Inventée au XIXe siècle, l'anthropométrie judiciaire est une science au service de l'identification criminelle. Cette technique policière, bâtie sur des règles méthodiques de mensurations corporelles, cherche à lutter contre la dissimulation et la substitution d'identité. La loi du 30 août 1832 abolit définitivement le marquage au fer rouge des criminels. Dès lors, comment repérer un criminel ayant déjà eu affaire à la justice ? Le casier judiciaire est instauré en 1850 dans ce but, mais cela n'est pas suffisant. En 1880, l'anglais William James Herschel (1833-1917) établit les bases du relevé des empreintes digitales appelées dactyloscopie. A l'époque, cette technique est considérée comme "reine des preuves" par la police criminelle. En 1894, la dactyloscopie est utilisée sur les fiches anthropométriques sous l'impulsion d'Alphonse Bertillon (1853-1914). Considéré comme le père de l'anthropométrie judiciaire française, Alphonse Bertillon est un jeune commis auxiliaire aux écritures de la Préfecture de police de Paris. Dès 1882, il cherche à prévenir la criminalité par des règles de mensuration et de portrait photographique du criminel. En 1883, il identifie le premier récidiviste à l'aide de onze mesures osseuses. Le succès du "Bertillonnage" est tel qu'il est copié dans tous les établissements pénitentiaires de l'Hexagone mais aussi dans le monde entier (à Berlin, Scotland Yard et jusqu'aux prisons américaines). Dès lors, un matériel anthropométrique composé de tables, de toises et de compas de proportion complété d'appareils photographiques est utilisé dans les établissements pénitentiaires pour prendre les mesures des détenus. A l'entrée du château, un bâtiment annexe accueille le parloir, le greffier mais aussi un espace dédié à l'anthropométrie. Les méthodes d'identification de la prison de Mayenne visent à améliorer les fiches de renseignements des personnes arrêtées et recherchées. Les services d'identification antrhopométrique mis en place reposent sur la mesure de parties du corps telles que la longueur de la tête, du majeur, de l'auriculaire ou encore de la coudée du pied. Les fiches individuelles "Bertillon" s'enrichissent progressivement d'autres critères personnels tels que tatouages, cicatrices ou grains de beauté.