Une série d’estampes d’une richesse exceptionnelle, vendues à Paris peu après l’exécution de l’empoisonneur Antoine-François Derues en 1777, nous permet de suivre les principales étapes du rituel de l’exécution capitale telle qu’elle était conduite à Paris au XVIIIe siècle.
Diffusée par le libraire parisien André-Charles Cailleau, connu pour ses almanachs, faits divers et autres imprimés populaires, les 39 estampes ont été réalisées par les graveurs normands Jacques Esnault et Michel Rapilly, établis aussi à Paris, rue Saint-Jacques. Annoncées dans Vie privée et criminelle d’Antoine-François Desrues, les images purent être achetées individuellement ou en série pour accompagner le récit de Cailleau, sur le modèle éprouvé en 1761 de La Nouvelle Héloïse illustrée par Gravelot. Une large partie des gravures illustre le parcours vicieux et « perfide » du petit épicier efféminé qui sera le célèbre empoisonneur des années 1770. Nous ne nous attacherons ici qu’à celles qui touchent le rituel de l’exécution, dont Siméon Prosper Hardy, parmi d’autres témoins, s’est fait un remarquable observateur dans son Journal.
Desrues fut reconduit directement aux prisons du Grand Châtelet dès que le Parlement eut confirmé en appel le jugement de mort rendu par le lieutenant criminel. Cette estampe le représente donc dans les prisons du Châtelet, sans doute quelques minutes après la lecture de son jugement.