7. Cockatoo Island (Sydney, Nouvelle-Galles du Sud)

Plan du chapitre

Cockatoo Island (Sydney, Nouvelle-Galles du Sud)

Le pénitencier de Cockatoo Island ouvrit ses portes en 1839. La décision d'installer une colonie pénitentiaire sur l'île fut prise par le gouverneur Gipps qui souhaitait ainsi alléger les effectifs en surnombre du pénitencier de Norfolk Island. Il était destiné à accueillir des forçats récidivistes (re-offender convicts) et le choix de ce site tenait à son insularité (afin d'empêcher les évasions), mais également à sa proximité avec Sydney (afin de pouvoir le contrôler étroitement).

Cockatoo Island était un des pénitenciers les plus répressifs d'Australie. Il était destiné aux forçats récidivistes (c'est-à-dire ceux qui avaient commis une seconde infraction dans la colonie) ou à ceux qui s'étaient vu annuler leur ticket of leave et qui devaient être réintégrés : lorsque les surintendants de Norfolk Island et de Van Diemen's Land (Tasmanie) refusaient de les prendre en charge, ils étaient envoyés à Cockatoo Island.

En 1842, le pénitencier comptait 323 forçats (pour 300 places disponibles). Plus tard, ils furent 500 entassés dans des dortoirs totalement insuffisants pour tous les accueillir.

Ce qui entraînait des conditions d'incarcération particulièrement inadaptées.

Ce bâtiment servait initialement de dortoirs et de réfectoire pour les forçats. Mais en 1948 il a été réutilisé comme laboratoire de radiographie. Il servait à vérifier les défauts internes de tous les moulages métalliques, vannes ou raccords destinés à la construction navale, principalement les sous-marins.

Le réfectoire des forçats était un vaste espace froid et sec, mais où les forçats pouvaient se réunir et discuter entre eux. C'était également le lieu où ils mangeaient leur ration quotidienne composée d'une livre de bœuf ou de mouton, de vingt onces de pain et d'une demi-livre de légumes.

Construit en 1851, il permit de remplacer l'ancien réfectoire qui fut transformé en dortoirs pour accueillir de nouveaux forçats dont les arrivées ne cessaient de croître.

Le pénitencier ferma ses portes en 1869 et tous ses pensionnaires furent envoyés à la prison de Darlinghurst. Il fut ensuite utilisé pour l'hébergement d'une école industrielle pour jeunes filles et également en tant qu'établissement de correction (separate reformatory). En 1888, les jeunes filles quittèrent les lieux pour être installées à Parramatta et le site redevint une prison pour subvenir à l'accroissement de la population pénale de la prison de Darlinghurst : elle accueillit des vagabonds et des petits délinquants. La prison ferma définitivement ses portes en 1908.

Le corps de garde militaire fut édifié par des équipes de forçats en 1841. Les pierres provenaient de l'île et la conception du bâtiment est probablement due à l'ingénieur royal George Barney. Le corps de garde hébergeait initialement les 56 soldats d'infanterie britanniques qui vivaient et exerçaient sur l'île. Depuis ce bâtiment, les surveillants pouvaient observer le pénitencier et intervenir rapidement en cas de besoin.

À l'intérieur, les soldats pouvaient se servir de leurs mousquets et viser à travers des meurtrières numérotées.

La cheminée à l'intérieur du corps de garde n'est pas d'origine : elle a été bâtie dans les années 1960.

Les crochets aux murs permettaient aux soldats d'accrocher leurs sacs.

Les fenêtres du bâtiment permettaient une ventilation croisée (cross-ventilation).

Un ensemble de douze cellules d'isolement se situait sur la gauche du corps de garde. Ces cellules étaient si froides et humides que, suite à une enquête officielle, l'ordre fut donné de ne plus les utiliser en hiver. Elles furent ensuite détruites lorsque le flanc de la colline où elles étaient installées fut creusé pour agrandir le dock de Sutherland situé en contrebas.

Le quartier de l'officier militaire fut édifié pour héberger l'officier de la garde qui était en charge de la discipline, de l'instruction et du service de la garnison de surveillance. Initialement, le quartier disposait d'un étage et fut construit en 1845 par les bagnards au moyen de pierres provenant de l'île. Ce quartier servit également à l'hébergement des officiers supérieurs de police, puis au surintendant de l'école industrielle pour jeunes filles de Biloela et enfin au directeur de la prison.

Ce quartier fut ensuite utilisé comme demeure durant la période d'activité de chantier naval de l'île.

Les forçats qui travaillaient dans la scierie (aujourd'hui disparue) étaient encadrés par des contremaîtres (overseers). Ces derniers étaient chargés de la supervision des travaux et étaient le plus souvent d'anciens forçats qui avaient obtenu leur ticket of leave. Ils habitaient dans trois petites maisons jumelées construites par les bagnards (de 1851 à 1853) avec des pierres de l'île. Aujourd'hui, seulement deux de ces maisons sont encore visibles.

Située sur le point de plus haut de l'île, cette maison a été construite par des forçats en 1841 et hébergeait le directeur du pénitencier et sa famille. Composée initialement de deux pièces, la maison s'agrandit de deux chambres supplémentaires en 1844. Un dernier agrandissement fut opéré en 1860, pour accueillir le nouveau directeur, Gother Kerr Mann, et sa famille composée de onze enfants.

Cette maison bénéficiait d'une grande véranda qui donnait sur la baie et d'un court de tennis.

De 1871 à 1898, le magistrat inspecteur de la police fluviale de Sydney (visiting magistrate of the Sydney Police Water Register) occupa les lieux. La maison fut ensuite divisée en deux pour pouvoir accueillir les surveillantes et les surveillants de la prison. À partir de 1909, elle fut occupée par deux unités du personnel de direction des docks.

La maison disposait également d'une grande cuisine séparée.

De 1837 à 1841, la colonie pénitentiaire manquait de grains et le gouverneur Gipps ordonna la construction de silos pour pouvoir en stocker.

Sous la direction de l'ingénieur royal George Barney, les forçats creusèrent la roche pour édifier une série de 20 silos (seuls 13 subsistent de nos jours). Construits de 1839 à 1842, ils mesuraient en moyenne sept mètres en largeur et six mètres en profondeur.

Comme le volume de transport maritime augmentait considérablement à Port Jackson, la ville de Sydney avait besoin de nouveaux chantiers navals. Le gouverneur George Gipps indiqua en 1845 au gouvernement britannique que Cockatoo Island pourrait accueillir une cale sèche. L'île disposait effectivement de trois atouts : un site stable, une main-d'œuvre pénale et une proximité immédiate avec la baie de Sydney et des quais, des entrepôts et des magasins du port de Sydney.

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Ce bâtiment fut construit en deux périodes : de 1848 à 1857 et de 1857 aux années 1860.

Il fut construit avec des pierres taillées par des forçats. Ce bâtiment s'inspire d'un autre bâtiment situé à Portsmouth en Grande-Bretagne, où la marine britannique a été convertie de la voile à la vapeur. Les deux bâtiments disposaient effectivement d'un toit en pente et d'une tour centrale avec une cloche.

La partie sud du bâtiment abritait l'atelier d'usinage et était remplie de tours, de presses et de machines-outils. La moitié de la partie nord du bâtiment hébergeait la forge et était remplie de foyers et de marteaux à vapeur.

En 1912, la tour qui logeait la cloche fut détruite et un second étage fut rajouté. Il accueillait un atelier de finition du laiton.

Cockatoo Island comprend également un magnifique patrimoine industriel hérité des XIXe et XXe siècles. Durant plus d'un siècle, l'île fut le chantier naval de la marine royale australienne. Durant la Seconde Guerre mondiale, 4 000 hommes et quelques femmes y furent employés et produisirent les plus grands navires et les premiers porte-avions australiens. De nombreux vestiges remarquablement conservés témoignent encore aujourd'hui de ce passé où se mêlent près de deux siècles d'histoire de l'Australie. Vous pouvez poursuivre votre visite en vous rendants sur le site de Cockatoo Island.