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L'émotion

« La cour d’assises est assurément la scène la plus théâtrale des juridictions répressives et les émotions y jouent, à de nombreuses reprises, un rôle essentiel : au moment de l’installation du public, lors de l’entrée de la cour, pendant la lecture de l’acte d’accusation, comme pendant les débats, sans oublier la réception du verdict. Les émotions contribuent à amoindrir un argument ou au contraire à le rehausser. Elles ont le pouvoir de discréditer une démonstration ou, à l’inverse, de transformer une hypothèse invraisemblable en solution séduisante. Elles peuvent rendre sympathique celui qui se trouve dans le box des accusés ou bien en faire immédiatement un personnage repoussant, une fois métamorphosé en monstre moral considéré comme irrécupérable pour la société.
Les arguments qui mobilisent les affects sont en général beaucoup plus efficients que ceux qui s’adressent à la raison. La logique la plus implacable se heurte souvent à des impressions indéracinables, sans fondement rationnel, et reste donc sans grand effet face au dégoût, à l’horreur, à la pitié, au ressentiment, à l’indignation voire la haine. 
» FRÉDÉRIC CHAUVAUD, Pleurs, effroi et rires dans les prétoires. Le triomphe de l’émotion en cour d’assises (1880-1940), Clio@Themis numéro 8, DOSSIER : L’argumentation au cœur du processus judiciaire, en ligne, http://www.cliothemis.com/Pleurs-effroi-et-rires-dans-les