Vers le fichier central
Dossier de demande de cartes d’identité d’étranger de Koloman S. Nantes, 1935-1937
Nantes, archives départementales de Loire-Atlantique, 4 M 629
A la fin du xixe siècle, les seuls ensembles assimilables à des fichiers centraux sont gérés, au ministère de l’Intérieur, par la direction de la Sûreté générale pour les seuls interdits de séjour. 50 000 dossiers sont ainsi ouverts de 1889 jusqu’à 1906, année de clôture d’une première série. En 1907, la réforme qui créé les brigades mobiles régionales place celles-ci sous l’autorité du Contrôle général des services des recherches judiciaires qui dispose d’un service des archives. Celui-ci met en place un « fichier criminel » dont ne nous sont parvenues que quelques épaves, mais qui dépasse vraisemblablement le million de dossiers au milieu des années 1930. Témoin d’une époque troublée, la création d’un « fichier central » date de 1935. Il concerne de fait tous les individus fichés au titre de la police dite administrative. Cette création intervient dans le contexte de l’affaire Stavisky qui a brutalement exposé au grand jour tant les rivalités entre la préfecture de police et la Sûreté générale que les dysfonctionnements de cette dernière. Le gouvernement justifie par ailleurs la nécessité de ce fichier par l’arrivée en France de centaines de milliers de réfugiés fuyant l’Allemagne nazie ou l’Espagne en proie à la guerre civile. Contrairement au fichier criminel, le fichier central nous est presque intégralement parvenu, de manière assez paradoxale, du fait des aléas de la guerre de 1939-1945.
Dossier de demande de cartes d’identité d’étranger de Koloman S. Nantes, 1935-1937
Nantes, archives départementales de Loire-Atlantique, 4 M 629
La carte d’identité a pour fonction d’identifier l’étranger en tant que travailleur. A partir de 1917, l’attribution de la carte d’identité est le plus souvent subordonnée à la présentation d’un titre d’embauche visé par les agents du ministère du Travail, répartis dans les bureaux d’immigration installés aux frontières. Comme l’indique le rapport établi par la commission ayant préparé la loi du 12 août 1926 : « il importe de canaliser les flux des travailleurs venus de l’extérieur vers les professions et les régions où leurs concours peuvent nous être utiles ; il ne faut pas au contraire qu’ils entrent dans des professions déjà encombrées, sur des territoires surpeuplés (agglomération urbaine) parce qu’il en résulterait inévitablement pour nos nationaux soit du chômage, soit un avilissement des salaires ». Ce souci protectionniste explique la multiplication des cartes d’identité de couleurs différentes, en fonction du secteur d’activité (agriculture, industrie, puis dans les années 1930, commerce et artisanat).
Dossier de demande de cartes d’identité d’étranger de Koloman S. Nantes, 1935-1937
Nantes, archives départementales de Loire-Atlantique, 4 M 629
Dossier de demande de cartes d’identité d’étranger de Koloman S. Nantes, 1935-1937
Nantes, archives départementales de Loire-Atlantique, 4 M 629
Formulaire de demande de visa d’entrée en France, Berlin, 1936
Fontainebleau, Archives nationales, 19940459/1
L’adresse que donne Mala Laaser, allemande « israélite non réfugiée », est celle de Jean Giono, à Manosque. On note la mention marginale « C’est pressé ! ». Comme toutes les demandes de visa transmises alors à la Sûreté nationale par les consulats de France en Allemagne, celle-ci alimente un dossier nominatif du fichier central. Cette pièce est d’ailleurs la seule du dossier ouvert au nom de Mala Laaser.
Carnet anthropométrique d’interdit de séjour, 1935-1937
Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL H 5099.
Délivré aux interdits de séjour par les services pénitentiaires coloniaux, les maisons d’arrêt ou les préfectures, le carnet anthropométrique fut rendu obligatoire par le décret-loi du 30 octobre 1935. À l’instar de celui des nomades (1912), il donnait l’état civil et photographie à la page 1, le signalement et les empreintes à la page 2, l’extrait de la condamnation à la page 3, la situation pénale aux pages 4 et 5, les visas de séjour aux pages 6 et 7.
Carnet anthropométrique d’interdit de séjour, 1935-1937
Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL H 5099.
Carnet anthropométrique d’interdit de séjour, 1935-1937
Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL H 5099.
Carnet anthropométrique d’interdit de séjour, 1935-1937
Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL H 5099.
Carnet anthropométrique d’interdit de séjour, 1935-1937
Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL H 5099.
Carnet anthropométrique d’interdit de séjour, 1935-1937
Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL H 5099.
Carnet anthropométrique d’interdit de séjour, 1935-1937
Aix-en-Provence, Archives nationales d’outre-mer, COL H 5099.
PLAN DE L'EXPO
- L’affaire. Lurs, 4 août 1952
- Crimes et rapines. Petites et grandes affaires de l’Est parisien (1880-1914)
- L’affaire Fualdès. Le sang et la rumeur
- Alphonse Bertillon et l'identification des personnes (1880-1914)
-
Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 60
- Identifier avant la photographie
- Premiers usages de la photographie
- Naissance de l'identité judiciaire
- Succès et limites du système Bertillon
- Une généralisation de l'encartement dans l'entre deux guerres
- Les conséquences de la Grande guerre et de la révolution d'Octobre
- Les fichiers locaux de la police judiciaire et de la police administrative
- Vers le fichier central
- Le fichier central de la sûreté nationale
- Vers la carte d'identité nationale obligatoire
- La guerre de 1939-45, Vichy, la Libération
- Les années 1950-1960
- Annexes. Repères chronologiques
- Crédits et remerciements
- La Révolution à la poursuite du crime !
- Les « vrais » Tontons flingueurs
- L'accusé et sa mise en image sous la Troisième République
- Détective, fabrique de crimes ?
- Crimes et châtiments en Normandie (1498-1939)
- Du gibet au palais. Les lieux de justice dans l'Ain
- Présumées coupables, du 14e au 20e siècle