Épluchage des légumes au Fourneau économique Pruvot (17e arrondissement)
Source : Archives du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris
Corvéables à merci
Améliorer l’ordinaire est une tentation fréquente pour les pensionnaires des hospices de vieillards pauvres, assujettis au travail journalier jusqu’en 1914.
Travailleur obligatoire ou « corvéable volontaire », l’administré se plie aux corvées d’épluchage, de nettoyage ou de raccommodage, en échange de quelques sous.
Les femmes cousent dans les dortoirs sous la responsabilité d’une surveillante.
Le travail « en chambre » se monnaye contre un peu de café ou toute autre douceur que ne fournit pas l’établissement.
Réfectoire de l’ancien hospice Debrousse (20e arrondissement)
Source : Archives du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris
Actes d’improbité
Occasionnellement, les administrés se livrent à des « actes d’improbité » dont le plus courant consiste à dérober et revendre du pain.
Faire entrer du vin, du tabac, troquer des vêtements, revendre du linge de lit ou des rideaux sont au nombre des trafics recensés par l’administration.
Les mesures punitives varient selon l’âge et la réputation des pensionnaires, de la privation de sortie à l’exclusion définitive. Les cabas des marchandes de « fruits, denrées et menus objets », les entrées et sorties de linge à raccommoder ou de meubles à réparer, sont placés sous étroite surveillance.
À cet égard, la moralité du portier, le premier levé et le dernier couché, doit être à toute épreuve.
Empoignade à l’hospice
Source : Comoedia Illustré, avant 1914
Rixes à l’hospice
Au réfectoire, tensions et solidarités se nouent entre pensionnaires.
Au mépris des consignes de bon comportement, les sujets de conversation dérivent sur les enjeux politiques et religieux du moment et compromettent le maintien de l’ordre.
L’affectation des nouveaux espaces de loisirs - musique contre salle de jeux - nourrit les querelles de clans et dégénère parfois en empoignades musclées.
Extrait du règlement intérieur de l’hospice de Belleville, papier à en-tête de la mairie de Belleville, avant 1860
Source : Archives du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris
Tensions contradictoires
Les griefs et les calomnies répandus par les résidents à des fins d’exclusion d’un voisin de chambre indésirable, nourrissent abondamment les rapports des directeurs d’établissements.
Les tensions entre pensionnaires exaspérés ne sont pourtant que le reflet des conflits qui agitent les classes populaires.
L’union des résidents contre l’un des leurs reste comparable aux relations houleuses existant dans la vie civile entre les voisins de palier, voire entre locataires et concierges.