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6.2 L’implication personnelle de tous. Réussir le pari du « pourquoi pas ? » (1993)

6.2 L’implication personnelle de tous. Réussir le pari du « pourquoi pas ? »
Titre complet
L’implication personnelle de tous. Réussir le pari du « pourquoi pas ? »
Source
AH-PJM

Journées d'études « En 1968 à Bourges, du Bon Pasteur au complexe éducatif » (21 et 22 octobre 1993)

Plusieurs participants du film expliquent qu’ils avaient pour but de « faire marcher l’établissement », sans le « droit d’échouer », pensant que toute l’Éducation surveillée se servirait ensuite de l’expérience de Bourges comme exemple. Il fallait donc que l’expérience soit probante, ce qui nécessitait un investissement fort, une implication personnelle de chacun pour porter le projet d’établissement et rentrer dans le pari totalement innovant du « pourquoi pas ? » de la direction. En effet, toute suggestion (ou presque) était accueillie a priori d’un avis favorable qui s’exprimait par la question « pourquoi pas ? », reprise en chœur ensuite... Bien sûr il fallait aussitôt examiner les avantages et inconvénients de la proposition et évaluer sa faisabilité, mais en pratique de nombreuses suggestions faites par les uns et les autres ont été suivies de leur mise en œuvre, permettant des actions innovantes avec souvent un résultat prometteur. Les cadres donnaient l’exemple de l’investissement nécessaire en logeant sur place, comme le faisaient les Sœurs (ce qui permettait d’apporter la même sécurité), en s’impliquant au plan personnel et aussi familial (participation des familles), ce qui était indispensable explique Pierre Pegeon, chef de service éducatif, pour la sécurité psychologique des jeunes. Cette obligation de s’impliquer ne convenait pas à tout le monde ; il y a eu des départs de personnels ne supportant pas cette pédagogie exigeante et instable.

L’établissement bénéficiait de mesures globales de placement, à charge pour lui de rendre régulièrement des comptes aux juges des enfants. Cette pratique judiciaire exceptionnelle permettait une grande souplesse dans la pratique éducative et une réelle mobilité dans la prise en charge des jeunes filles, au fur et à mesure de leur évolution. Tout le dispositif de prise en charge commençait par une séquence d’accueil-orientation, construite comme la rencontre d’une personne nouvelle traitée « sur un mode très individuel ». Cette approche se voulait dynamique et constructive, tournée vers l’avenir. En 1970, en secteur d’accueil, on compte 41 filles pour 580 journées d’accueil, soit 14 jours/jeune, selon Pierre Pegeon.

Par contre on déplore la rigidité administrative d’alors pour rémunérer des activités, alors « qu’on avait la chance que le Bon-Pasteur soit implanté dans la cité » ce qui permettait d’inscrire les filles dans la production de la cité. Monique Cassonnet, professeur technique, regrette qu’on ait abandonné les ateliers de production pour les filles qui n’avaient pas de qualification.

Enfin, Jean-Charles Fabre témoigne que l’expérience de Bourges, à ses débuts, a suscité une grande curiosité dans le milieu professionnel. Mais cet intérêt a ensuite eu un effet inattendu, l’expérience ayant été perçue parfois comme dangereuse ailleurs, sur le mode : « Surtout tu ne fais pas comme à Bourges ! ». Il témoigne que cette image l’a personnellement desservi ensuite dans sa carrière professionnelle, constituant même « un handicap ».

Divers autres points sont abordés dans les échanges dont celui de trouver des sanctions adaptées (la sanction est valable quand la relation existe, « sinon c’est une brimade »), et celui de la circulation de l’information concernant les décisions pédagogiques individuelles prises par l’encadrement ou les référents.

 

Articles et rapports

- Andrée Algan, L’établissement de Bourges, rapport d’étude, Vaucresson, décembre 1967, 37 p. [Consulter le document]

- Andrée Algan, L’établissement de Bourges, complément d’étude, Vaucresson, janvier 1968, 7 p. [Consulter le document]

- Lucien Prétot, Rapport d’inspection sur l’ipes de Bourges, Mission du 11.12 au 18.12.69, direction de l’Éducation surveillée, 12 janvier 1970, 16 p. [Consulter le document]

- Lucien Prétot, Rapport d’inspection sur l’ipes de Bourges, Mission du 21.1 au 30.1.70,  direction de l’Éducation surveillée, 30 avril 1970, 41 p. [Consulter le document]

- Renée Prétot, Une hypothèse de travail : le complexe éducatif, Les Annales de Vaucresson, n° 11, 1973, p. 9-24.

 

Claire Dumas et Gisèle Fiche

 

Pour en savoir plus, voir la présentation de la journée d'étude et de ses 9 séquences vidéos.

Mots-clés
Éducation surveillée Bourges (Cher, France) congrégations religieuses Bon Pasteur institutions publiques d'Éducation surveillée (IPES)