Aux yeux de l’opinion publique qui découvre le cinéma américain après quatre années de censure, ils ne sont qu’une seule bande qui fait les titres de la presse jusqu’en 1949 : Pierrot le Fou et son gang des tractions avant. Un cadavre exhumé brise une commode représentation de la délinquance violente. Pierrot le Fou est mort, et ceci depuis deux ans et demi, comme le confirme le médecin légiste. La presse a tant fantasmé. Ils sont en fait très nombreux ces gangsters et cambrioleurs qui déjouent les ruses de la police en ces années de Libération. Cinq noms ont retenu l’attention et demeurent dans la mémoire confuse de l’époque : Pierre Loutrel, dit Pierrot le Fou, Pierre Carrot, dit Pierrot le Fou n° 2, Émile Buisson, le premier « ennemi public n° 1 », Paul Dellapina et René Girier, les « aimables » cambrioleurs et « rois » des évasions. Leurs audaces, violences, évasions, leurs complicités ponctuelles, leur « aura » dans le milieu ont forgé un mythe. Ces cinq personnalités n’ont agi qu’avec des complices, des frères et des compagnons de misère militaire ou carcérale. Leurs proches méritent également attention. Ces derniers sont moins connus mais ont été des complices fidèles et ont contribué à forger une légende sulfureuse collective.
Sources iconographiques : collection Philippe Zoummeroff et collection Jean-Claude Vimont
Relecture, assemblage : Marc Renneville, directeur du Centre pour les humanités numériques et l’histoire de la justice (CLAMOR, UAR 3726)
Édition en ligne : Delphine Usal, chargée d’édition, Centre pour les humanités numériques et l’histoire de la justice (CLAMOR, UAR 3726)