4. Le plateau du 2e camp

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Le plateau du 2e camp

Le plateau du 2e camp tient son nom du fait qu'il accueillait initialement le 2e camp des relégués (disparu en 1899). Ce plateau est par la suite occupé principalement par la caserne d'infanterie et la cantine administrative.

Ce pavillon double pour surveillants mariés date de 1917.

Construite en 1899, la caserne d'infanterie se situe sur l'emplacement du deuxième camp des relégués. Rapidement rasées, les cases du deuxième camp laissent ainsi la place à un bâtiment considéré à l'époque comme le plus important et le mieux bâti de Saint-Jean. L'emplacement choisi n'est pas anodin : la caserne se situe entre le quartier administratif et le camp central des relégués. Ainsi, en cas de révolte, la troupe peut facilement intervenir pour les empêcher d'atteindre le personnel administratif.

Mais le départ du détachement d'infanterie de marine en 1905 entraîne son occupation par des surveillants célibataires. L'année suivante, elle accueille la salle d'honneur des surveillants militaires qui peuvent s'y réunir, y emprunter des ouvrages à la bibliothèque et y organiser des bals. Le soir, après leur service, les surveillants aiment à s'y rendre pour y jouer aux cartes tandis que leurs épouses y jouent au croquet. La caserne accueille également la coopérative du personnel ainsi que l'école et le logement de l'institutrice de la relégation.

Ce bâtiment est constitué d'une case de système Paris et date de 1905. Auparavant, la cantine était située au sein du quartier administratif. Les relégués s'y rendaient fréquemment pour y faire leurs achats règlementaires. Afin d'éviter toute promiscuité avec le personnel administratif, la cantine est reconstruite au niveau du plateau du 2e camp. Il s'agit du bâtiment le plus en amont du quartier administratif, situé entre la caserne de troupe et le camp central des relégués. Cela permet de l'isoler du quartier officiel mais également du camp central afin d'éviter les vols. Le cantinier, qui selon les époques peut-être un membre de l'administration pénitentiaire ou un entrepreneur privé, réside au premier étage tandis que le rez-de-chaussée est occupé par une salle à laquelle on accède par un tourniquet.

La cantine dispose de deux guichets auxquels peuvent se présenter tous les jours, de 11 heures à midi et de 17 heures à 18 heures (le dimanche de neuf heures à midi), les relégués. Le personnel administratif peut s'y rendre en dehors de ces horaires. Le cantinier vend des denrées alimentaires et des objets d'épicerie, de mercerie et de papeterie. Mais ces produits, dont la quantité et la désignation sont arrêtés par un décret du gouverneur, ont un coût assez élevé par rapport au salaire dont disposent les relégués. Ces derniers ne possèdent pas d'argent : leur salaire est directement reporté sur leur pécule et ils ont l'obligation de venir le dépenser à la cantine administrative. Les relégués se rendent donc directement au comptoir de la cantine où il est tenu un registre des pécules de chacun d'eux ou bien peuvent également y dépenser des bons de vivres qui leur sont remis par le chef de centre. Le cantinier rencontre beaucoup de difficultés en règle générale pour approvisionner correctement les relégués et réserve au personnel administratif les meilleures denrées. Bien que le règlement le lui interdise, il vend de l'alcool aux relégués, qui se saoulent fréquemment à la cantine, et accepte d'être rémunéré grâce à l'argent qu'ils lui remettent.