Tous prennent ensuite place dans un des 30 dortoirs collectifs (d’une contenance totale de 496 places) où chacun reçoit une paillasse, un drap et une couverture. Les forçats dorment les uns contre les autres sur des bat-flancs. Au centre de ce dortoir se situe un baquet destiné à leurs besoins naturels et il n’y a aucun chauffage. Une lampe brûle toute la nuit, et une grille ainsi que plusieurs judas permettent aux surveillants d’observer, depuis le couloir de ronde, les forçats durant la nuit qui débute à 19 heures au dépôt. Les forçats sont appelés par leur matricule et ce numéro est directement peint sur le bras gauche de leur vareuse afin de pouvoir toujours rester en évidence.
Les 650 à 700 forçats doivent ainsi patienter environ trois semaines avant leur embarquement pour la Guyane. Néanmoins, les transportés, arrivés avant les relégués, peuvent rester plusieurs mois au dépôt tandis que les relégués n’y restent en moyenne que deux à quatre semaines.
D’après le transporté Eugène Dieudonné, l’arrivée des relégués au dépôt signale ainsi aux transportés l’imminence d’un départ : « Le départ pour la Guyane est attendu avec impatience par les forçats. La Guyane, c’est l’évasion possible. On ne vit que pour cela. Aussi, quand les relégués arrivent à Saint-Martin pour le départ, la joie est générale. » (Eugène Dieudonné, « Premières étapes sur la route du bagne », Détective, 24 octobre 1929, n°52, p. 10-11)