Sur la place des Récollets s’ouvrait le portail du palais de justice. La gendarmerie et les Archives départementales - situées derrière - ont été construites durant les années 1875-1877.
3. Le procès de Gaston Dominici (novembre 1953)
Plan du chapitre
Le palais de justice de Digne
Le rez-de-chaussée du palais de justice de Digne
C’est à peu près ainsi que se présentait le palais de justice de Digne en 1954, avec son entrée dans la cour intérieure par le portail situé à l’ouest, l’accès au cabinet du juge d’instruction à droite et à la cour d’assises par la grande porte en face. Pour la tenue des assises de 1954, le préfet a dû faire modifier l’abonnement auprès d’« Electricité et Gaz de France » afin d’améliorer l’alimentation électrique du palais de justice (installation de courant « force motrice »), le tout pour un montant de 13 473 francs.
Aujourd’hui, le palais de justice a été entièrement réaménagé : la partie ancienne n’est plus accessible au public. Le palais s’ouvre désormais directement et de plain-pied sur l’extérieur.
Le banc de la défense et le ministère public
Le procès de Gaston Dominici s'ouvre au palais de justice de Dignes le 17 novembre 1954. L’étroitesse de la salle a nécessité quelques adaptations quant à la géographie des assises. Devant Gaston Dominici, assis et encadré par trois gendarmes, le banc de la défense avec Me Pollak (1), Me Léon Charles-Alfred (2), Me Bernard Charles-Alfred (3), Me Tartanson (4), Me Pierre Charrier (5), ainsi que l’avocat de la partie civile, Me Claude Delorme (6). À la gauche de Gaston Dominici, le ministère public représenté par l’avocat général Rozan (7) et le procureur Louis Sabatier (8).
Les juges et les « invités »
Au premier plan, les trois juges : au centre le président Bousquet (1) à sa droite le conseiller Combas (2) à sa gauche le juge Deveaurin (3) au deuxième plan, les « invités », dont le président du conseil général Ernest Borrély (6) l’écrivain Salacrou (4) et… Jean Giono (5)
Les jurés
Les jurés sont photographiés dans la salle des assises. Depuis l’ordonnance du 21 avril 1944 « portant organisation des pouvoirs publics en France après la libération » (Journal officiel du 22 avril 1944) qui donne le droit de vote et l’éligibilité aux femmes, celles-ci ont donc la possibilité d’être jurées dans les cours d’assises1. Mais, curieusement, sur la photographie, aucun visage féminin ! Parmi eux, neuf sont choisis pour la tenue des assises, dont deux suppléants.
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1 Boigeol, Anne, « Les femmes et les Cours. La difficile mise en oeuvre de l’égalité des sexes dans l’accès à la magistrature », Genèses, 22, 1996, La ville : postures, regards, savoirs, p. 107-129
L’affluence dans la salle des assises
La foule se presse lors des audiences : au premier plan, les journalistes assis sur trois rangs rédigent leurs papiers.
Le sensationnalisme dans la presse
Détective
Spécialisé dans le fait divers criminel, Détective consacre un numéro spécial au « monstre de Lurs » alors jugé aux assises à Digne et, afin d’accrocher le lecteur, recourt avec profusion à la photographie et aux gros titres. Tout le « film » de l’affaire est retracé en pages intérieures grâce à des titres et des photographies : « Le monstre, vaincu et enchaîné, marche vers son châtiment ». Le 30 novembre, une nouvelle livraison présente un cliché en une du commissaire Sébeille tenant la carabine du crime, titré : « 15 mois d’enfer à Lurs ».
Paris-Match
Match couvre aussi le procès : sa une est un gros plan de Gaston Dominici car « cette tête a gardé son secret pendant 15 mois ». Un important dossier est consacré au « dénouement du drame de Lurs » en pages intérieures, avec là encore, un recours massif à la photographie, qui est une marque du traitement journalistique du fait divers.
Le Provençal
On peut être légitimement étonné de la puissance de l'écho du crime de Lurs qui s'amorce dès la découverte des faits, et dont l'onde aujourd'hui encore continue de se propager à l'occasion de la publication d'un ouvrage ou de la diffusion d'un documentaire. Pour comprendre la pérennité de cette affaire, il faut retenir en premier lieu ses circonstances particulièrement dramatiques, le statut des acteurs et des victimes, le lieu, le temps et l'univers mental dans lesquels l'événement a surgi. Durant les premiers mois de l'enquête, le fait de l'absence d'un coupable désigné en a évidemment accentué la résonance, avant même son épilogue - le jugement en cour d'assises, la plus haute juridiction pénale -, point d'orgue d'une affaire criminelle qui a marqué l'histoire judiciaire de la France.