Avec ses 32 cellules et en regard des 4 500 habitants actuels d’Espalion, l’établissement pénitencier peut sembler disproportionné. Il faut attribuer ce fait tout d’abord à une population importante dans l’Aveyron du XIXe siècle mais aussi aux nombreux condamnés qui y séjournent pour de courtes peines. La prison reste ainsi occupée de 1844 à 1933 avec une population carcérale déclinante.
4. Fonctionnement
Plan du chapitre
Entrée de cellule
Proposition par l’administration du gardien chef d’Espalion pour la médaille pénitentiaire
Au-delà du système cellulaire, ce qui caractérise la prison d’Espalion est sa vocation à accueillir uniquement des « courtes peines ». Selon les registres d’écrous, les détenus séjournent rarement plus de 6 mois et jamais plus d’un an dans cet établissement. Les peines plus longues sont purgées à la prison de Rodez. Cette condition influence en profondeur le fonctionnement de la prison. En effet, l’absence de criminels dangereux, la légèreté des peines et la « clientèle » locale permet des entorses à la doctrine cellulaire, comme en témoigne des archives de la prison.
Tableau des effectifs des prisons départementales de l’Aveyron
Les sources conservées permettent de comprendre une pratique consistant à rassembler tous les détenus dans une seule aile pour des facilités de service et de chauffage. On sacrifie ainsi l’idéologie cellulaire sur l’autel de l’efficacité et de l’économie.
Détail d’un registre d’écrou de la prison d’Espalion
Le mobilier de la prison ayant presque totalement disparu tout comme les témoins de l’époque la connaissance du bâtiment est réduite à son aspect architectural et documentaire. C’est en confrontant les deux qu’il nous est aujourd’hui possible d’avoir une double lecture de l’édifice et d’en proposer une approche historique plus complète. Cette prison reste ainsi un objet marqué par l’adaptation locale d’un modèle théorique plus général.