L'ancienne maison d'arrêt de Guingamp est une prison cellulaire construite de 1836 à 1840 sur les plans de l'architecte Louis Lorin, suivant le modèle "pennsylvanien", c'est-à-dire en aménageant des cellules individuelles permettant une séparation stricte entre les détenus. Cette conception basée sur une application précoce du régime d'enfermement cellulaire a valu à la prison de Guingamp le qualificatif rétrospectif de prison "humaniste". L'établissement est entré en service comme maison d'arrêt, de justice et de correction en 1841 et il a cessé son activité en 1934.
Comme beaucoup d'autres prisons de faibles capacités fermées dans l'Entre-deux-guerres, elle fut rouverte à partir de 1941 et ne ferma définitivement ses portes qu'en 1952. Les détenus incarcérés lors de cette dernière période d'activité ont laissé des traces de leur passage par les nombreux graffitis sur les murs de leurs cellules. Les motifs de ces graffitis sont très marqués par le contexte politique de l'incarcération. Ainsi, des croix gammées nazies cohabitent avec des croix de Lorraine gaullistes, autant de symboles laissés successivement par des résistants et des collaborateurs.
Acquis par la municipalité de Guingamp en 1992, l'établissement a été classé au titre des monuments historiques en 1997. Cette prison urbaine au plan original a fait l'objet d'une campagne de restauration (2008-2009) et elle bénéficie depuis décembre 2016 d'un projet de réhabilitation qui aboutira au maintien d'un espace dédié à la mémoire carcérale.
La municipalité de Guingamp, consciente de l'intérêt de ce patrimoine et de sa fragilité, a autorisé l'équipe de Criminocorpus à réaliser un relevé photographique de l'établissement. Notre relevé photographique a été réalisé le 22 novembre 2016, peu avant le début des travaux de réhabilitation. L'exposition se compose donc des images issues de ce relevé, en attendant la réalisation prochaine sur Criminocorpus d'une autre exposition consacrée à l'histoire de cette prison.
Nous tenons à remercier la municipalité de Guingamp, et plus particulièrement Françoise Le Guern et Céline Larriere, pour nous avoir ouvert les portes de l'ancienne maison d'arrêt de Guingamp et nous avoir autorisés à y réaliser cette exposition.
Marc Renneville et Jean-Lucien Sanchez
Pour plus de renseignements sur l'histoire de la maison d'arrêt de Guingamp, vous pouvez lire sur le Blog de Criminocorpus l'article de Charlotte Daunou "La prison cellulaire de Guingamp, la première prison cellulaire de type pennsylvanien en France".
Edition en ligne : Jean-Lucien Sanchez