S’il est un temps envisagé d’agrandir la prison du centre-ville, la décision est finalement prise de construire un édifice légèrement à l’écart et entièrement neuf. Une parcelle agricole est sélectionnée et achetée non loin du boulevard Joseph Poulenc, celui-ci matérialisant l’ancienne enceinte médiévale de la ville et devenant la véritable colonne vertébrale du développement urbain au XIXe siècle.
L’édifice est dès son origine un projet ambitieux, de par sa taille, ses dispositions architecturales mais également à travers le choix fait de l’édifier sur le mode cellulaire. Les prémices de ce modèle carcéral peuvent être observés dès le XVIIIe siècle dans les prisons pontificales mais c’est aux États-Unis qu’il est réellement théorisé et mis en place de façon systématique pour la première fois. Le célèbre pénitencier d’Eastern State, mis en service dès 1829 à Philadelphie, en Pennsylvanie, est le premier représentant officiel de ces nouveaux lieux de l’enferment. Le terme d’enfermement cellulaire vient de cette volonté nouvelle de chercher à isoler le détenu au maximum, de l’extérieur mais aussi et surtout des autres détenus en le maintenant au maximum dans une cellule solitaire. L’objectif de cette doctrine est de réhabiliter moralement le détenu et d’éviter la récidive en le plongeant dans un environnement fait principalement d’isolement, de rigueur et d’hygiène.
2. La nouvelle prison : projet et devis
Plan du chapitre
Vue générale de la ville d’Espalion à la fin du XIXe siècle avec la prison dans le quart inférieur gauche
Vue extérieure de la chapelle Paraire
Nous avons la chance d’avoir conservé aux Archives départementales de l’Aveyron un certain nombre de documents relatifs aux prisons aveyronnaises. Une des liasses concernant le site d’Espalion contient notamment le devis détaillé et surtout coté avec précision de l’édifice souhaité par l’architecte départemental d’alors, Etienne Boissonnade qui réalisa également la chapelle Paraire à Rodez.
Première page du devis préalable à la construction, établi par Etienne Boissonnade en 1837
Ceci nous permet de connaître les dispositions voulues à l’origine par l’architecte ainsi que les modes de construction. En comparant cela aux témoignages, aux plans établis aux cours des années et à l’étude du bâti actuel, nous pouvons obtenir un éclairage intéressant sur les évolutions du bâtiment et les volontés ayant présidé à ces choix architecturaux.