Cayenne – maison Tanon – Matériel agricole, engrais
Source : ANOM
L’installation à Cayenne
Charles Benjamin se trompe, certes la joie ne va pas être immédiate. Chez un être aussi torturé, elle ne sera jamais exubérante. Si ce n’est la joie, c’est au moins une certaine paix, un certain bonheur qui finira par s’installer.
Les débuts sont difficiles, le successeur du gouverneur Lejeune n’a qu’une angoisse : qu’Ullmo s’évade de la colonie. Aussi des ordres stricts sont donnés au commissaire de police de Cayenne qui, craignant pour son avancement, amplifie encore les consignes imposées : interdiction de quitter son domicile sans autorisation, se présenter tous les matins à 7 h 30…
Même lorsqu’il aura trouvé un travail qui commence à 7 h, il lui faudra en repartir à 7 h 30 pour pointer au commissariat : aucune dérogation possible ! Heureusement, l’employeur est compréhensif.
Il faut se souvenir que les transportés, les déportés libérés, ou les relégués, une fois à la rue, se clochardisent et ont toutes les peines de la terre à trouver logement et travail, ils n’hésitent pas, parfois, à commettre un acte délictueux pour retourner au bagne où au moins… ils seront nourris !
Ainsi on retrouve dans les dossiers de certains transportés libérés, comme Manda par exemple, pourtant connu pour sa résistance physique et sa débrouillardise : « mort de misère physiologique ». En trois mots : mort de faim ! Mais le père Fabre veille sur Ullmo, il le soutient moralement et matériellement avec une fidélité qui ne fera jamais défaut : il le loge dans un premier temps à la préfecture apostolique. Les recherches pour un travail sont difficiles et Ullmo reste de longs mois sans emploi, remplaçant le sacristain malade. Une consolation vient le soutenir : sa sœur ainée lui écrit à nouveau, malheureusement, quelques mois à peine après ces retrouvailles épistolaires, cette dernière succombe lors d’une intervention chirurgicale. Il trouve alors un travail stable et rémunéré (2,50 F par jour) chez un riche commerçant de Cayenne, Auguste Quintry. C’est à cette période, en 1923, qu’Albert Londres lui rend visite pour le compte du journal Le Petit Parisien. (ANNEXE 3)
Ullmo, à cette période de sa vie certes assez misérable, n’était pas pour autant indigent : « je n’étais pas riche, mais pas dans le besoin. Si j’étais mal habillé, je n’étais pas malheureux du tout ».
Ullmo écrit énormément, en particulier il entretient une correspondance intense avec Marie-Madeleine Poirier : « Pourquoi je vous écris maintenant ? Il me semble que c’est un ordre d’en haut… ». On la nommera « La fiancée mystique d’Ullmo ». Elle est la fille d’un officier de marine qui s’était écrié en lisant dans la presse les comptes rendus du procès pour trahison en 1908 : « Qu’on lui flanque douze balles dans la peau et tout sera dit ». Elle a alors quatorze ans et elle est émue à l’époque par la souffrance qu’aura ressentie la famille du jeune enseigne de vaisseau durant toute l’affaire. Elle entre d’abord dans les ordres avant d’entamer des études d’infirmière. Bien plus tard, c’est elle qui contacte Ullmo à la fin de son séjour sur l’île du Diable, ils échangent alors très régulièrement pour chercher à comprendre « comment marche le monde » et il lui fait part de ses écrits et des courriers qu’il envoie aux Jésuites. Lorsqu’il est libéré, elle se fixe un objectif : l’amnistie d’Ullmo qu’elle obtiendra huit ans plus tard.
Il y a un an jour pour jour maintenant qu’il a quitté le Diable lorsqu’il trouve un travail stable et régulier de comptable dans l’entreprise Tanon. Il devient progressivement dans Cayenne « Le bon monsieur Ullmo ».
Ullmo et Clémence vers 1925
Source : Collection privée Rose Galot
Tout en restant très impliqué dans ses recherches mystiques, il va renouer avec la vie affective et prend comme maîtresse la jeune femme qui vient chez lui pour le ménage, Clémence : « un jeune animal paresseux, gourmand et espiègle ». Il aura également une autre maîtresse pour un temps assez court, mais la vie dans un presbytère n’est pas forcément compatible avec une vie amoureuse et il cherche à déménager. Avec un prêt consenti par son employeur, il peut s’acheter une petite maison dans laquelle Clémence, qu’il a retrouvée, le rejoint, ce qui leur permet de vivre plus sereinement. Le père de Clémence est martiniquais, sa mère guadeloupéenne. En parlant d’elle, il dit « ma femme », ils vivent bourgeoisement et Ullmo commence à connaître un certain bonheur auprès d’elle. Bien sûr, la rue de Cayenne n’est pas tendre : « […] une femme, une pécheresse connue pour telle de la ville entière s’était présentée, envahissant soudain sa solitude. Elle allait la dissiper par son sourire, par sa tendresse. Elle n’avait pas craint, dans une ville comme Cayenne, où une liaison avouée avec un libéré est considérée comme une tare, de se montrer en plein jour, en sa compagnie… » En 1928, une amie de Clémence, une Indienne, accouche de jumelles que le père s’empresse de ne pas reconnaître. Clémence est la marraine de l’une d’elles, ce qui en Guyane est lourd de signification puisque en cas de décès des parents, la marraine doit s’occuper de l’orpheline. Or l’amie indienne de Clémence décède alors que les fillettes ont tout juste trois ans. À cette époque, Clémence, très malade, est à l’hôpital entre la vie et la mort. Ullmo sans hésiter les ramène à la maison et s’en occupe en attendant le rétablissement de sa compagne. On se souvient de la raison qui pousse Ullmo à leur donner respectivement les noms d’Hélène et d’Hélèna… Hélène va rester avec Ullmo et Clémence et, le 24 juin 1936, il reconnaît l’enfant qui a alors huit ans. Hélèna qui restera très proche de sa sœur fera de fréquents séjours chez les Ullmo, mais sera prise en charge par d’autres membres de la famille.
De gauche à droite : Hélène, Clémence, Hélèna, Ullmo et la grand-mère maternelle des jumelles. Communion solennelle (1940 environ)
Source : Collection privée Rose Galot
Le sérieux dans son travail, sa vie avec Clémence, l’amour sincère et visible qu’il porte aux jumelles : « l’homme du Diable est un vrai papa gâteau », tout cela va être apprécié des Cayennais, pendant presque un quart de siècle. Progressivement, le « vieux blanc» allait devenir « le bon monsieur Ullmo », il s’était créolisé…!
Une vie paisible et heureuse s’écoule, le couple a acheté une voiture. En 1930, Ullmo tombe très malade, une péritonite manque de l’emporter, mais il survit.
Pendant ce temps à Paris, mademoiselle Poirier lutte avec acharnement pour obtenir l’amnistie d’Ullmo. Albert Londres également plaide pour lui auprès du président de la République, on retrouve ainsi un courrier du journaliste à Paul Doumer en date du 17 novembre 1930 (ANNEXE 4) dans son dossier aux ANOM. Le 23 mai 1933, il reçoit un télégramme « grâce signée ! » : le président de la République (Albert Lebrun qui a succédé en 1932 à Paul Doumer) vient de le gracier totalement. L’ordre de remise de peine parvient à Cayenne, mais il stipule une interdiction de séjour en Guyane ce qui soulève un tollé général. Enfin le 19 juillet, le gouverneur de Guyane supprime cette interdiction et Ullmo, homme totalement libre et gracié, peut officiellement demeurer à Cayenne.
Ullmo, accompagné de Mlle Poirier, à son arrivée à Paris, Le Journal, 4 juillet 1934, n° 15 235
Source : Gallica
L’homme libre, premier voyage à Paris
Ullmo va attendre un an avant de retourner en France. Il sait déjà au fond de lui qu’il ne s’y installera pas, mais un voyage s’impose : revoir ses proches, rencontrer et remercier Marie-Madeleine Poirier et surtout tenter de répandre le fruit de sa réflexion et de sa vision du monde. Le départ a lieu le 22 juin 1934, au passage Ullmo dépose Clémence à Fort-de-France.
À l’arrivée, c’est l’émeute, « le penseur du Diable » attire les journalistes, mais la pression médiatique retombe assez rapidement. Bien sûr, mademoiselle Poirier est là. Leur première rencontre en privé est forte, émouvante, mais Ullmo comprend alors le danger de cette passion extatique, il lui faut maintenant freiner les ardeurs mystiques de celle à qui il doit cette nouvelle liberté.
Une fois la flambée médiatique retombée, restent les fanatiques, dont Alexis Danan qui l’a déjà interviewé à Cayenne un an plus tôt : Cayenneparu en 1934 (ANNEXE 5) et René Delpêche qui écrira plus tard La Vie cachée de Benjamin Ullmo sorti en 1957. Peu avant, Ullmo a écrit au pape pour le mettre au courant de ses réflexions sur sa nouvelle « religion » dont il se veut non le messie, mais au moins l’instigateur, courrier qui restera sans réponse. Il veut « faire connaître au centre du monde civilisé, les erreurs des hommes et leur apprendre la vérité ». Si la doctrine reste mystérieuse, certains propos qu’il faut replacer dans ce contexte de 1934, corollaires de ses digressions mystiques, ne peuvent laisser indifférent : « […] même dans l’ordre des choses purement matérielles, “nous” avions perdu à tel point le sens des valeurs que “nous” ne “nous” rendions même plus compte combien monotone et bête était “notre” passion de faire toujours plus grand, plus vite et ne pas faire mieux. Mais ce qui m’a frappé, c’est le formidable abaissement des consciences et des intelligences. Ce qui frappe un dormeur qui après vingt-six ans, n’a pas pris contact avec “votre” civilisation, c’est moins l’abaissement du niveau moral, que la profonde stupidité de cette humanité qui se croit supérieure […] l’Europe enfin m’a paru terriblement atteinte de cette lèpre du rire. L’Europe rit de tout. Le monde n’a plus conscience de la possibilité qu’il pût y avoir autre chose que ses propres saletés… ».
De gauche à droite, Hélène, Ullmo et Hélèna. Nous sommes en 1944. Les jumelles ont alors 16 ans et Charles Benjamin 62 ans
Source : Photo collection privée Rose Galot
Certes, ce séjour de six mois à Paris lui est salutaire, mais il repart le 9 février 1935 pour sa chère Guyane, un peu désabusé et le cœur lourd d’une blessure intime que nous révèle aujourd’hui Hélèna. Lors de ce premier séjour, il tente de renouer avec sa famille, chez sa sœur encore vivante : c’est la bonne qui vient ouvrir pour lui signifier qu’on ne veut pas le recevoir, on ne lui pardonnera jamais sa conversion. Seule sa nièce, la fille de sa sœur Jeanne (décédée), accepte de le rencontrer.
Avant d’embarquer, il dit encore : « […] je pars tranquille. De graves événements sont très proches, et c’est pourquoi, pour un temps, je pars. La parole est maintenant à Dieu. Un court répit vous est laissé. Réformez-vous avant la guerre et vous l’éviterez… »
Curieuses paroles, prémonitoires, auxquelles l’histoire va cruellement donner raison, mais que la raison même doit, bien sûr, laisser au hasard. Mademoiselle Poirier, effondrée de voir partir son Dieu, le raccompagne jusqu’à Bordeaux où il embarque sur le De la Salle le 9 février 1935.
Clémence n’avait pas supporté cette longue absence et s’était rapprochée à Fort-de-France d’un jeune homme ébéniste qui devait la rejoindre en Guyane pour l’épouser. Ullmo est désemparé, mais il comprend et continue à aimer Clémence à qui il doit tant d’années de bonheur. Il quitte la grande maison devenue trop silencieuse pour se rapprocher du père Fabre qui vit ses derniers instants à l’hôpital : « ainsi c’est à moi, celui qu’il avait converti et baptisé que Dieu avait choisi pour fermer les yeux à mon sauveur, car sans son appui, il est à peu près sûr que je n’aurais jamais quitté l’île du Diable ».
A cette époque il se voit confier la garde d’Hélène, car Clémence et son mari partent pour la Martinique, il a également la charge d’Héléna.
S’écoulent deux années heureuses et tranquilles avec les jumelles qui ont maintenant presque quinze ans. Une vie régulière et sereine, Ullmo travaille toujours chez Tanon avec qui les relations de confiance et d’amitié se sont renforcées d’année en année. Il travaille dans cette entreprise depuis maintenant treize ans. Ullmo s’est installé dans une grande maison avec un terrain de quatre hectares aux portes de Cayenne en face de la colline de Montabo. Ullmo est un homme apaisé, serein, apprécié de toute la ville et des autorités.
Puis Clémence rentre de Martinique avec son mari et récupère Hélène au grand désespoir d’Ullmo. Hélèna qui reste auprès de lui saura à force d’attention et de gentillesse lui rendre la vie plus douce. Désormais, il se consacre entièrement à l’avenir et à l’éducation de la jeune fille.
Il ne se passe rien de remarquable jusqu’à la guerre. Le conflit est avant tout marqué par une pénurie terrible, c’est presque la famine en Martinique et en Guadeloupe. En Guyane, les transportés et les relégués souffrent terriblement du manque d’approvisionnement et la mortalité atteint des sommets. Ullmo traverse sans trop de difficultés cette période et continue sa vie réglée par ses heures de méditation et son travail chez Tanon. Du fait de l’éloignement de la métropole et même si l’amiral Robert applique le « travail, famille, patrie » au début des hostilités, Ullmo en tant que Juif n’est pas inquiété. La Guyane rallie « la France combattante » en mars 1943. Le capitaine Chandon est venu prospecter pour la France libre et les Américains qui installent après 1943 un aérodrome fournissent enfin à la population les vivres qui faisaient si cruellement défaut.
1946 est l’année des émeutes sanglantes avec la révolte des tirailleurs sénégalais. Rose, la fille d’Hélène, scolarisée à l’école de la place des Palmistes, se souvient que la maîtresse faisait coucher les enfants sous les tables pour les protéger des balles et qu’Ullmo, son grand-père, parviendra à venir la chercher alors que les tirailleurs sénégalais tirent encore dans la ville.
1946 c’est aussi l’année où Ullmo va se rapprocher de Clémence. Celle-ci emménage avec son mari dans une trop grande demeure dont le rez-de-chaussée est inoccupé, Ullmo s’y installe.
Ullmo avec René Delpêche à Paris en 1956
Source : Collection privée Hélèna Andrivon
Second voyage à Paris – « la doctrine »
Dix années vont passer, avant qu’Ullmo invité par des amis en France ne se laisse tenter à nouveau et ne reparte vers la métropole en 1956. Encore plus sûrement que pour le premier voyage, il sait que sa place est définitivement en Guyane. Il vient tenter de convaincre une dernière fois le monde de sa nouvelle doctrine. Il vient aussi voir Hélèna, mariée, qui vit maintenant à Paris et peut-être tenter de retrouver cette enfant naturelle qu’il aurait eu sur l’île du Diable, vers l’année 1914, avec la femme d’un surveillant (voir page 35/36).
À ce jour, on ne peut appréhender le contenu même de sa doctrine qu’à travers le livre de René Delpêche et quelques bribes dans la presse. Delpêche est plus habitué à relater dans ses livres des faits divers que de la prose mystique, il semble éprouver quelques difficultés à présenter la pensée d’Ullmo. Les archives de la Compagnie de Jésus, contactées par nos soins, ne possèdent plus dans leurs rayonnages les petits cahiers qu’il a envoyés aux jésuites et dans lesquels il développe ses pensées mystiques et philosophiques. A ce jour ils ont disparus.
Vers 1926, le père Lacour de Grand Maison examine les écrits d’Ullmo qu’il tient du père Fabre. Par l’intermédiaire de Marie-Madeleine Poirier, il fait parvenir en Guyane à Ullmo l’analyse suivante (extraits): « […] l’auteur est un homme pieux, zélé, possédant des exercices de Saint Ignace une connaissance approfondie. …] la forme est calquée sur celle des exercices, ils sont rédigés en français et en latin et l’auteur emploie souvent des mots nouveaux, inspirés, semble-t-il croire par la Sainte Vierge (parturition, inlibration, boulité…), ce qui rend l’intelligence de son message très difficile. […] Car pour en venir au fond, c’est comme un message destiné à substituer la science à la foi, tout en laissant le fidéisme aux simples, que l’auteur conçoit son œuvre. […] Mais il faudrait, pour l’écouter, des signes divins incontestables. S’il ne s’agissait que d’un ensemble de méthodes devant aider à mieux connaître les Exercices, on n’aurait que du bien à dire de cette conception.[…] Mais si, comme l’ensemble des textes le montre, il s’agit d’un message que Marie, par son intermédiaire, confierait à la Compagnie de Jésus et par Elle au monde et ayant pour but de substituer la Science à la foi et les méthodes d’enseignement scientifiques aux modes actuels d’enseignement, alors on ne croit pas que ces Écrits puissent être approuvés. »
Substituer la science à la foi ne pouvait évidemment pas réjouir les jésuites.
Tout Ullmo est là dans cet homme qui entend la vierge, mais qui reste persuadé que la vérité est dans la science. Toute sa vie à Cayenne, auprès de Clémence, de ses filles adoptives, des libérés qu’il aide discrètement, montre qu’Ullmo est un homme bon. Mais il reste un paradoxe vivant, écartelé entre un mysticisme fort, une grande piété et un amour, une fascination pour les femmes. Seule certitude sur sa doctrine : elle n’engage ni à la bigoterie ni à la chasteté… ! Un homme cultivé qui peut écouter la musique en la lisant, qui écrit et lit le latin, fait des mathématiques pour se détendre, maîtrise tous les grands textes philosophiques, a des connaissances scientifiques pointues pour l’époque, mais un homme qui se croit désigné par le Ciel comme une sorte de sauveur. Tel est Ullmo en 1956 lors de son voyage à Paris.
1956 – Seul dans sa chambre d’hôtel
Source : Collection privée Rose Galot
Pour ce dernier voyage, Clémence et son mari l’accompagnent, ils rentrent un peu avant lui en Guyane. Ullmo rencontre René Delpêche qui recueille ses propos et quelques documents avec lesquels le journaliste va rédiger son livre La Vie cachée de Benjamin Ullmo. Ils signent ensemble un contrat (voir annexe 6). Delpêche est fasciné par le destin de cet homme hors du commun, pour autant il relate les digressions métaphysiques d’Ullmo avec une certaine distance, mais de façon contractuelle il s’engage à faire paraître dans le livre une surprenante profession de foi d’Ullmo (voir annexe 7).
Dans le numéro 124 d’Historia paru au premier trimestre 1957, un article intitulé « l’affaire Ullmo » commence par ces lignes : « Il n’y a pas longtemps, au Club du Faubourg, un petit homme mince, sec, aujourd’hui commerçant à Cayenne, venait faire une communication sur le “Nouvel Évangile” qu’il avait élaboré… Il s’agissait d’Ullmo, gracié avant la guerre, dont le nom évoque une rocambolesque et douloureuse histoire du début du siècle. »
C’est un homme triste et fatigué que nous montrent les photos, un homme que sa famille a définitivement renié, un homme las, un brin désabusé et qui vit alors les derniers mois de sa vie.
1956 – Avec Hélèna dans les rues de Paris
Source : Collection privée Rose Galot
Ullmo rentre à Cayenne, il a soixante-quinze ans, il ne quittera plus jamais la Guyane.
Depuis quelque temps déjà Ullmo est soigné pour son cœur. C’est un homme usé, âgé, à bout de vie et de souffle, qui a repris ses habitudes à Cayenne : lever 5 h, méditation départ à vélo pour son travail chez Tanon avec un arrêt quotidien chez le médecin qui lui fait une piqure pour son cœur, tous les matins… Le 21 septembre 1957, Ullmo fatigué se soumet à son rituel quotidien et se rend à son travail. En milieu de matinée il se sent mal et fait un malaise, transporté chez lui, son cœur l’abandonne dans la journée.
Promenade en canot avec Hélèna et ses enfants au bois de Boulogne. Au dos de cette photo, on peut lire : « Le vieux Monsieur, c’est moi-même, il a l’air méchant, mais il ne l’est pas. Signé : Grand-Papa »
Source : Collection privée Rose Galot