Vue de l’Aveyron près Rhodes d’après Vernet

Source : Collection particulière. Musée Fenaille, Rodez. Photo : T. Estadieu

Le lendemain du crime, les premières suppositions sont avancées. Les habitants n’acceptent pas l’idée d’un assassinat et certains avancent à chaud une hypothèse audacieuse : Fualdès se serait suicidé ! Des problèmes financiers en seraient la cause. Cette idée apparaît avant les premières constatations légales avant d’être rapidement abandonnée.

Tablier de Maître, début du XIXe siècle

Source : Collection particulière

Certains contemporains ont attribué l’assassinat aux francs-maçons sans véritable raison. Fualdès avait été le vénérable de la loge ruthénoise et continuait de la fréquenter. Le matin de la découverte, son corps est transporté à la loge pour être autopsié. Les francs-maçons envisagent un temps de racheter la maison Bancal pour la raser et élever un monument en mémoire de Fualdès.

Godefroy Engelmann, Mlle Rose Pierret, lithographie sur papier vélin, 29x21,5 cm, Paris, Ladvocat, 1818

Source : Collection particulière

L’hypothèse d’un rendez-vous galant ayant mal tourné est évoquée à plusieurs reprises par des contemporains. Bien après l’affaire, la thèse est soutenue par Romiguière, l’ancien avocat de Bastide, dans un mémoire écrit en 1845 peu avant sa mort : « On le soupçonnait d’avoir des relations… n’est-il pas permis de supposer qu’ainsi attiré dans un mauvais lieu, il y aura trouvé deux bandits qui l’auront assassiné pour le voler ? ».

Eugène Viala, Rue des hebdomadiers, eau-forte sur papier vergé, 30,9x22,4 cm

Source : Collection particulière

Le jour du crime, la ville de Rodez accueille une foule inhabituelle pour la fête de Saint-Joseph. La foire de la mi-carême vient de se terminer et tous les étrangers n’ont pas quitté la cité si l’on en croit les joueurs de vielle qui seront interrogés par la suite. À la nuit tombée, Fualdès sort sans lampe et n’est pas à l’abri d’une agression par des voleurs qui deviendront ses meurtriers.

Ludwig Rullmann, Jausion, Bastide, au moment où leur jugement a été prononcé le 4 mai 1818, lithographie de Charles Motte sur papier vélin, 29,5x42,6cm, Paris, Martinet, 1818

Source : Collection particulière

C’est la thèse officielle de l’accusation et les autorités judiciaires cherchent à le démontrer tout au long du procès. En forçant le tiroir du bureau de Fualdès le lendemain du crime, Jausion donne à la justice un motif d’inculpation. Personne ne sait clairement si des effets de commerce ou de l’argent ont disparu du secrétaire de Fualdès mais l’accusation a besoin de coupables et d’un mobile : le vol.

Jean Henry Marlet, Fualdès fils se recueillant devant le tombeau de Fualdès, lithographie de Charles de Lasteyrie sur papier vélin

Source : Collection particulière

« J’ai suivi, par un soir de pluie, de la rue des Hebdomadiers jusqu’au bord de la rivière, la route où Bastide le gigantesque et Jausion l’insidieux menèrent le cortège du cadavre. J’y goûtais fort congrûment des impressions de terreur. J’avais tout de même un souci plus riche, c’était d’étudier s’il y eut quelques dessous politiques à ce fameux mystère criminel. »

Maurice Barrès, Le voyage de Sparte (1906). Au temps de l’affaire, la rumeur publique accuse les royalistes. Fualdès s’est illustré en déjouant en 1814 une tentative d’insurrection ultra-royaliste organisée par une société secrète, les Chevaliers de la Foi. Mais après la Restauration, les organisateurs n’ont rien à redouter d’une justice qui ne les aurait jamais condamnés pour leurs actes commis contre l’Empire. Fualdès n’était pas gênant et son meurtre ne peut s’expliquer que par une sombre vengeance, celle de partisans du royalisme clandestin. Est-ce la raison des efforts conjugués des autorités pour éloigner les soupçons des Chevaliers de la Foi et trouver des coupables à tout prix ?