L'abbaye bénédictine d'Eysses fut transformée en maison centrale de détention en 1803. Convertie en 1895 en colonie correctionnelle pour mineurs délinquants, elle redevint une maison centrale pour hommes en 1940. Le 26 octobre 1943, une circulaire signée René Bousquet (secrétaire général de la police), décidait d'affecter à Eysses tous les condamnés par les sections spéciales de zone sud et par le tribunal d’Etat de Lyon, pour menées communistes, terroristes, anarchistes ou subversives. Dès décembre 1943, plusieurs convois supplémentaires arrivèrent de Paris et du nord, parmi lesquels cent prisonniers transférés de la Santé le 12 février 1944.
Avec 1400 condamnés politiques passés dans ses murs, la centrale d'Eysses concentrait au 22 mai 1944 70% du total des condamnés politiques détenus dans les prisons françaises. Unis au sein d’un même collectif, ces hommes mirent au point une organisation résistante perfectionnée à l’intérieur de la prison. Fait unique dans l'histoire pénitentiaire, ils formèrent un bataillon F.F.I clandestin, un bloc, une union arrachant à l'administration pénitentiaire des améliorations des conditions de vie : droit d'enseigner (c'est ainsi que le détenu Georges Charpak dispensa des leçons de physique), droit de circuler librement dans les cours etc…On y rédigea même des journaux « le Patriote enchaîné », « L’unité ». Toutes ces activités étaient tendues vers un but : la préparation d'une évasion collective qui aurait permis de lancer dans le combat 1200 hommes supplémentaires.
Auteure de la La prison politique sous Vichy. L'exemple des centrales d'Eysses et de Rennes (L'Harmattan, 2007), Corinne Jaladieu propose une exposition virtuelle riche en documents inédits pour relater dans le détail l'histoire du bataillon d'Eysses.
L'exposition est composée de trois parties :
- Eysses, de l'abbaye au centre de détention
- Eysses, une prison dans la Résistance 1940-1944
- Eysses, école de vie, lieu de mémoire
Cette exposition est réalisée dans le cadre du projet de recherche "Sciencepeine" financé par l'ANR (en savoir plus).
Edition en ligne : Jean-Lucien Sanchez.