Mettray - Colonie pénitentiaire agricole
La colonie agricole de Mettray ouvre ses portes en 1839 sur un domaine de 700 hectares, dans la commune éponyme située à 7 kilomètres de Tours en Indre-et-Loire. Elle est fondée par la Société Paternelle à l'initiative du magistrat Frédéric-Auguste Demetz, conseiller à la Cour royale de Paris, et du vicomte Brétignière de Courteilles. Selon ses statuts, la Société Paternelle a pour but de recueillir les mineurs au-dessous de 16 ans acquittés en vertu de l’article 66 du Code pénal comme ayant agi sans discernement et qui lui sont confiés par l’administration en exécution de l’instruction ministérielle du 3 décembre 1832. Il s’agit donc de recevoir des mineurs détenus en prison, le plus souvent originaires des villes. À l’image des colonies pénitentiaires agricoles de la seconde moitié de la Monarchie de Juillet, son régime pénitentiaire repose sur une mission moralisatrice associant le travail de la terre et l’encadrement catholique. L'objectif est de « sauver le colon par la terre et la terre par le colon », selon Charles Lucas, réformateur pénitentiaire et fondateur de la colonie agricole pour les jeunes détenus au Val d’Yèvre (près de Bourges) en 1846. Frédéric-Auguste Demetz, quant à lui, parle d'« améliorer la terre par l'homme, et l'homme par la terre ».
Établissement modèle qui a inspiré le fonctionnement de plusieurs établissements européens, il se verra adjoindre un autre projet dans un bâtiment distinct en 1855 : en vertu de l’article 375 du Code civil, dans le cadre des mesures de correction paternelle, la « Maison paternelle » (dite de Saint-Antoine) est créée pour recevoir les enfants placés par leur famille. Cette maison correctionnelle au fonctionnement très individualisé disparaît en 1910. Dans son livre Les maisons de correction, 1830-1945, Henri Gaillac parle d'une population de 325 jeunes délinquants, 99 enfants du peuple en correction paternelle et 26 fils de famille en 1889.
L'agriculture de plein champ est l'activité principale des colons, travaux peu représentés dans les supports de communication de l'institution face à l'importante iconographie des scènes d’atelier. La colonie agricole de Mettray est organisée en « familles » de quarante garçons répartis sur vingt bâtiments. Chaque « famille », qui occupe un pavillon, est dirigée par un chef, un sous-chef et deux frères aînés. Les futurs « chefs de famille » sont formés à l'école des contremaîtres ouverte dès l'origine du projet. Le départ officiel des derniers colons le 5 novembre 1937 marque la fermeture de la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray, en plein contexte de campagnes médiatiques contre les « bagnes d'enfants ».