1968. Bourges. Du Bon Pasteur au complexe éducatif

Gisèle Fiche, Claire Dumas

Avec pour titre « Le passage du Bon Pasteur à l’IPES. En 1968, les acteurs de l'époque se souviennent », ce film (36’) fait partie d'un tout comprenant 9 autres séquences. Celles-ci complètent et précisent les propos des intervenants principaux ainsi que des participants aux deux journées d'étude qui se sont tenues sur le site de l’établissement les 21 et 22 octobre 1993, intitulées « En 1968 à Bourges, du Bon Pasteur au complexe éducatif ». À travers les propos tenus vingt cinq ans après, c’est l’histoire du passage du Bon Pasteur en un Internat professionnel d’éducation surveillée (IPES) qui est évoquée.

Les deux directrices qui s’étaient passé le relais en 1968 sont revenues sur le site de Bourges en 1993 pour ces rencontres. La directrice religieuse, Mère Marie Saint-Jean de la Croix, et la directrice laïque, Renée Prévaud (devenue Madame Prétot en février 1973), ont ainsi créé l’événement qui a attiré une cinquantaine de professionnels du secteur. Suite à l’acquisition des locaux du Bon Pasteur par le ministère de la Justice, ce passage d’une institution privée à une institution publique avec surtout la mise en œuvre d’une pédagogie innovante, a été théorisé, quatre années après son lancement, sous le nom de "complexe éducatif" [1].

L’ensemble de ces productions donne un aperçu diversifié, parfois contrasté, toujours vivant, de l’engouement qu’a suscité ce passage réalisé plutôt en douceur, malgré l’aventure que cela a représenté pour la nouvelle équipe de fonctionnaires. Arrivée en 1964, la directrice religieuse avait commencé à entreprendre l’ouverture de la maison. Situé en ville, l’établissement avait été pourtant, depuis sa fondation en 1843, figé pendant plus d’un siècle dans la clôture. Malgré l’architecture conventuelle de l’établissement [2] la nouvelle équipe laïque a trouvé à Bourges un héritage propice à l’élaboration d’une nouvelle pédagogie en opposition avec le principe d’enfermement des élèves. Le contexte de 1968 a favorisé cette expérience qui s’est réalisée sous l’égide de Renée Prétot et de sa pédagogie novatrice.

Le témoignage de Marie-Claire, placée adolescente à l'IPES de Bourges en 1970, est un texte qu'elle a écrit en 1993 pour les journées d'étude, où des extraits en ont été lus.

Un autre témoignage, celui de Mariette, entrée à l’âge de quinze ans en 1968 à l'IPES de Bourges, a été rédigé en 2015 et est paru dans La Lettre pour l'histoire, fin 2015 [3].

 Ces deux témoignages donnent un éclairage sur les raisons pour lesquelles des juges des enfants pouvaient prendre des ordonnances de placement concernant des mineures qui n'étaient pas délinquantes le plus souvent.

Les coulisses du film

Claire Dumas, éducatrice, arrivée en 1968 comme stagiaire de la première équipe éducative laïque, est à l’initiative de ces rencontres organisées par elle et Michèle Icard, professeure technique d'enseignement professionnel, (toutes deux alors en poste à Bourges). Un film a d'abord été monté en vidéo VHS à partir des rushes (14 cassettes) enregistrés par Dominique Périgois, formateur au centre régional de formation pjj d'Orléans. La vidéo a été conçue par Claire Dumas et montée par la technicienne Véronique Richard (association Com'loisirs du Cher). Le film en ligne aujourd’hui est issu de ce premier montage, raccourci de presque moitié ; compte tenu des moyens de l'époque, il reste de qualité moindre (perte de définition) par rapport aux 9 autres films montés en 2016-2017, directement à partir des rushes originaux. Mais son intérêt demeure pour la compréhension de ce qui s’est passé à Bourges

En lien, deux textes d’analyse de ces journées d’étude de 1993 à Bourges :

Michèle Icard : « En 1968... à Bourges, du Bon Pasteur au complexe éducatif », 6 p.

Yann Le Pennec : « Bourges, du Bon Pasteur au complexe éducatif, établissement et institution, 1er décembre 1993, 6 p.

C'est à l'occasion du travail mené au sein de la Commission archives orales et audiovisuelles de l'AHPJM que cette cassette VHS a été redécouverte par Odile Maillard et Françoise Cardaire éducatrices, ainsi que les 14 cassettes des rushes originaux par Claire Dumas. Afin de rendre accessibles certaines de nos archives filmées, une convention de mise à disposition de données CNRS-Clamor/AHPJM a été signée en avril 2017 en vue de leur diffusion sur le site Criminocorpus. Le matériau décrit ci dessus a été choisi comme le premier objet de cette coopération. Portant sur la rééducation des filles de Justice, ce film est en effet apparu propre à alimenter la richesse des travaux de chercheurs en cours sur le même sujet, notamment au centre d'exposition historique de Savigny-sur-Orge (voir le portail www.enfantsenjustice.fr ).

Le travail de montage des 10 films du corpus total a été conçu par Odile Maillard et Claire Dumas en 2016 et 2017, avec l'apport technique d'Alexandra Lepercq, et supervisé en 2017 par Gisèle Fiche, vice-présidente de l'AHPJM.

 

Durée totale des 9 films : 5h30 + le film 0 de 36 minutes :

Film 0 : Le passage du Bon Pasteur à l’IPES. En 1968, les acteurs de l'époque se souviennent

Film 1 : La modernisation du Bon Pasteur de Bourges avant son passage à l'Éducation surveillée, par Sœur Marie-Louise Giraud ; 33’

Film 2 : Carte blanche à la pédagogie du changement, par Renée Prétot ; 58’

Film 3 : Qu'en est-il de la référence psychanalytique à l'IPES de Bourges, par Laetitia Chartier ; 29’

Film 4 : La fin des normes idéologiques dans l'éducation des filles, par Béatrice Koeppel ; 57’

Film 5 : Vers un travail collectif de mémoire et d'histoire, par Claire Dumas et Françoise Tétard ; 15’

Film 6-1 : Échanges sur la pédagogie : un "happening" permanent pour accompagner la pédagogie du changement ; 45’

Film 6-2 : Échanges sur la pédagogie : l'implication personnelle pour la réussite collective du « pourquoi pas ? » 32’

Film 7 : Témoignages sur la formation initiale des éducateurs ; 1750 ;

Film 8 : Comment s'y prendre avec les filles ? 32

 

Bibliographie

Véronique Blanchard, David Niget, Mauvaises filles, incorrigibles et rebelles, Paris, Éditions Textuel, 2016, 192 p.

Claire Dumas, "L'enfermement vu de l'intérieur (XXe siècle)", Criminocorpus, "Mauvaises filles", Déviantes et délinquantes XIXe-XXe siècles, mis en ligne le 27 mars 2018.

Françoise Tétard et Claire Dumas, Filles de Justice, du Bon Pasteur à l’Éducation surveillée (XIXe-XXe siècle), coédition Beauchesne - ENPJJ, avril 2009, 483 p.


[1] Renée Prétot, "Une hypothèse de travail : le complexe éducatif",  Les Annales de Vaucresson, n° 11, 1973, p. 9-24.