La transformation d’un édifice carcéral vers une fonction très éloignée se fait difficilement sans conséquences. À Espalion, les travaux réalisés au milieu des années 1980 ont pour but de convertir les espaces de détention en lieu de conservation et d’exposition de collections.
7. Une mutation muséale
Plan du chapitre
Élévation sud reconvertie en parking après destruction de l’enceinte
Vue d’un couloir avec façades des cellules et vitrines d’exposition
Un certain nombre de dénaturations ont cependant dû être consenties. Le décloisonnement de certains murs entre les cellules ont permis de mettre en place de grands espaces d’exposition avec un sens de visite, quatre cellules devenant ainsi un seul espace d’exposition. Les murs de refend séparant les couloirs des ailes dans leur longueur ont aussi été supprimés en ne conservant que les conduits des cheminées en leurs centres.
Entrée actuelle du musée
Le Musée départemental des mœurs et coutumes ouvre officiellement ses portes en 1986, proposant des expositions au rez-de-chaussée et présentant des collections d’arts et traditions populaires. Le bureau du gardien chef et la cuisine des gardiens sont devenus des bureaux pour les agents du musée et les cellules du premier étage du pavillon servent à accueillir le fonds Joseph Vaylet, une somme de documents et d’ouvrages à vocation historique et culturelle avec pour thème principal les folklores et les langues régionales.
La nuit des musées, 2019
Il n’est pas rare que des bâtiments historiques abritent des institutions culturelles. Il reste cependant toujours délicat de valoriser le patrimoine carcéral, tant il est difficile d'y parler d'autre chose que de prison et prisonniers. Pourtant la prison reste, surtout... Pourtant, la prison reste, surtout en milieu rural, entièrement connectée à son territoire. Les délinquants qui passent par la prison d’Espalion sont presque exclusivement des condamnés locaux et l’importance de cette prison pour le maintien de la paix civile est évident pour beaucoup. Il parait donc très approprié de développer un discours sur la vie et l’histoire de la société locale dans un édifice aussi ancré sur son territoire.
Passé la surprise première, les visiteurs sont bien souvent agréablement surpris de pouvoir à la fois découvrir un édifice carcéral dans son fonctionnement mais également une fenêtre sur un patrimoine territorial matériel et immatériel.
Tout l’enjeu des évolutions futures de ce musée réside là : réussir à conserver la lecture de l’édifice pénitencier et utiliser ce contexte patrimonial comme une passerelle vers la compréhension de la société rouergate.