Bibliothèque / Collection Philippe Zoummeroff / Procès criminel fait à Ravaillac (1613)

Procès criminel fait à Louis de Lagonia sieur de Merargues 1605 ensemble celui fait à François Ravaillac 1610 et celui de Baltazar Flotte comte de la Roche 1613

Année de publication
1613
Lieu de publication
s.l.
Éditeur
s.e.
Nombre de pages
219
Source
Collection Philippe Zoummeroff
Observations

Datation incertaine. Manuscrit, un volume in-fol. de 7 cahiers cousus formant 220 pages (trace de reliure).

Trois procès pour crimes de lèse-majesté, réunissant procès-verbaux d’interrogatoires et de supplices et arrêts de la cour.

On trouve le même regroupement de procès dans des copies conservées à la Bibliothèque Nationale (collection de Brienne 192 et collection Bauffremont, n.a.f. 23459).
L’affaire de Louis d’Alagonia sieur de Meyrargues occupe une place prépondérante dans ce recueil (112 pages). Meyrargues, gentilhomme de Provence, fut convaincu d’avoir conspiré pour livrer le port de Marseille aux Espagnols : le 6 décembre 1605 la Cour de Parlement arrêta qu’il serait « decapité sur un échaffaut qui sera pour cet effet dressée en la place de Grève, son corps mis en quatre quartiers et attachés à potences qui seront plantées aux quatre principales portes de cette ville, sa teste portée en la ville de Marseille et mise au bout d’une lance sur la principale porte de laditte ville ». En outre, la Cour ordonne que « Lagonia sera apliqué à la question pour sçavoir par sa bouche la vérité de ses complices »…

Les interrogatoires et le jugement de Ravaillac, convaincu de parricide sur « la sacrée personne du feu Roy de France et de Navarre Henry le Grand », occupent 59 pages du manuscrit. Le supplice de l’assassin commença après lecture de sa condamnation : « Appliqué à la question des brodequins et le premier coin mis s’est écrié que Dieu eût pitié de son âme, luy fit pardon de sa faute, et non pas d’avoir recelé personne, ce qu’il a reitéré avec mêmes denégations comme il a été interrogé. Mis le deuxieme coin, a dit avec grands cris et clameur, je suis pécheur, je ne scai autre chose par le serment que j’ay fait et doit à Dieu et à la Cour (…). Mis au bas des pieds le troisieme coin est entré en sueur universelle comme pâmé, luy ayant été mis du vin à la bouche, ne l’a receu la parole luy faillante, a été relaché, et sur luy jetté de l’eau puis fait prendre du vin, la parole revenue a eté mis sur un mattelas au même lieu, où a eté jusqu’à midy que la force reprise, a eté conduit à la chapelle par l’executeur qui l’a attaché et mandez les docteurs Filesac et Gamaches »… Ayant persisté à nier toute complicité, Ravaillac est tiré de la chapelle sous les huées et les injures des autres prisonniers ; les archers et officiers du Roi doivent le protéger contre l’hostilité de la foule devant la Conciergerie, devant l’église où il fit amende honorable, et encore en route à la Grève.

Ravaillac monte sur l’échafaud : « Le feu mis à son bras tenant le couteau s’est écrié à Dieu et plusieurs fois dit Jesus Maria, par apres tenaillé il a réiteré les cris et prieres faisant lesquelles plusieurs fois admonesté à reconnoître la verité, n’a dit que comme au précedent (…), puis avec intervalle, le plus fondu et huille jetté sur les playes où il avoit été tenaillé a continué fort hautement ses cris (…) dit-il, n’y a que moy qui l’aye fait. Fait tirer les chevaux environ demie heure, par intervalle arrétez, enquis et admonesté a perséveré en ses denégations, et le peuple de toutes qualitez qu’ils étoient proche et loin, continué ses clameurs et temoignages de ressentimens du malheur de la perte du Roy, plusieurs mis à tirer les cordes avec telle ardeur, que l’un de la noblesse qui étoit proche a fait mettre son cheval au lieu de l’un de ceux qui étoit recrû, et enfin par une grande heure tiré sans être demembré, a rendu l’esprit, et lors demembré le peuple de toutes qualités se sont jetté avec épées, couteaux, battons, et autres choses qu’ils tenoient, à fraper, couper, dechirer, les membres ardemment mis en divers pièces, ravis à l’executeur, les trainant qui çà qui là par les rües de tous côtez avec telle fureur que rien ne les a pû arréter et ont eté brûléz en divers endroitz de la ville »…

L’affaire de Balthazar Flotte, comte de La Roche, est plus obscure, mais de moindre importance (48 pages du manuscrit). Ayant servi Henri IV, puis le duc de Savoie, La Roche trahit Louis XIII en faisant assassiner un prêtre italien, agent secret du Roi : La Roche, « criminel de lèze Majesté », fut condamné à avoir la tête tranchée en place de Grève, « le corps et teste portéz à Montfaulcon », et ses biens acquis au Roi…

Notice extraite du catalogue Philippe Zoummeroff. Crimes et châtiments (livres - manuscrits - photographies - dessins), Pierre Bergé & Associés, 2014.

Mots-clés
supplices procès-verbaux Ravaillac (François) Henri IV (1553-1610 ; roi de France) interrogatoire parricide régicides lèse-majesté Flotte (Balthazar) Alagonia (Louis) conspirations Provence (France)