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Augustin Dumont

Dumont, Augustin, Alexandre, 1801 - 1884 (à Paris)

Sculpteur français

1818 : Entrée à l’École des Beaux-Arts. Elève de Pierre Cartellier.

1821 : Obtient le deuxième prix de sculpture pour Alexandre dans la ville des Oxhydriques.

1823 : Obtient le prix de Rome de sculpture pour le bas-relief en plâtre « Douleur d’Evandre sur le corps de son fils Pallas ».

1823-1830 : Séjour à Rome.

1835 : Commande du Génie de la Liberté, au sommet de la colonne de Juillet.

1855 : Obtient une médaille d’honneur à l’Exposition universelle de 1855.

1863 : Commande de Napoléon Ier en César au sommet de la colonne Vendôme.

1868 : Réalisation de La Prudence et La Vérité, statues pour la façade de Harlay du Palais de Justice de Paris.

1864-1884 : Enseigne à l’École des Beaux-Arts de Paris.

La façade Ouest du Palais de Justice de Paris, qui donne sur la place Dauphine, longe la rue de Harlay. Cette rue change de visage en 1854 avec la construction de la façade du Palais par l’architecte Joseph-Louis Duc. Celui-ci fait appel à plusieurs sculpteurs, dont Auguste Dumont, pour la décorer. Les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble à l’occasion de l’édification de la Colonne de Juillet, place de la Bastille à Paris : Auguste Dumont est l’auteur du Génie de la Liberté qui trône à son sommet. Ce dernier se chargera pour le Palais de Justice de l’exécution de deux figures allégoriques, la Prudence et la Vérité.

La Vérité est la deuxième sculpture allégorique en partant de la gauche. La représentation allégorique de la Vérité commence à être associée à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle à la Justice ; elle apparait donc à partir de cette époque dans les décors des Palais de Justice de France.

Cette statue prend ici une posture similaire à celle de l’Apollon du Belvédère : la jambe gauche en avant et légèrement repliée, ce qui participe au dynamisme de la composition. Elle écarte d’une main le voile qui la recouvre.  Parmi les nombreuses figures dénudées qui apparaissent à la Renaissance, la Vérité est en effet une des seules pour laquelle la nudité est toujours associée à l’idée de pureté et de transparence. La couronne qui maintient le voile sur son front est déjà présente dans plusieurs représentations statuaires de Junon en majesté, et sera plusieurs fois associée au flambeau, comme par exemple sur la statue de la Liberté d’Auguste Bartholdi (1886). La torche qu’elle porte à la main offre une palette d’interprétation, dans la mesure où la flamme renvoie autant à la lumière qui perce l’opacité des ténèbres et du mensonge qu’à la puissance destructrice du feu, manifestation visible du châtiment divin.

La Prudence est la première figure allégorique en partant de la gauche sculptée par Auguste Dumont à orner la façade du Harlay du Palais de Justice de Paris, qui donne sur la place Dauphine.

La Prudence est avec la Justice une des quatre vertus cardinales ; à ce titre, elle lui est souvent associée et ses attributs apparaissent à partir de la Renaissance dans les palais de justice occidentaux.  Ceux-ci sont généralement doubles : le serpent et le miroir, qui sont par exemple repris par Bartholomeus Spranger dans son Allégorie de la Justice et de la Prudence (1599-1600, Paris, musée du Louvre).

Auguste Dumont choisit de ne reprendre ici que le miroir, qui renvoie à la prévision de l'avenir et à la connaissance de soi. La posture de la statue est très hiératique et son bras, replié sur sa poitrine, multiplie les plis du drapé qui la recouvre. La composition de l’œuvre est amenée à faire contraste avec le corps dénudé et la posture dynamique de la Vérité à ses côtés. 

Augustin Dumont par Etienne Carjat, Musée d'Orsay/RMN

La vérité (1868)

La prudence (1868)