3. Le quartier administratif ou officiel

Plan du chapitre

Le quartier administratif ou officiel

Saint-Jean en 1887. Il comprend tous les bâtiments publics d'importance (hôpital, pharmacie, mairie, logements des autorités civiles et religieuses, etc.). Bien qu'il dispose à l'origine d'un camp réservé aux relégués (le camp de relégués), ce quartier devient rapidement un lieu réservé au personnel administratif et les condamnés en sont exclus. Peu à peu, tous les bâtiments situés au sein de ce quartier et fréquentés par des relégués, comme leurs cases ou la cantine administrative, sont déplacés hors de ce périmètre afin d'éviter au maximum tout contact avec la population pénale (à l'exception de l'hôpital, qui y demeure). Le jour de leur arrivée à Saint-Jean, les relégués d'un nouveau convoi traversent le quartier officiel pour se rendre ensuite au camp central, la partie du pénitencier qui leur est réservée. Le reste du temps, ils ne s'y rendent qu'en journée, accompagnés d'un surveillant, et seulement pour y travailler.

Le quartier administratif est traversé de tout son long par une allée intitulée "allée de l'hôpital" ou "allée principale". Les bâtiments se répartissent de part et d'autre de cette allée qui débouche sur le fleuve Maroni. Comme tous les bâtiments construits à Saint-Jean, les bâtiments du quartier officiel sont édifiés en hauteur ou en pente, afin de favoriser une meilleure aération et un écoulement des eaux de pluie.

Le logement des médecins est constitué d'une case de type Roussel édifiée en 1889. Cette case a toutefois été détournée car elle était initialement prévue pour être construite au sein du camp central des relégués. Il s'agit aujourd'hui du bureau du commandant du 9ème RIMA. Elle jouxtait l'hôpital de Saint-Jean qui suivait un plan de composition en quatre parties disposées en croix de Saint-André (rasé en 1917 et remplacé en 1919 par une ambulance aujourd'hui disparue). A l'intérieur, les médecins assuraient les soins mais le reste des décisions, notamment administratives, étaient décidées par un commis aux ordres de l'administration pénitentiaire. Ce n'est qu'en 1925 que le service médical à la relégation est entièrement réorganisé et devient autonome.

Débutée en janvier 1919, l'ambulance de la relégation est achevée le 28 juin suivant. Elle se situe sur l'emplacement de l'hôpital de la relégation qui fut construit en 1889 et rasé en 1917. Elle comprend trois bâtiments d'une capacité totale de 46 lits. Un bâtiment comprend deux grandes salles : la première est une salle de médecine qui contient 22 lits et la seconde est une salle de pansements et un laboratoire qui contient 20 lits. Dans la seconde salle se situe une salle de chirurgie et une salle d'opération. Elle contient également une chambre isolée contenant deux lits réservés aux relégués ayant subi une intervention chirurgicale. Un dernier bâtiment accueille le bureau du médecin-major, une petite pièce munie d'un lit afin de procéder aux consultations du personnel libre et un bureau pour les infirmiers-médecins majors qui sert également d'entrepôt pour les provisions de l'ambulance et de la pharmacie.

Construit en 1889, le magasin dit de l'hôpital contient deux étages : le rez-de-chaussée sert de cambuse et le premier étage de magasin. A la suite de sa désaffection, ce bâtiment est utilisé comme pharmacie puis devient une chapelle à partir de 1933. C'est là que l'aumônier du bagne vient célébrer l'office et enseigner la catéchèse aux enfants du personnel administratif.

Présents dès 1887 à Saint-Jean, de nombreux aumôniers de la congrégation du Saint Esprit y exercent leur difficile ministère. Leur rôle auprès des relégués se limitent bien souvent à recueillir les dernières paroles des mourants et à leur donner les saints sacrements. En outre, l'exécution de l'office religieux est plus ou moins régulier à la relégation : la loi du 17 juillet 1903 sur les congrégations religieuses entraîne le départ de l'aumônier de Saint-Jean. C'est donc celui de Saint-Laurent qui doit assurer la célébration du culte à la relégation, avec plus ou moins de régularité, tant sa charge est écrasante.

Du temps du bagne, la chapelle était décorée par des relégués : il y figurait des inscriptions religieuses au-dessus du tabernacle et des anges sur les murs. De nos jours, la décoration intérieure de la chapelle est simple et dépouillée. On note toutefois sur les murs des jeux de lumière colorée, obtenus par un procédé astucieux (voir photo 2)

Ce pavillon double destiné à des surveillants mariés date de 1912. A cette époque, il vient remplacer une case en bois de système Pillet et Schmidt occupée par les sœurs de la congrégation de Saint-Paul de Chartres. Les huit à neuf sœurs, qui ont le rôle d'infirmières-major au sein de l'hôpital de Saint-Jean, quittent la relégation au mois d'août 1904, suite à la loi sur la laïcisation des hôpitaux. Leurs bâtiments sont ensuite occupés par des surveillants avant d'être rasés et reconstruits.

Le chantier du logement du chef de dépôt, ou villa du commandant supérieur de la relégation, dure trois ans : de décembre 1895 à mai 1898. Il s'agit d'une case de modèle Schoeller dotée d'un jardin où se produit régulièrement la fanfare de la relégation.