisle (1836-1911), préparateur au Muséum d’histoire naturelle, membre de la Société d’anthropologie, se spécialise dans l’étude des déformations crâniennes dues à des pratiques locales (pressions exercées sur le crâne de l’individu par différents bonnets et serre-têtes). Il réalise pléthore de clichés de face et de profil d’hommes et de femmes présentant, dans la région de Toulouse et le département des Deux-Sèvres, des déformations artificielles du crâne. Ayant exposé les résultats de ces travaux au ministère de l’Instruction publique, il obtient, en 1890, une mission pour réaliser une « carte de la distribution des déformations artificielles du crâne dans les diverses régions de France ».

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