C'est dans cet îlot qu'est implanté l'ancien dépôt de mendicité, transformé depuis l'ouverture de Loos en maison de santé, puis en maison d'arrêt. En 1826, le comte de Murat, préfet du Nord, décide de construire sur ce même site un palais de justice et une nouvelle prison. Le concours ouvert est remporté en 1927 par Victor Leplus, architecte départemental.
4. La maison d'arrêt
Plan du chapitre
La maison d'arrêt
Accepté en 1829, le projet de Victor Leplus fut révisé plusieurs fois avant qu'il soit définitivement approuvé, le 9 mars 1831. La nouvelle prison ne fut achevée qu'en 1839. On distingue bien sur ce plan le parti-pris de l'architecte : l'espace du jugement est placé au centre, tandis que les lieux de détention sont ventilés dans les parties périphériques de l'édifice. Est prévue une séparation des détenus par sexe et catégories (prévenus, enfants, dettiers, condamnés...)
Cette vue en élévation confirme la répartition fonctionnelle et symbolique de l'espace, renforcée par le traitement visuel des bâtiments. Le corps central, lieu du jugement, est majestueux, de style antique. Les parties latérales destinées à la détention sont nettement plus banales.
Bâtiments de la maison d'arrêt des femmes. Chaque aile pénitentiaire est coupée en trois corps de bâtiments, reliés par les préaux. Cette séparation vise à faciliter la répartition des détenus par catégories.
La prison Leplus fut peu à peu victime de surpopulation. Voici un état des lieux, énoncé le 16 avril 1885 en séance du conseil général : "La situation est particulièrement catastrophique à la prison de Lille : l’encombrement y est plus grand que dans aucune autre prison. Les dortoirs sont insuffisants ; un certain nombre de détenus, 70 en moyenne depuis le 1er janvier 1885, n’ont pas de lit, faute de place ; ils couchent sur des paillasses qu’ils déposent dans les différents locaux de la maison. L’hygiène est fort mauvaise ; au lieu de 12 m3, chaque homme n’en a pas six. De là les épidémies de fièvre typhoïde qui ont déjà régné à la prison. La place manque aussi pour les enfants détenus par voie de correction paternelle. M. le Président du Tribunal est obligé de refuser les ordonnances de détention, et celles qu’il rend restent souvent sans exécution. Les diverses catégories de détenus sont confondues […] La surveillance est impossible dans cette maison ; sur tous les points, même dans les cours, les détenus forment des groupes si nombreux et si serrés que les gardiens ne peuvent y maintenir le bon ordre et la discipline […] Des rapports d’une honteuse immoralité s’établissent entre ces individus de tous âges et de toutes catégories ; nous ne pouvons insister." Il fallut toutefois attendre vingt années de plus pour voir aboutir la construction d'une nouvelle prison, réalisée sur un tout autre modèle.
La construction de prisons départementales sur le modèle cellulaire fut relancée sous l'impulsion de la loi du 5 juin 1875. Son application fut plus ou moins différée selon les départements. Dans le Nord, les maisons d'arrêt de Loos et de Douai furent construites en même temps. Celle de Loos accueillit ses premiers détenus le 1er septembre 1906.
Si l'architecture de la maison d'arrêt tente de capter la lumière, elle applique le principe de l'enfermement individuel autant que possible, même dans le cas d'événement collectif. Ainsi, ces loges (ou logettes) sont destinés à recevoir un unique détenu, pour que tous puissent, ensuite, suivre la messe ou des conférences morales, sans qu'aucune communication ne soit possible. Illusion d'architecte...