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2 janvier 1852

Circulaire Morny du 2 janvier 1852

"Monsieur le préfet,

le gouvernement a pris la ferme résolution de ramener le calme et la paix au milieu de nos populations trop longtemps agitées par des utopistes et des rêveurs ou par des hommes inspirés par les convoitises les plus criminelles. L’organisation de sociétés secrètes et la déplorable clientèle dont quelques uns de ces hommes avaient su s’entourer leur avaient permis de conquérir une influence funeste. La crainte qu’ils inspiraient dominait tous les esprits et n’est pas encore entièrement dissipée dans quelques localités; cette situation est de nature à compromettre profondément l’ordre public. Il faut mettre un terme à cette prépondérance fatale, qui tend à entraver l’action gouvernementale et à prolonger le malaise qui pèse sur tous les intérêts. Il faut que l’autorité administrative se constitue partout forte et puissante, dominant toutes les mauvaises influences, exerçant un patronage protecteur et paternel sur toutes les populations confiées à sa garde, c’est son droit, c’est son devoir. Si donc il se trouve dans votre département quelques uns de ces agitateurs qui continuent à égarer l’opinion; s’il existe dans quelque commune de ces hommes dangereux dont la présence inspire la terreur aux populations paisibles, n’hésitez pas à les faire arrêter et à les mettre pour un certain temps dans l’impossibilité de nuire. Vous avez reçu des pouvoirs qui vous y autorisent et nous sommes toujours sous l’empire des exceptionnelles qui vous permettent de faire arrêter et détenir par voie administrative les individus dangereux et les conspirateurs, même alors que les tribunaux les auraient déjà rendus à la liberté, faute de charges juridiques. Renseignez-vous sur le caractère, sur la portée de l’influence des hommes les plus importants que vous avez déjà fait arrêter ou qui sont absents de leurs domiciles sous le coup d’un mandat d’amener. Les uns dont la culpabilité est flagrante et résulte des faits les plus condamnables devront être transportés dans les pénitenciers hors du territoire; d’autres moins compromis pourraient être l’objet de mesures qui ne les éloigneraient que temporairement du lieu où leur présence serait dangereuse. Je désire avoir sur ce point des éléments d’appréciation que je vous prie de m’envoyer le plus promptement possible."



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