Première chambre du tribunal civil
Encadrée, quai de l’horloge, par la tour César et la tour d’Argent, la « Grand’ Chambre », dite « chambre dorée », est aujourd’hui la première chambre civile du tribunal de grande instance de Paris[1], accessible par la Salle des pas perdus. Survivance de l’ancien palais de l’île de la Cité, et située à l’emplacement de l’ancienne chambre royale, la Grand’ chambre fut le lieu emblématique où se tenaient dans l’angle Nord-Ouest les Lits de justice mettant en scène toute à la fois, la sacralité, la domesticité et la pérennité des institutions royales.
De la fin du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle, le Parlement de Paris, devenu progressivement l’organe judiciaire le plus important du royaume y siégeait, et commanda pour orner ses murs, entre 1449 et 1453, une crucifixion connue comme « le retable du parlement de Paris ». Car, « La conception même de l’espace judiciaire fait référence à une symbolique cosmique, opposant l’étage aveugle des cachots à l’étage supérieur, éclairé, des salles d’audience, ce qui permet une ascension de l’étage infernal vers celui des débats placé sous le regard de Dieu, comme dans un mouvement d’élévation vers le divin qui ne serait vraiment atteignable que par le juge[2]. (Déposé au musée du Louvre en 1798, le retable revint à la Cour d’Appel en 1808 et repartit définitivement au Louvre en 1904 à la suite d’une circulaire du garde des Sceaux prescrivant l’enlèvement des crucifix et des peintures religieuses dans le cadre de la nouvelle séparation de l’église et de l’Etat).
Pendant la Révolution Française, elle fut rebaptisée « salle de la Liberté », et perdit tous ses symboles royaux, tels que le plafond doré entrelacé d’ogives et les tentures fleurdelisées. A partir de 1793, salle d’audience du tribunal révolutionnaire, juridiction criminelle d’exception, elle accueillit notamment les procès de Danton, des Girondins, d’Hébert ou de Marie-Antoinette.
Devenue siège du tribunal de cassation, la chambre dorée fut restaurée en 1866 mais incendiée durant La Commune en 1871. C’est l’architecte Joseph-Louis Duc qui se chargea de la reconstruire avec un décor néo-renaissance et un plafond à clefs pendantes.