Pour ce chantier, le département de l’Aveyron fait appel à des entrepreneurs locaux. Les matériaux de construction sont majoritairement locaux : pierre de taille calcaire issues des carrières de Bozouls, situées à une dizaine de kilomètres du chantier ; bois de charpente de Lozère, département adjacent ; métaux provenant des usines métallurgiques de Decazeville, bassin industriel de l’Aveyron.
L’édifice se trouve à l’origine sur une parcelle rectangulaire clôturée par un mur d’enceinte en moellons calcaires enduits d’environ 6 mètres de hauteur. Cette enceinte dispose d’un seul point d’entrée : le porche d’entrée monumental situé au centre du mur sud. Sur la parcelle, on trouve le bâtiment principal et les quatre cours de promenade également ceinturées de murs d’enceinte et comprenant des préaux, des sortes d’éviers extérieurs ainsi que des latrines. L’ensemble est complété par une citerne adossée au centre du mur nord.
3. Construction et architecture du bâtiment
Plan du chapitre
Plan préalable à la construction de la prison
Plan au sol du rez-de-chaussée
Le bâtiment principal se déploie selon un plan très répandu parmi les prisons cellulaires avec deux ailes articulées autour d’un pavillon central. Les différentes façades des ailes sont symétriques avec 9 fenêtres carrées comportant des grilles aux barreaux relativement imposants. Les encadrements des portes et fenêtres ainsi que les chaînages d’angle sont en pierre de taille calcaire. Ces façades ont également la particularité d’avoir à hauteur d’homme des trappes d’accès permettant le stockage puis le vidage du pot de chambre par les détenus.
Vue de l’élévation nord du bâtiment
Le pavillon central est de forme hexagonale avec deux véritables niveaux, contrairement aux ailes qui n’ont qu’un niveau de cellule et des combles. Toutes les fenêtres comportent des barreaux à l’exception de la cellule sud-est du premier étage du pavillon central. Cela témoigne de sa conversion en habitation civile durant la deuxième période d’utilisation de la prison.
Vue plongeante de l’intérieur du pavillon central
Le rez-de-chaussée est accessible par un escalier extérieur car il est surélevé d’un bon mètre par rapport au niveau du sol. Ce qui permet d’avoir un sous-sol assez peu enterré. L’entrée dans le pavillon central peut surprendre de par le volume et la luminosité que l’on y trouve. Il faut voir dans ces grands espaces destinés à assurer une meilleure circulation de l’air et une diffusion accrue de la lumière naturelle la traduction architecturale d’idées hygiénistes. Les plafonds sont également très haut sur tout le rez-de chaussée où l’on trouve 32 cellules individuelles spacieuses, ventilées, chauffées et bien éclairées.
Vue intérieure sous-face lambrissée du « lanterneau ».
Le système de chauffage est central et composé de deux calorifères situés en sous-sol. Les cellules du premier étage servent pour les prisonniers de passage mais accueillent aussi une infirmerie dans laquelle officie un médecin une fois par semaine. Si la santé physique demeure une grande préoccupation, la santé morale l’est tout autant et une messe est célébrée une fois par semaine dans le pavillon central. Le mobilier ayant entièrement disparu, il ne reste plus aujourd’hui que les grilles ainsi que les portes et fenêtres installées depuis l’ouverture de la prison.