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Gaillon - Colonie correctionnelle des Douaires

La colonie pénitentiaire des Douaires est née de la maison centrale de Gaillon. Inaugurée en 1816 dans l’ancien château de Gaillon, premier palais de la Renaissance française bâti entre 1502 et 1506 sur les ruines d’une forteresse du XIIe siècle, la nouvelle centrale de Gaillon est prévue pour accueillir des détenus des départements de l’Eure, de la Seine-Inférieure, de l’Orne, du Calvados, de l’Eure-et-Loir et de la Somme, à hauteur de 15 000 places. La centrale de Gaillon ferme ses portes en 1901 car les locaux sont inadaptés à l’encellulement individuel. Une nouvelle colonie correctionnelle, cogérée administrativement avec la colonie agricole des Douaires, est alors créée dans ses bâtiments en 1908. À sa fermeture en 1915, les détenus, indisciplinés des autres colonies, sont transférés à Eysses.

En 1820, le premier quartier pénitentiaire pour jeunes détenus est créé dans la maison centrale de Gaillon, conformément à l’arrêté du ministre de l’Intérieur qui prévoit de séparer jeunes détenus et détenus adultes dans les prisons départementales. En 1824, l’État achète un lot de terre de 26 hectares sur le plateau dominant Gaillon dans le but d’y envoyer travailler les jeunes détenus du quartier pénitentiaire. En 1842, c’est la ferme des Douaires qui est acquise. En 1847, la colonie agricole publique des Douaires est fondée sur une propriété de 213 hectares. L’année suivante, le domaine s’étend et des bâtiments d’habitation sont construits : les jeunes détenus y sont installés, évitant ainsi les allers-retours entre la prison centrale et la ferme. En 1862, la colonie des Douaires devient un établissement autonome : un directeur y est nommé. Le domaine s’étend encore, et, la population de détenus augmentant, les constructions de 1848 ne suffisent plus. De nouveaux bâtiments sont construits et inaugurés le 25 septembre 1868. Il s’agit du premier ensemble architectural destiné aux mineurs de justice en France.

La colonie agricole des Douaires est organisée autour de quatre bâtiments, dont l’un est occupée par la ferme. Les trois autres bâtiments sont aménagés pour la population et les divers services de la colonie. Au rez-de-chaussée se trouve la salle de réfectoire, longue de 40 mètres et large de 10 mètres, avec la cuisine contiguë. Une scène a été installée dans le fond du réfectoire pour les jours de fête. On trouve également au rez-de-chaussée six salles de classe, une salle de lecture avec une bibliothèque proposant quelque milles volume, une salle de musique avec divers instruments, et sept ateliers :  cordonnerie, charronnerie, forge, menuiserie, serrurerie, ferblanterie et peinture. Les bureaux de l’administration et les magasins de l’économat sont également au rez-de-chaussée. Au premier étage de chacun des trois bâtiments se trouvent les dortoirs qui comprennent 384 chambres individuelles, ainsi que quelques chambres de surveillants. Entre les quatre bâtiments se trouvent trois cours de récréation plantées d’arbres qui occupent chacune une superficie de 3000 mètres carrés. L’infirmerie, la boulangerie et la buanderie sont installées dans des bâtiments séparés. Il existe aussi aux Douaires un quartier de punition, comprenant 49 cellules d’isolement, qui se situe près de la chapelle qui peut accueillir 600 personnes. Au 1er décembre 1920, la colonie des Douaires compte un effectif de 313 pupilles. Il s’agit des catégories suivantes : des mineurs de 16 ans acquittés (art. 66 du CP), des mineurs de 18 ans acquittés (art. 66 du CP), des mineurs de 16 ans condamnés (art. 67 et 69 du CP) et des pupilles de l’Assistance publique indisciplinés ou vicieux (art. 2 de la loi du 28 juin 1904). La colonie pénitentiaire agricole des Douaires ferme définitivement ses portes en 1927.