Cette exposition a été réalisée par Marie-Hélène Bonnet et le Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital, en collaboration avec l’Ecomusée de Fresnes, dans le Val de Marne. Elle retrace l’évolution du traitement de la souffrance psychique dans des situations d’enfermement depuis le XVIIIe siècle, ère d’avènement de la psychiatrie aliéniste, jusqu’à aujourd’hui.
De la prison et du bagne aux sections spéciales de psychiatrie, les aliénés ont vu leurs conditions de vie s’améliorer en l’espace de trois siècles, passant d’un enfermement carcéral misérable à la possibilité d’une prise en charge sanitaire et psychique de qualité. Le territoire du Val de Bièvre illustre parfaitement cette avancée vers la prise en compte du sujet, avec l’hôpital Bicêtre, autrefois hospice destiné aux incurables, et le groupe hospitalier Paul Guiraud à Villejuif, qui dispose de structures de soin dédiées aux détenus. Cependant, les frontières entre l’ « aliéné » et le « criminel » restent floues, entraînant une véritable difficulté pour les équipes. Naviguant entre prison et hôpital, entre sanction pénale et traitements psychotropes, ces personnes souffrantes ne cadrent pas avec les structures actuelles. D’un côté, la détention reste un lieu de détresse mentale majeure pour ces êtres déjà fragilisés avant leur passage à l’acte. De l’autre, des patients psychotiques, ayant parfois tué sous le coup du délire, restent confinés dans des unités psychiatriques fermées pendant des années, attendant leur condamnation et s’enfonçant dans la maladie du fait de la vie en internement. Comment résoudre ces impasses ?
Cette exposition relance donc des questions de politique de santé mentale : comment améliorer la qualité des soins psychiques en prison ? De quelle manière allier les traitements médicamenteux avec une psychothérapie ? L’articulation entre justice et santé mentale, par la mise en place des injonctions de soins, est un premier pas vers la reconnaissance d’une souffrance psychique à traiter chez les individus, capable de prévenir des récidives. L’expérience quotidienne des cliniciens du RPH prouve que la rencontre avec un psychothérapeute ou psychanalyste évite de nombreux passages à l’acte dictés par la souffrance et la folie, et que la psychanalyse contribue à une plus grande paix sociale.
Assemblage : Jean-Lucien Sanchez, chargé d’études en histoire, Laboratoire de recherche et d’innovation de la Direction de l’administration pénitentiaire (ministère de la Justice).
Edition en ligne : Delphine Usal, chargée d’édition, Centre pour les humanités numériques et l’histoire de la justice (CLAMOR, UMS CNRS 3726)
Photographies : Archives départementales du Val de Marne ; Écomusée du Val de Bièvre ; Musée du domaine départemental de Sceaux ; Bibliothèque Nationale de France ; Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine ; Service Communication du Groupe Hospitalier Paul Guiraud ; Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine de l’Eure - Direction Régionale des Affaires Culturelles de Haute-Normandie ; Musée Sigmund Freud à Vienne ; Tirages Umberto Appa Studio 7 ; Philippe Guinehut
Objets : Archives départementales du Val de Marne ; Archives du groupe hospitalier de l’Hôpital Paul Guiraud Villejuif ; Musée de l’hôpital Sainte Anne ; Ecomusée du Val de Bièvre
Communication : CAVB- Direction de la Communication ; Visuel : Nicoby