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Crimes et rapines. Petites et grandes affaires de l’Est parisien (1880-1914)

Outrages et noms d’oiseaux

Gravure d’un lavoir idéal

Source : Jules Moisy, Les lavoirs de Paris, 1884

Au lavoir
La diffamation et la médisance ne sont pas les moindres des méfaits.
En 1881, une blanchisseuse qui invective une cliente mécontente est passible de 25 francs d’amende.
À l’inverse, la responsabilité des maîtres de lavoirs en cas de vol ou de détérioration du linge qui leur est confié est nuancée au fil des jurisprudences.
L’engagement des commerçants est limité aux espaces communs.

Blanchisserie Pauline Roland active jusqu’en 2012 (35 rue Fessart, 19e arrondissement), photographie des années 1950

Source : Archives du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris

Une réputation sans tache
Les séchoirs loués à la journée ou au mois sont placés aux bons soins du client qui seul en détient la clé. Le propriétaire du linge ne peut alors s’en prendre qu’à « son défaut de précaution et de vigilance » en cas de disparition de ses draps neufs.
En cas d’une « avarie de pièces de lingerie » attribuée sans preuve à la négligence du commerçant, le préjudice se solde par le versement d’une indemnité.
En 1899, le couple Merle est ainsi débouté par le tribunal de paix du 11e arrondissement au profit du sieur Paul, un maître de lavoir soucieux de préserver la réputation sans taches de son établissement !

Jeunesse et « séduction des champs », esquisse pour un grand décor, par E. Vimont, 1889, Musée du Petit Palais, Paris

Source : Cliché : collection Ermitage

« Paroles malsonnantes »
Les injures publiques, exprimées par un propriétaire envers ses locataires ou un patron envers ses tâcherons sont passibles de dommages et intérêts, élevés à 25 francs par victime.
Non moins répréhensibles sont les menaces adressées par carte postale, passibles de lourdes amendes, jusqu’à 100 francs par nom d’oiseau.
Les « paroles malsonnantes » proférées à l’encontre des représentants de l’ordre sont sanctionnées par des arrestations immédiates.
En 1899, Louis Martinet, ciseleur de la rue de Belleville, se rend coupable d’ivresse sur la voie publique et d’outrages à agent. Emprisonné pendant six jours, il pénalise ainsi son commerce et son moyen de survie.
Le scandale, la rébellion et la violence sont passibles de plusieurs mois de prison.

Les femmes-cochers, extrait de caricature

Source : Le Rire, 1894

Comportements indécents
Les outrages à la pudeur sont poursuivis avec autant de rigueur.
Une fille Parent, domiciliée boulevard de Belleville, se livre sur un banc à des actes d’impudeur avec le dénommé Potier, conducteur d’omnibus de son état. Ils échoient de quinze jours de prison chacun.
Domicilié rue de Fontarabie, un homme d’une quarantaine d’années est appréhendé pour séduction de demoiselle « dans les champs ».