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Saint-Hilaire - Colonie pénitentiaire agricole

La colonie pénitentiaire Saint-Hilaire est fondée en 1853, soit trois après la loi « Corne » du 5 août 1850 sur l'éducation et le patronage des jeunes détenus. Émanation de la centrale de Fontevraud, la nouvelle « colonie pénitentiaire de Saint-Hilaire » est prévue pour accueillir les nouvelles catégories de jeunes détenus mentionnés dans l’article 3 : les mineurs convaincus de faits délictueux mais néanmoins acquittés comme ayant agi sans discernement et les mineurs condamnés à des peines de prison inférieures à deux ans. La colonie de Saint-Hilaire est donc le tout premier établissement pénitentiaire agricole public pour mineurs, géré par l’administration pénitentiaire, puisqu’il dépend administrativement de la maison centrale de Fontevraud. Toujours conformément à l’article 3 de la loi de 1850, les jeunes détenus seront « appliqués aux travaux de l'agriculture, ainsi qu'aux principales industries qui s'y rattachent ». Pour ce faire, la colonie de Saint-Hilaire est installée sur trois exploitations agricoles : au lieu-dit Boulard, au lieu-dit Bellevue sur le territoire de la commune de Roiffé (département de la Vienne), et au lieu-dit Chanteloup sur la commune de Fontevraud-L'Abbaye dans le département limitrophe du Maine-et-Loire.

Dès 1860, la colonie Saint-Hilaire devient autonome de Fontevraud, tout en restant dans le giron de l'administration pénitentiaire. Malgré les missions éducatives exposées dans les textes de loi, Saint-Hilaire restera un lieu de détention où la répression prévaut, et ce au moins jusqu’à la réforme « Amor » de 1945. En témoignent les effectifs du personnel encadrant les jeunes détenus pendant les premières décennies d’activité de l’établissement : on compte un seul aumônier et un seul instituteur pour plus de 300 personnes et un surveillant pour 30 personnes. En 1891, la ferme de Chanteloup, attenante à la ferme principale de Boulard, devient « école de réforme ». Orientée davantage vers une vocation éducative, elle reçoit une centaine d'enfants âgés de moins de 12 ans – afin de les isoler de leurs aînés, jugés plus pernicieux. Puis, à partir de 1897, c’est la colonie entière de Saint-Hilaire qui devient école de réforme. Le parcours d’un enfant confié par la justice s’y déroule ainsi : entre 7 et 12 ans, il est placé à la ferme de Chanteloup, à partir de 12 ans à celle de Bellevue, puis il est transféré à la ferme de Boulard.

La loi du 22 juillet 1912 sur les tribunaux pour enfants et sur la liberté surveillée entraîne un changement fondamental dans la justice des mineurs : un mineur de moins de 13 ans ne peut plus être « déféré à la juridiction répressive ». Or Saint-Hilaire a toujours relevé de l’administration pénitentiaire et accueille en son sein, à Chanteloup, des enfants de 7 à 12 ans. Par un décret du 9 octobre 1917, Chanteloup se transforme en « internat approprié », qui sera transféré au château de Spoir (Eure-et-Loir) à partir de 1953. Chanteloup devient ainsi un établissement de plein exercice autonome de Saint-Hilaire. En réalité, les liens entre Saint-Hilaire et Chanteloup demeurent : le contrôle budgétaire de « internat approprié » reste sous l'autorité du préfet de la Vienne – Chanteloup se situe dans le Maine-et-Loire – et Saint-Hilaire continue d'accueillir des détenus de Chanteloup âgés d’au moins 13 ans. La colonie pénitentiaire de Saint-Hilaire rassemble désormais les deux sites de Bellevue et Boulard, où le caractère disciplinaire prévaut toujours. En 1927, Saint-Hilaire devient une « maison d'éducation surveillée », comme toutes les colonies pénitentiaires françaises. Puis, en 1940, l’ancienne colonie pénitentiaire agricole devient une « institution publique d'éducation surveillée » (IPES), dont la direction ne dépend plus directement de l'administration pénitentiaire, mais de la direction de l'éducation surveillée, une entité fondée par l'ordonnance du 2 février 1945 au sein du ministère de la Justice. L’ « internat approprié » de Chanteloup-Spoir, qui ferme ses portes en 1989, a été sous la tutelle de Saint-Hilaire pendant une quinzaine d’années, puisque l’IPES ferme définitivement en 1975.