Vers la carte d'identité obligatoire

Exemples de cartes d’identité délivrées par les administrations, les préfectures, les commissariats et les mairies, années 1920 à 1946

Montpellier, archives départementales de l’Hérault, 4 M 2305.

Le 27 octobre 1940, un décret de l’État français rend obligatoire une « carte d’identité de Français » pour les individus âgés de plus de 16 ans. Cette création de Vichy a été préparée par plusieurs tentatives de généralisation menées au cours de l’entre-deux-guerres, notamment en 1921 par la préfecture de police ou en 1935 par le ministère Laval. De fait, jusqu’en 1940, les nombreuses cartes d’identité en circulation sont facultatives. Elles sont délivrées par de multiples autorités et n’obéissent à aucune normalisation. Pour être performante, l’idée de carte d’identité obligatoire suppose, en complément invisible et collectif, l’existence d’un fichier de référencement qu’il faut bien distinguer du document dont l’individu est porteur. C’est par la coopération entre les services centraux du ministère de l’Intérieur, les préfectures et les services de la démographie que l’État français parvient à instituer, dans quelques départements seulement, un premier numéro d’identification national, à 13 chiffres, différent pour chaque Français. La présence de la photographie (obligatoirement de profil à la fin de la guerre) et de quelques éléments signalétiques montrent l’héritage de Bertillon. De fédératrice et assimilatrice qu’elle avait été jusqu’alors, la carte d’identité créée par le régime de Vichy devient excluante. Il s’agit de rejeter les individus qui ne répondent plus aux nouveaux critères raciaux ou nationaux. Aussi dans les fichiers des préfectures, figure la mention du mode d’acquisition de la nationalité et de la qualité de « juif ».