Le barème de paiement des forçats varie selon leur classement. Il oscille en moyenne entre 12 et 30 centimes par jour selon l’activité. Les forçats de la troisième division n’étant pas payés, ils peuvent toutefois recevoir une gratification ponctuelle, récompensant leur bonne conduite et leur engagement dans les travaux du port, lorsque leur travail a permis à la Marine d’économiser une forte somme d’argent.
L’administration du bagne n’hésite pas à affecter des condamnés aux services intérieurs, ce qui lui permet d’éviter l’embauche de salariés venant de l’extérieur. De nombreux forçats contribuent ainsi à l’organisation du bagne, à la cuisine, au potager, ou au ferrage des détenus… Les forçats peuvent encore être barberots – barbiers – , bourreau ou faire office de tonneliers ou forgerons pour fabriquer les manilles.
Parmi les forçats participant à l’organisation du bagne, c’est le « paillot » qui possède le statut le plus enviable. Il y a un forçat « paillot » par salle. Comme le montre l'aquarelle ci-contre, le paillot a un petit bureau à sa disposition. Le paillot est chargé de lire et d’écrire la correspondance de ses collègues d’infortune souvent analphabètes. Cela en fait le dépositaire des secrets de ceux qui le consultent. Il peut également assister les garde-chiourmes lors de l’appel du soir, de la distribution de la nourriture à la cantine et même remplacer des agents administratifs.
À l’arsenal, les forçats travaillent sous plusieurs directions. La direction des constructions navales compte le plus grand nombre de forçats, avec pas moins de 450 forçats en 1845, dont 140 travaillent à la corderie. La direction du port compte environ 125 forçats chargés de la propreté du port, de l'entretien des navires et du halage des bâtiments entre l'estuaire de la Charente et Rochefort – cordelle. La direction des travaux hydrauliques fait travailler 90 forçats pour dévaser, transporter des pierres ou des pièces de bois. La Direction du magasin général emploie 70 forçats qui emmagasinent le charbon, pèsent et empilent les cuivres, les fers et tout ce qui est utile aux vaisseaux de la Royale. La direction de l’artillerie fait travailler 40 forçats et permet de fournir les canons et les armes aux navires.