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Crimes et rapines. Petites et grandes affaires de l’Est parisien (1880-1914)

Fraudes et contrebandes

Contrôle du vin par un employé de l’octroi

Source : Collection particulière

Les douceurs de l’épicier
Chez l’épicier, si la triche porte régulièrement sur l’utilisation de faux instruments de mesure, comme les bouteilles dotées d’un double fond en liège, la falsification alimentaire est consignée parmi les graves délits.
Réduit à un suc de raisin fermenté, le vin est pimenté « d’acide sulfurique, de craie, de plâtre, ou d’alun », déplore Henri Gourreau dans ses Réflexions sur l’empoisonnement des classes ouvrières.
Les marchands indélicats voient leur porte placardée d’une affiche les désignant à l’opprobre public.
Afin de renforcer le contrôle des denrées et surveiller les fournisseurs, un laboratoire municipal est confié au chimiste Charles Girard.
La « viande corrompue » est aussi traquée sans répit. En août 1881, le service d’inspection des viandes saisit à Paris près de 50 tonnes de viande avariée, dont 9 tonnes sont raflées aux abattoirs de la Villette.

Boîte de la Compagnie générale des Allumettes Chimiques

Source : Collection Médiathèque de Chaumont

Coup de tabac sur les allumettes
Indépendantes, les industries du tabac et des allumettes sont associées au XIXe siècle pour des raisons fiscales.
En 1871, pour payer l’indemnité de la guerre perdue contre la Prusse, le gouvernement met en place un impôt sur les allumettes, perçu au moyen d’une vignette collée sur les boîtes.
La mesure suscite l’éclosion des fabrications clandestines.
En août 1872, l’état supprime la taxe et s’octroie le monopole de la fabrication et de la vente des petits bouts de bois inflammables, bientôt concédé à la Compagnie générale des Allumettes chimiques.
La contrebande ne fait que s’amplifier.

Partition et paroles de la chanson «  Les Allumettes de Contrebande », 1891, créées par Vaunel, Paris

Source : BnF, département Musique, VM28-951

Un monopole contesté…
En chambre ou en fond de cour, le processus de fabrication clandestine reste très manuel : débitage des tiges de bois, préparation de la pâte inflammable.
250 000 allumettes sont façonnées en une journée et dissimulées « dans les maisons les plus sombres ou les cours les plus malpropres de la Villette » se récrie Le Matin.

Le marchand d’allumettes de contrebande

Source : Collection particulière

Substitut du colporteur, le marchand d’allumettes de contrebande devient un « type de la rue » promu en carte postale, voire un héros de chanson populaire.