Qui étaient les lecteurs de Détective ? Écoutons Georges Kessel en 1929 : « Public immense, [il regroupe] toutes les classes de la société, tous les milieux : hommes de science, techniciens, magistrats et avocats, foule curieuse, qu’attire le fait divers, ceux qui recherchent, ceux qui jugent, ceux qui défendent, ceux qui souffrent. » A défaut d’archives pour confirmer ses propos, les pages de l’hebdomadaire fournissent quelques pistes :
Son prix modeste de 1 Fr à sa création le rend accessible à tous (une baguette de pain à Paris vaut alors 0, 55 Fr, le salaire journalier moyen d’un ouvrier est 20 Fr). Il semble donc destiné à un lectorat issu des couches populaires.
Cependant les publicités reflètent un lecteur cible plutôt petit bourgeois : mobilier coquet et appareils modernes mais jamais luxueux (TSF, phonographe, appareil photo) indiquent un pouvoir d’achat moyen, quand les cours par correspondance et les ouvrages de vulgarisation semblent viser la catégorie grandissante des employés de bureau dont le niveau de vie est en hausse et qui aspire à une certaine culture.
Enfin la liste des heureux gagnants publiée pour chaque jeu indique un lectorat mixte, essentiellement urbain : on lit Détective depuis Paris et sa banlieue, dans quelques grandes villes de province, des colonies, et de Belgique.