2. La vie de forçat

Plan du chapitre

Le classement des forçats

Trois critères de classement des forçats se sont succédé durant toute la durée du bagne.

Les condamnés été classés selon leurs compétences professionnelles ou selon leur chaîne – accouplement. L’accouplement était la pire punition à laquelle était soumise un condamné. Il ne choisissait pas sa « paire » et pouvait se retrouver avec un homme avec qui il ne s’entendait pas ou avec qui il était impossible de travailler. Précisons que les condamnés appartenant à la même division étaient accouplés ensemble.

Les divisions du bagne

La première division comprend une centaine de condamnés ayant effectué la moitié de leur peine et jugés méritants, en raison d’un acte de courage, d’humanité ou de leur docilité. De rares forçats pouvaient être directement placés dans cette division ; tel Roubignac, ancien prêtre. C’est dans cette division que les proposés aux grâces royales étaient sélectionnés.

Soigner au bagne

Les bagnes sont des foyers d’infections. Les hommes y vivent dans des conditions difficiles et l’hygiène y est très sommaire. Travaillant dans les arsenaux, les forçats sont en contact avec les marins revenant de l'étranger et souvent porteurs de germes ou de virus. Cette proximité favorise les épidémies. Ce fut le cas en 1839 avec l’épidémie de typhus.

Vivre et survivre au bagne

Rares sont les informations fiables portant sur la vie des forçats au bagne, en dehors de leurs journées de travail.

Le travail dans la peine

Ce n’est qu’à partir du début du XIXe siècle que le ministre de la Marine décide d’octroyer aux forçats un pécule en proportion du travail fourni. Cette rémunération reste toutefois très inférieure au montant des salaires des ouvriers libres et les forçats restent une source de main-d’œuvre essentielle pour les travaux du port, à l’intérieur du bagne, dans la ville ou à l’hôpital maritime.

Le service à l'hôpital maritime

La difficulté de recruter des hommes libres comme infirmiers oblige les officiers de santé à recruter des forçats. Ces derniers sont formés par les Sœurs de la charité de Saint-Vincent-de-Paul et par les médecins dès leur affectation à l’hôpital. Ces forçats auxiliaires sont dépourvus de chaînes car le bruit du métal sur le sol de l’hôpital peut troubler le repos des patients. On dit alors que les forçats ont été mis « en chaussette ». Ce poste est recherché et les « anciens » du bagne conseillaient aux nouveaux arrivants de se faire embaucher à l'hôpital maritime d’où il est plus facile de s'échapper.

Les grâces royales

Lorsque les forçats se montrent dociles et obéissants, l’administration du bagne peut les proposer à la grâce royale, accordée au bon vouloir du Roi et une seule fois par an, lors de la fête du Roi.

L'évasion

Pour s’évader, les forçats ont recours à des scenarios variés. Ils aménagent une cachette sur leur lieu de travail, ils se déguisent après avoir coupé leurs chaînes. Certains jouent sur le point faible de leur garde-chiourme. Ainsi, si un garde ne sait pas nager, le forçat tente de traverser la Charente. La police secrète du bagne vise à prévenir ces tentatives et les évasions réussies sont rares d’autant qu’un condamné en fuite peut être poursuivi par les habitants.

La libération, et après ?

Une fois libéré au terme de sa peine, l’ancien forçat récupère ses affaires – objets, correspondance, etc. – et l’argent déposé au Pécule des Forçats – fonds de réserve prélevé sur le salaire du condamné.

La fin des bagnes métropolitains

À partir de 1840, la ville de Rochefort devenue prospère marque de plus en plus de réticences à la circulation des forçats hors du bagne, parmi la population libre.

Continuer la visite de l'exposition Le bagne de Rochefort (1767-1852)