6. Penitentiary Chapel Historic Site (Hobart, Tasmanie)

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Penitentiary Chapel Historic Site (Hobart, Tasmanie)

Le complexe formé par la prison et le palais de justice de la rue Campbell est un des plus significatif de la ville d'Hobart, en Tasmanie, avec son passé pénal. Il couvrait autrefois une grande partie de la façade de la rue Campbell et s'étendait sur deux larges blocs compris entre les rues Bathurst et Brisbane. Tout ce qu'il en reste aujourd'hui est un petit groupe de bâtiments situés au coin des rues Brisbane et Campbell et la base du vestige d'un mur en grès qui clôturait la prison de Hobart du côté de la rue Campbell. Ces bâtiments renferment une chapelle, construite entre 1831 et 1833. La grande originalité de cet édifice est que son sous-bassement est formé par des cellules d'isolement. Par la suite, ce bâtiment fut transformé en prison et en cours de justice dans les années 1850.

Les textes de cette exposition sont issus des ouvrages suivants : Georges Brown, David Button, Elizabeth Mercer, Peter Mercer, Brian Rieusset, The penitentiary Chapel Historic Site, National Trust of Australia (Tasmania), 2007 ; et Brian Rieusset, Chapelle du pénitencier, Brève histoire de la chapelle du pénitencier et des cours de Hobart, traduit par Marie-Alice Bénard-Etter, 2010.

Ce site fut occupé à des fins pénales à partir de 1821, quand des baraquements destinés aux bagnards y furent créés. Modifiée au fil des ans pour répondre à l'évolution des exigences administratives, mais également à celles de la population pénale, l'enceinte est demeurée constamment un lieu de correction et de détention jusqu'à sa fermeture en 1963 (environ 40 000 bagnards et prisonniers y ont séjourné). Les cours de justice ont continué à servir de cours criminelles et de cour suprême jusqu'en 1975 et comme magistrates' court et coroners' court jusqu'en 1983. En tant que lieu de justice et de correction, ce site a été, et de loin, le plus ancien de Tasmanie et l'un des plus anciens d'Australie.

La prison, dont les hauts murs surmontés de verre pilé étaient considérés comme une véritable pollution visuelle, a été détruite dans les années 1960, dans une indifférence quasi générale. Les deux cours de justice et les bureaux, lorsqu'ils n'ont plus été utilisés en tant que cour suprême, auraient probablement été démolis à leur tour.

À cette époque, les habitants de Hobart manifestaient peu d'intérêt pour le riche patrimoine constitué par les premiers bâtiments de leur ville, particulièrement ceux qui leur rappelaient le passé pénal de la cité. La vieille prison de la ville, en particulier, était considérée comme la relique gênante d'un passé que l'on souhaitait alors précipiter dans l'oubli.

Pendant la première moitié du XIXe siècle, la Tasmanie (alors intitulée Van Diemen's Land) constitua le principal point d'accueil des bagnards venus de Grande-Bretagne. La population pénale, hommes et femmes, représentait ainsi dans les années 1820 près de la moitié de la population totale de Hobart. Certains forçats y purgeaient leur peine, tandis que d'autres, une fois leur sentence achevée, s'y installaient. De ce fait, le taux de criminalité y était particulièrement élevé. L'ordre et la loi étaient difficilement applicables à Hobart du fait de l'absence de cour suprême pour y juger les criminels, et ce jusqu'en 1824. La première prison de Hobart, mal construite et totalement insuffisante, était constituée d'un bâtiment de deux étages érigé en 1816 et situé à l'opposé de l'actuelle prison (entre Murray et Macquarie Streets, sur l'emplacement de l'actuelle Law Society of Tasmania). La prison de Murray Street fut construite pour héberger principalement les bagnards prévenus ou condamnés pour des crimes accomplis dans la colonie. Bien qu'elle fut régulièrement en sureffectif et que les évasions y étaient nombreuses, elle demeura la prison de la ville et le lieu d'exécution des sentences capitales jusqu'à ce que la nouvelle prison de Campbell Street fut prête pour recevoir ses premiers occupants, en 1857. En outre, comme le nombre de bagnards augmentait de plus en plus, il devint urgent de les héberger dans des baraquements à leur arrivée dans la colonie, afin qu'ils puissent patienter dans un lieu sécurisé avant d'être affectés au service de colons libres. C'est à cet effet qu'un premier baraquement destiné aux forçats fut construit en 1821 dans Campbell Street. Ce bâtiment était surnommé le Pénitencier ou « Tench » par les bagnards.

Peu après son arrivée dans la colonie en mai 1824, le nouveau lieutenant-gouverneur Georges Arthur prit des mesures très strictes à l'endroit de la population pénale. Tout forçat inemployé par un colon libre dans la colonie devait obligatoirement être détenu dans des baraquements publics la nuit venue. Ces forçats, ainsi que ceux employés par le gouverneur, furent accueillis dans le nouveau pénitencier. Comme leur nombre ne cessait d'augmenter, l'établissement fut agrandi de 1827 à 1828 pour pouvoir héberger jusqu'à 640 hommes. Au même moment, une nouvelle prison pour femmes, the Female Factory, fut construite à Cascades, non loin de Hobart.

Dans les années 1830, l'objectif du système pénal était de punir, mais également de réformer. Bien qu'ils aient été transportés en Australie, les forçats étaient obligés de purger leur peine sur place en subissant une servitude pénale d'une durée déterminée. Ce système consistait à travailler comme domestiques assignés à des colons libres ou comme prisonniers soumis à des travaux forcés dans des pénitenciers ou dans le cadre de travaux publics. La réformation des condamnés incluait l'instruction religieuse, l'apprentissage de métiers dans les pénitenciers, l'acquisition de compétences utiles à la vie collective durant leur période d'assignement et, éventuellement, l'influence positive de leur maître dans le cas des forçats assignés. S'il se conduisait bien, et pour l'y inciter, le bagnard pouvait obtenir certaines libertés par le biais du ticket of leave. Cette mesure lui permettait, notamment, de rechercher un emploi dans un district désigné par le gouverneur, de contracter un mariage ou de faire venir sa famille dans la colonie.

John Lee Archer est né à Dublin le 26 avril 1791. Architecte de formation, il arrive à Hobart en 1827 en qualité d'ingénieur civil et d'architecte de la colonie, sous la direction du lieutenant-gouverneur George Arthur. Il demeure en poste durant onze ans, réalisant un grand nombre de bâtiments publics, notamment pénaux et militaires. Pour répondre tout à la fois aux besoins de construction d'une seconde église pour la ville et afin de fournir des cellules d'isolement au pénitencier, le tout dans un souci d'économies, John Lee Archer conçut un bâtiment original en mesure de répondre à ces deux exigences. Il l'organisa selon un plan en forme de croix : une nef centrale et deux transepts situés à l'est et à l'ouest abritaient trois ailes composées d'étages pour accueillir le public. L'ensemble faisait face à une plateforme demi-circulaire où se situait la chaire et d'où le regard pouvait embrasser l'ensemble des trois ailes. Derrière se situait une vaste sacristie. Le bâtiment pouvait accueillir 1 500 personnes : 500 sous la nef et 500 sous chacun des transepts.

Le sous-sol de la chapelle était composé de 36 cellules d'isolement, qui tenaient donc lieu de sous-bassement à l'édifice. De chaque côté de la chapelle existait des cours semi-circulaires pour la promenade des détenus, auxquelles on accédait facilement depuis les cellules. Grâce aux hauts murs entourant ces cours, les détenus ne pouvaient pas être vus des passants.

Les cellules étaient de hauteur variable pour s'adapter au sol incliné de la chapelle située au-dessus. Ces cellules n'étaient pas éclairées et étaient très peu ventilées. On les surnommait « les trous de poussière » (dust hole). La présence de ces cellules entraîna le refus de l'évêque d'Australie, William Grant Broughton, de consacrer la chapelle.

La plus petite cellule disposait d'une entrée d'à peine 70 cm de haut.

Ces cellules étaient essentiellement destinées à punir des bagnards rentrés ivres après leur journée de travail, faisant ainsi office de « cellules de dégrisement ». Regardées comme particulièrement inhumaines, une ou deux de ces cellules, les plus petites et les plus exiguës, furent fermées en 1847.

Les détenus pénétraient dans la chapelle par deux portes situées des deux côtés de la chaire.

Les travaux de construction de la chapelle débutèrent en 1831 et les murs et les fondations furent achevés à la fin de l'année. Les ouvriers étaient tous des bagnards employés par le département du génie civil. Néanmoins, l'intérieur du bâtiment fut bâti par des forçats et des ouvriers libres.

Il fut également décidé de permettre aux habitants libres d'assister à l'office en s'installant dans la nef centrale de la chapelle (les transepts est et ouest étant réservés aux forçats). John Lee Archer dessina donc une entrée réservée à la population libre, assurant une séparation stricte avec les bagnards et le pénitencier. Elle se situe dans la tour coloniale de la chapelle, donnant sur Brisbane Street.

Une horloge construite en 1828 par Thwaites et Reed à Londres culmine au sommet de la tour. La chapelle est définitivement achevée en 1833 et ouvre ses portes le 29 septembre de la même année.

En 1853, la transportation des forçats fut officiellement abolie en Tasmanie. Suite à cela, le pénitencier fut proclamé prison et maison de correction le 1er septembre 1857. D'importants travaux furent conduits pour accueillir les détenus de la vielle prison de Murray Street, qui y furent transférés le 13 juin 1857.

En 1859, la chapelle fut transformée en tribunal.

La nef et le transept est de la chapelle furent transformés en deux salles de tribunal. Les équipements et les bancs de cette partie de la chapelle furent utilisés comme box pour les jurés et comme bancs pour les journalistes. Seule l'aile ouest de la chapelle fut conservée, avec quelques altérations, pour permettre d'assurer le service religieux des détenus.

En 1963, tous les prisonniers de l'établissement furent transférés dans la nouvelle prison de Risdon. La maison du gardien de prison adjoint fut alors transformée : des cellules grillagées de jour y furent installées pour les détenus en attente de jugement.

Afin d'avoir accès aux souterrains situés sous les tribunaux et menant aux bancs des accusés, la chapelle fut démolie et un couloir de sécurité grillagé fut installé.

Aujourd'hui reconstituée, un bâtiment hébergeant une potence fut intégré au pénitencier, dans son aile ouest.

Les montants de la potence et le mécanisme de la trappe provenait de la vielle prison de Murray Street.

La première pendaison eut lieu le 18 août 1857, sur la personne d'Alexander Cullen, dit « Scotty », pour le meurtre prémédité d'Elisabeth Ross.

La seule femme exécutée fut Margaret Coghlan, le 18 février 1862, pour le meurtre prémédité de son mari. En tout, 32 exécutions eurent lieu dans la prison jusqu'à la dernière, le 14 février 1946.

En 1968, la peine de mort est officiellement abolie en Tasmanie mais, à cette époque, la potence avait déjà été retirée du pénitencier. Pendant la démolition de la prison et les travaux pour permettre aux détenus de la prison de Risdon d'accéder aux deux tribunaux, en 1963, la potence a été délibérément incendiée. Un surveillant, conscient de la valeur patrimoniale de cet objet, eut néanmoins la prévoyance de récupérer les trois poutres, la trappe, le mécanisme, les montants et les chaînes en fer de la potence. Le tout fut entreposé pendant des années dans la prison de Risdon, avant d'être restitué. Après un long débat, la décision fut prise de la remonter. Au prix d'une minitieuse reconstitution, la potence restaurée est à nouveau présentable au public depuis le mois de décembre 1991.

Déclaré réserve d'État (State Reserve) en 1984, the Penitentiary Chapel and Criminal Courts fut loué au National Trust of Australia (Tasmania)l'année suivante. Une importante campagne de restauration fut alors engagée : la chapelle, détruite en 1961, fut en partie reconstruite pour montrer l'ensemble architectural d'origine tel que John Lee Archer l'avait conçu. Aujourd'hui, cet édifice se visite et l'intégralité des fonds est réinvestie pour la conservation du site. Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter le site du Penitenciary Chapel Historic Site.