4. L’écrivain

Plan du chapitre

Le mystère de la chambre jaune, Les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille, Le parfum de la dame en noir

Le mystère de la chambre jaune

1907

Avril : À la suite d’une brouille avec Maurice Bunau-Varilla, le directeur du Matin, Leroux entreprend l’écriture des Aventures extraordinaires de Joseph Boitabille : Le Mystère de la chambre jaune.

Sa décision est prise : il abandonne le métier de reporter pour se consacrer à la littérature. Ses passions littéraires sont alors Dickens, Wells, Kipling, Conan Doyle, Poe, Balzac, Stendhal et Baudelaire, entre-autres… Parmi ses contemporains, il dira plus tard apprécier Dorgelès, Mac Orlan et Ramuz.
7 septembre : Parution dans le supplément littéraire de L’Illustration de la première livraison des Aventures extraordinaires de Joseph Boitabille. La protestation d’un journaliste homonyme contraint Leroux à rebaptiser son héros Rouletabille dès la seconde livraison. Les illustrations hors-texte de l’artiste catalan José Simont – très cinématographiques – sont imprimées sur papier couché.

C’est l’échec de La Maison des juges qui a poussé Leroux à écrire un roman. Il avait soumis trois sujets à René Baschet, le directeur de L’Illustration : un premier tout à fait littéraire, un deuxième à la manière de Marcel Prévost et le troisième que nous connaissons et qui fut retenu. Il racontera bien plus tard que Double assassinat dans la rue Morgue d’Edgar Poe et Aventure de la bande mouchetée de Conan Doyle avaient été les inspirations qu’il voulait dépasser… mais sans tricher, sa chambre à lui se devait d’être « close comme un coffre-fort » !


1908
15 janvier : Parution aux éditions Pierre Lafitte du Mystère de la chambre jaune en édition in-12 non illustré

 

 

Les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille

1908

Gaston Leroux a 40 ans et il s’agit du premier des vingt-six volumes de Gaston Leroux qui seront publiés par cet éditeur jusqu’en 1924.

Devant le succès du roman, une luxueuse version illustrée grand in-8 (ill. hors-texte de Simont et in-texte de Lœvy), brochée et en cartonnage, paraîtra le 15 octobre.
15 mars : Publication dans le magazine Je sais tout n°38, édité par Pierre Lafitte, de la nouvelle « L’homme qui a vu le Diable ». Les illustrations sont de Serafino Macchiati. Elle sera reprise en volume à la suite du Fauteuil hanté en 1911.
30 juin : Naissance de sa fille Madeleine alors qu’ils sont en villégiature à Neuville-le-Dieppe.

En 1909, Leroux écrivit ces mots rares pour l’époque et qui laissent présager de l’éducation qu’il donnera à sa fille : « Il faut élever les jeunes filles pour le travail… pour le travail qui les fera libres de l’homme, libres dans l’amour libre, les égales du mari dans le mariage légal. »

Le parfum de la dame en noir

26 septembre : Parution dans le supplément littéraire de L’Illustration de la première livraison du Parfum de la dame en noir, second épisode des Aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille avec des illustrations hors-texte de José Simont.

Ce même jour, semble-t-il, le roman paraît en un volume in-12 aux éditions Pierre Lafitte.

Un portrait de Gaston Leroux

Le parfum de la dame en noir

La sortie de la première livraison du Parfum de la dame en noir, en 1908, est l’occasion pour Gaston Stiegler de présenter le créateur du Mystère de la chambre jaune dans les pages de L’Illustration. Les deux hommes se connaissent bien :

« Au physique, représentez-vous une bonne figure colorée sous des cheveux frisés, avec des yeux pleins de finesse et un sourire cordial, une main ouverte, un ventre amical et sympathique, des allures actives et agiles que l’on n’attendrait peut-être pas de cette respectable corpulence, une parole déliée et vive qui marque toute la sveltesse d’un esprit souple.
Et si l’on me demandait quelle est la caractéristique dominante à laquelle ce jeune maître doit des succès déjà nombreux et toujours grandissants, je répondrais que c’est un don beaucoup moins répandu qu’on ne pense, et même rare, le don d’aimer la vie. […]
Il est bon, il a un cœur délicat et est heureux de rendre service. Demandez aux innombrables camarades qu’il a obligés et qu’il oblige encore de toutes façons, de ses conseils, de son appui, de sa bourse. Il a mis en lumière le talent d’un tel ; il a recommandé tel autre à un directeur ; il a fait entrer un troisième dans un journal ; il a aplani une difficulté naissante ; il a arrangé une affaire qui semblait inextricable. […] En vérité, c’est un art exquis de se complaire dans l’exercice de la bonté, et cette manière d’aimer la vie est élégante et précieuse. Quand par malheur il a des ennuis […], quand il rencontre un obstacle sur son chemin, jamais il ne se laisse abattre, car le découragement lui est étranger. […]
Il y a un art d’aimer la vie, et Gaston Leroux le possède à fond. Il est amateur et connaisseur de la vie, comme d’autres sont de tableaux, de courses, de femmes. […] Il aime encore le mouvement, le bruit, l’éclat des fêtes, et le clair sourire des dames, et les joyeux propos dans les endroits où l’on s’amuse à Paris, et aussi les causeries intimes et discrètes, avec les amis choisis, à la campagne, sous les ombrages paisibles. »

24 octobre : Réconcilié avec Bunau-Varilla, Leroux débute la publication du Roi mystère dans Le Matin. Le roman paraîtra en un volume in-12 chez Arthème Fayard (coll. Le Livre populaire) en février 1910, sous une couverture de Gino Starace.

Provisoirement installé à Menton, il a décidé de s’établir définitivement sur la Côte d’Azur.

Le fantôme de l'opéra

1909

Gaston Leroux et sa famille emménagent dans une villa à Nice, sur le Mont-Boron.

23 septembre : Début de la publication du Fantôme de l’Opéra dans le quotidien Le Gaulois. Le roman paraîtra en un volume in-12 aux éditions Pierre Lafitte en juin 1910. Il est dédié à son frère Joseph dont il est resté très proche.

15 novembre : Début de la publication du Fauteuil hanté dans le n°58 de Je sais tout. Les illustrations sont de René Lelong et Ludovico Marchetti. L’ouvrage paraîtra en un volume in-12 aux éditions Pierre Lafitte en mai 1911.

La Reine du sabbat

Balaoo

1911

La famille Leroux s’installe dans la « villa des Orangers » à Cimiez. Assistés d’un personnel de maison important, ils y mènent grand train et y demeureront jusqu’en 1919. Parmi beaucoup d’autres, Joseph Leroux (« Oncle Jo » pour toute la famille), Arthur Bernède et Aristide Bruant s’y rendent souvent.
9 octobre : Début de la publication de Balaoo dans Le Matin. L’ouvrage paraîtra en un volume in-12 aux éditions Jules Tallandier en 1912. La couverture et les hors-textes en couleurs sont de Charles Donzel.
17 décembre : Première de sa troisième pièce : L’homme qui a vu le Diable, au théâtre du Grand-Guignol à Paris. C’est un succès que vante Léon Blum, alors critique au journal Comœdia : « Tout est combiné si justement dans cette histoire qu’on peut la prendre, selon son goût, pour un conte de sorcellerie ou pour un drame réel. […] C’est du très joli travail, et le Grand Guignol ne nous avait jamais rien donné de meilleur. »

L’Épouse du soleil et Rouletabille chez le tsar

1912

14 février : Première du Mystère de la chambre jaune au théâtre de l’Ambigu avec Maxime Lery dans le rôle de Rouletabille. Leroux a lui-même adapté son roman mais ce ne sera qu’un « demi-succès ».
15 mars : Début de la publication de L’Épouse du soleil dans le n°86 de Je sais tout.

Les illustrations sont de Manuel Orazi (Emmanuel Joseph Raphaël Orazi). L’ouvrage paraîtra en un volume in-12 aux éditions Pierre Lafitte en 191

3 août : Parution dans le supplément littéraire de L’Illustration de la première livraison de Rouletabille chez le tsar, troisième épisode des Aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille avec des illustrations hors-texte de José Simont. L’ouvrage paraîtra en un volume in-12 aux éditions Pierre Lafitte en 1913.

Alsace et Chéri-Bibi

1913

10 janvier : Création au théâtre Réjane d’Alsace, une « pièce patriotique » écrite en collaboration avec Lucien Camille (Camille Dreyfus). C’est un succès. Réalisée par Henri Pouctal, une adaptation cinématographique sortira sur les écrans en avril 1916 avec Réjane, Albert Dieudonné et… Joseph Leroux dans les rôles principaux.
7 mars : Balaoo, la première adaptation cinématographique du roman de Gaston Leroux, sort en salle. Il s’agit d’un film de 24 mn réalisé par Victorin Jasset avec Lucien Bataille dans le premier rôle.

Le château noir : Rouletabille à la guerre et Rouletabille chez Krupp

1914

28 mars : Début de la publication de Rouletabille à la guerre dans Le Matin. Le roman paraîtra en deux volumes in-12 (Le Château noir et Les Étranges noces de Rouletabille) aux éditions Pierre Lafitte en septembre et octobre 1916.
25 juillet : Pour la somme considérable de 15 000 francs-or (dont une avance de 5 950 Francs), Leroux s’engage à écrire une cinquième aventure de Rouletabille pour L’Illustration. Son idée est ambitieuse : « Faire une île plus mystérieuse que L’Ile mystérieuse de Jules Verne et que L’Ile au trésor de Stevenson ». Intitulée Le Plus Grand Mystère du monde, cette aventure devait relater la découverte d’une civilisation subaquatique lors d’une chasse au trésor. La guerre éclatera quelques jours plus tard et le projet restera sans suite. Leroux s’en inspirera toutefois lors de la rédaction en 1917 du Capitaine Hyx, une intrigue conçue dans l’esprit de Vingt mille lieues sous les mers. En mars 1924, en remplacement de ce feuilleton qu’il n’avait pu livrer, Leroux propose à L’Illustration un roman qu’il intitule Le Grand Mât mais qui, une fois encore, ne verra jamais le jour…

23 décembre : Le conseil de révision de la Roche-sur-Yon confirme la réforme de Gaston Leroux pour insuffisance cardiaque.

Comme la plupart des artistes réformés, il montera au front… littéraire, en particulier avec deux romans d’espionnage anti-Allemands : La Colonne infernale (1916) et Rouletabille chez Krupp (1917) ainsi que les Aventures effroyables de M. Herbert de Renich (2 vol., Le Capitaine Hyx et La Bataille invisible, 1920).

L’homme qui revient de loin et La nouvelle aurore

1915

4 décembre : Début de la parution du roman de guerre Confitou dans Le Flambeau. Cette publication est interrompue le 8 janvier puis reprise intégralement dans Le Matin à compter du 16 janvier.


1916
15 juin : La publication de L’Homme qui revient de loin débute dans le n°125 de Je sais tout avec des illustrations de Serafino Macchiati. L’ouvrage paraîtra en un volume in-12 aux éditions Pierre Lafitte en décembre 1917.


1917
1er mars : Le divorce d’avec Marie Lefranc est prononcé à Meaux. Le 14 juin, Jeanne Madeleine Barbe Cayatte peut enfin épouser le père de ses enfants.
10 avril : Le frère tant aimé de Gaston, Jo Leroux, décède à son domicile du 9 rue Chaptal à Paris. Il avait 39 ans.
4 juillet : Le général Pershing, commandant en chef des troupes américaines en France, fait un discours au cimetière de Picpus à Paris et prononce, rapporte la presse, la phrase émouvante et historique « La Fayette, nous voici ! » Il dira plus tard ne pas s’en souvenir, et pour cause, c’est Gaston Leroux et deux amis journalistes présents à la cérémonie qui ont lancé – pour la bonne cause – ce canular qui fera le tour du monde.
9 novembre : Sortie de l’adaptation cinématographique par Gaston Leroux de L’homme qui revient de loin, produite par les Films René Navarre, mise en scène par René Navarre et avec René Navarre dans le rôle principal (il fut l’interprète de Fantômas dans les cinq films de Louis Feuillade et de Chéri-Bibi dans la première version de 1913).


1918
16 janvier : Pour le théâtre La Scala à Paris, Gaston Leroux et Yves Mirande créent La Gare régulatrice, un vaudeville – très gai en ces temps si dramatiques – en trois actes. Il sera repris en 1921 à La Cigale.
1er décembre : Premier numéro de la luxueuse revue Sur la Riviera. Leroux en est le co-fondateur avec Blasco Ibañez et Gomez Carrio. Charles De Richter en assume la rédaction en chef.


1919
Durant l’année, pour se rapprocher du lycée où étudie Miki, la famille Leroux déménage dans un appartement du Palais Etoile du Nord, 53, boulevard Gambetta à Nice. Sur les conseils de son père, Miki, qui souhaitait faire une carrière dans la presse, entrera plus tard à l’école des Travaux publics pour en sortir ingénieur. Mais il deviendra quand même journaliste… à Paris-Soir puis à France-Soir. Pour ce dernier quotidien, il adapte à partir de 1951 Balaoo puis Chéri-Bibi en bandes dessinées (dessin de Bernad).

25 avril : Produit et tourné à Nice par les Films René Navarre, La Nouvelle Aurore sort en salle à Paris. L’adaptation romancée de cette nouvelle aventure de Chéri-Bibi est simultanément publiée dans Le Matin.
31 octobre : La Société anonyme des Cinéromans, au capital de 1 500 000 Francs, est enregistrée auprès du tribunal de commerce de Paris. Les bureaux se trouvent rue de la Buffa à Nice et les studios dans le quartier de la Lanterne. Leroux écrira trois nouveaux films à épisodes pour les Cinéromans : Tue-la-mort (1920 ; Madeleine Aile – L comme Leroux, la fille de l’auteur qui a « onze ans et des dons naturels extraordinaires » peut-on lire dans Comœdia du 13 novembre 1920 – y interprète l’un des deux rôles principaux avec René Navarre), Le Sept de trèfle (1921) et Rouletabille chez les Bohémiens (1922). Produit par la Nouvelle Société des Cinéromans (cf. mars 1922) cette ultime aventure de Rouletabille est aussi la dernière collaboration de Gaston Leroux avec cette maison de production.

Gaston Leroux

Vers 1920

1920

11 juillet : Dans le quotidien Le Petit Niçois, Gaston Leroux se fait l’avocat du roman policier, genre voué aux gémonies par l’académicien Marcel Prévost.


1921
15 octobre : Début de la parution du Crime de Rouletabille dans le n°190 de Je sais tout. Le roman paraîtra en un volume in-12 aux éditions Pierre Lafitte en 1922.


1922
Mars : Sortie du film de long métrage réalisé par Lino Manzoni, Il était deux petits enfants, d’après un scénario original de Gaston Leroux. Sa fille Madeleine, qui a maintenant quatorze ans, interprète le rôle principal. Le métier de comédienne ne l’attire cependant pas et elle décide d’y mettre un terme… Plus tard, elle se tournera vers la peinture en suivant les cours Trachel dispensés dans la villa Thiole à Nice.
En mars, Jean Sapène, administrateur du Matin, prend le contrôle et la direction de la Société des Cinéromans. Les bureaux sont transférés au siège du quotidien, 6 boulevard Poissonnières à Paris, et les studios chez Pathé à Vincennes. René Navarre est écarté au profit de Louis Nalpas avec Arthur Bernède comme directeur littéraire

Tue-la-mort et La farouche aventure ou La coquette punie

Les prochains romans de Gaston Leroux seront publiés successivement chez Tallandier : La Poupée sanglante suivi de La Machine à assassiner (2 vol., 1924) et Les Ténébreuses (2 vol., 1925). Chez Gallimard : La Farouche Aventure (1925)  et chez Baudinière : Le Fils de trois pères (Hardigras), (1926), Le Coup d’État de Chéri-Bibi (1926), Mister Flow (1927), Les Mohicans de Babel (1928).

Les ténébreuses

1924

Mars : Leroux signe avec Le Journal un contrat dans lequel il s’engage à livrer deux feuilletons par an ainsi que quelques nouvelles destinées à la revue Cyrano.

Pour Le Journal, il signe en 1924 La Coquette punie (La Farouche Aventure), en 1925, Hardigras (Le Fils de trois pères) et La Mansarde en or, en 1926 Les Mohicans de Babel et, enfin, en 1927 Mister Flow.

Gaston Leroux à son bureau

Vers 1925

2 mai : Dans sa célèbre rubrique des Nouvelles Littéraires, Frédéric Lefèvre passe « Une heure avec… » Gaston Leroux. Lors de cet entretien, Leroux lui confie : « Dès le collège, j’étais tourmenté par le démon de la littérature. Je m’amusais à faire des tragédies et à écrire des nouvelles. Est-il besoin de vous dire que les nouvelles ne valaient pas mieux que les tragédies ? » De même, il décrit le cérémonial qui présidait à la conclusion d’un roman lorsqu’il vivait dans sa villa de Cimiez, au-dessus de Nice : « Quand j’avais mis un point final à un roman, je bondissais sur le balcon et je déchargeais – en l’air – force coups de revolver. C’était le signal : ma femme, ma fille, mon garçon se précipitaient sur la vaisselle. Verres et assiettes volaient à travers le jardin. Dès qu’il ne restait plus rien à casser, on prenait les casseroles et on tapait dessus : un sabbat de sauvages. » Leroux supposait toutefois qu’après deux ou trois expériences de ce genre, elle « ne laissait plus que de la vaisselle ébréchée à la disposition des sauvages ».

 


La « méthode » Gaston Leroux
« L’heure » que passe Frédéric Lefèvre en 1925 avec Gaston Leroux est très précieuse pour comprendre la méthode de travail de l’auteur du Mystère de la chambre jaune : « J’ai toujours deux ou trois sujets de romans qui sommeillent en moi. Et quand je trouve dans mes lectures – car je lis énormément ; je vous le répète, je lis tout – des choses qui se rapportent à l’un ou l’autre des sujets en gestation, je les note et les mets dans un dossier.
Quand j’ai achevé un livre, je m’octroie deux jours de repos pendant lesquels je pense au prochain de la façon la plus paresseuse…
Je ne travaille que sur traité [contrat]. Il faut que je me sente poussé par les dates. Je trace alors un plan très sommaire car, avant tout, le livre doit être logique. En second lieu, je donne des noms à mes personnages : ils ne peuvent, en effet, commencer à vivre avant d’avoir des noms et un signalement.
Comme j’ai été paresseux à établir tout cela, je me fais alors un beau programme. C’est l’époque de l’ordre. Je colle ce programme, cet horaire dans la chambre de ma femme ou de ma fille. Quand elles passent devant, elles saluent respectueusement.
L’horaire porte d’abord trois heures de travail par jour, puis quatre, puis cinq… il faut bien rattraper le retard. »


Dans son remarquable ouvrage, Gaston Leroux, Parcours d’une œuvre (Ed. Encrage, 1996), Alfu publie l’un de ces programmes retrouvés, mais non daté :
PROGRAMME
« Lever à 5 h (réveil-matin).
5 h à 7 h : footing et gymnastique respiratoire en bord de mer.
7 h à 8 h : toilette (faire en sorte que le cabinet de toilette soit libre à 7 h quand je rentre).
8 h ¼ : lait.
8 h à 11 h : travail (le lit devra avoir été fait pour 8 h, on fera le bureau quand je sortirais à 11 h, s’arranger pour que personne n’ait à entrer dans mon bureau entre 8 h et 11 h).
11 h à 1 h ¼ : promenade avec « family » (quand il fera plus chaud : bain de mer).
1 h ¼ : déjeuner.
2 h à 3 h : sieste, lecture des journaux.
3h à 6 h : travail (me réveiller de force à 3 h si nécessaire).
6 h à 7 h ½ : promenade et Grand Cercle. [Il entretenait une folle passion pour le poker et, croyons-nous, il perdait beaucoup…]
7 h ½ : café au lait ; promenade avec « family » quand il fait beau, sinon « dodo ». – (Faire quatre pages par jour, quoi qu’il arrive et au besoin les écrire au dodo avant de s’endormir.)
….
Dimanche partir de bonne heure,
Tramway ou train pour la campagne
Déjeuner campagne lapin au sang et CHIANTI. »
Un programme qu’il respectait scrupuleusement.

Le Fantôme de l’opéra

1926-1929

1926

29 janvier : Sortie à Nice de la deuxième adaptation cinématographique du Fantôme de l’Opéra. Réalisé en 1925 par Rupert Julian et Lon Chaney (non crédité) et avec ce dernier dans le rôle du Fantôme, ce film américain est un énorme succès avec plus de 20 000 entrées.


1927
20 janvier : Début de la parution des Chasseurs de danses dans Le Journal des voyages. En cours d’écriture, cet ultime roman sera terminé par Charles De Richter et cela à la demande de Gaston Leroux qui se savait très malade. Pour De Richter, le travail va s’avérer très difficile car il ignore jusqu’aux grandes lignes de ce roman.
15 avril : Opéré peu avant à la clinique du Belvédère à la suite d’une crise d’urémie, Gaston Leroux décède chez lui à Nice d’une embolie. Il a 59 ans. Son cercueil est exposé durant trois jours dans son petit salon hispano-mauresque. Quels rapports entretenait-il avec la maladie et la mort ? Son ami Louis Latzarus le résume fort bien : « La maladie lui était odieuse ; et importune l’idée de la mort. Il tenait en horreur les lettres de faire-part, entourées de noir. Il les déchirait avec fureur et en piétinait les débris. Mourir ? Ah ! Il ne faut pas mourir ! Il faut aller et venir, regarder les hommes, les coudoyer, leur parler, lire leurs livres, s’enthousiasmer s’il y a lieu, se moquer lorsque l’occasion se présente, parler, rire, travailler, et vivre enfin, vivre, vivre ! »
19 avril : Une messe a lieu en l’église Saint-Pierre-d’Arène. Grâce à une dérogation, Gaston Leroux ne sera que plus tard inhumé au cimetière du Château, au-dessus du vieux Nice, où il rêvait de reposer. Il ne laisse à sa famille aucune valeur mobilière ou immobilière, mais bien « une valeur plus sûre : son œuvre et le souvenir d’un homme incomparable » écrivait son gendre Pierre Lépine (Gaston Leroux, Romans mystérieux, Paris, Omnibus, 2008), fondateur du Cercle Gaston Leroux le 1er avril 1976.
20 avril : Maurice Leblanc, père d’Arsène Lupin, conclut sa lettre de condoléances adressée à Jeanne par ces quelques lignes émouvantes : « Dites bien à ses enfants, dites bien à son fils, de la part de son émule (comme a dit Antoine, et j’accepte fièrement l’épithète), qu’ils peuvent être orgueilleux du nom qu’il leur a laissé […]. »


1928
Avril : Sortie de L’Agonie de la Russie blanche, un volume qui réunit les articles réalisés pour Le Matin d’avril 1905 à août 1906. Présente tout au long du reportage, l’épouse de l’auteur en est l’éditrice (les éditions Jeanne Gaston-Leroux seront créées peu après) et débute ici un vaste programme de réédition de toutes les œuvres indisponibles. Le frontispice, « Croquis de mon père écrivant », est signé Madeleine Gaston-Leroux.


1929
1er février : Début de la parution de Lady Helena dans Le Journal. Il s’agit d’une suite de Mister Flow écrite par Louis Latzarus d’après les notes et plans de Gaston Leroux. Il ne sera publié en France qu’en 1946 sous le titre Le Collier de lady Helena (publications Miro, coll. Romans et Nouvelles n° 1).

Les fils de Balaoo

1934

1934

14 novembre : Début de la parution du Fils de Balaoo dans Paris-Soir. Roman écrit par Stanislas André Steeman à l’instigation d’Alfred Leroux, d’après les notes et plans de son père. L’ouvrage paraîtra en un volume in-12 à la Librairie des Champs-Élysées en 1937.


1936
27 mai : Pierre Véry rend hommage, avec humour, au Mystère de la chambre jaune. La sienne est verte, d'un vert Trianon, et il s'agit d'un problème de local totalement ouvert où personne ne veut se donner la peine d’entrer !… Dans ce parfait pastiche en miroir (déformant), le flic est un flic et le malfaiteur... le détective.

La nouvelle, « Le Mystère de la chambre verte », a été publiée dans l'hebdomadaire Marianne n° 188 puis recueillie en volume dans Les Veillées de la Tour pointue (Gallimard, coll. La Renaissance de la nouvelle, 1937).

 


1962
Février : Décès de Jeanne Cayatte, veuve de Gaston Leroux. Leur fils Miki, décèdera le 18 mars 1970 et Madeleine Lépine-Leroux, leur fille, le 25 mai 1984.

Pouloulou

1996-2009

1996

Parution de Pouloulou, roman écrit en 1914, remisé à cause de la guerre, exhumé en 1984 par la famille Leroux et authentifié par Francis Lacassin. Certains éléments du récit avaient été utilisés dans Rouletabille chez les Bohémiens.


2004-2009
Don par les héritiers de l’auteur du fonds Gaston Leroux, en 2004, 2006 et 2008, à la Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, soit 64 boîtes dont les manuscrits autographes du Mystère de la chambre jaune et du Fantôme de l’Opéra.


7 octobre 2008-4 janvier 2009 
Exposition rétrospective, « Gaston Leroux, de Rouletabille à Chéri-Bibi » (sous la direction de Guillaume Fau), Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand.

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